Va-t-on vers une refondation en profondeur du système politique sénégalais ? La réponse est affirmative au vu de l’objectif du dialogue national qui débute le 28 mai prochain sur le thème « le système politique ».
Réforme du système électoral, statut de l’opposition, rationalisation des partis politiques, encadrement du financement du parti politique, les débats porteront sur ces points.
Toutefois, il faut dire que toute l’opposition ne répondra pas à l’appel du Président de la République Bassirou Diomaye Faye. Pour cause, le parti République des Valeurs/Réewum Ngor, dirigé par Thierno Alassane Sall, a déjà décliné son invitation.
Après sa convocation des Assises de la Justice autour du thème « la Réforme et la modernisation de la Justice » en mai 2024, le Président de la République appelle au dialogue national du 28 mai au 4 juin prochain avec comme facilitateur le Dr Cheikh Dieng. Axées sur « le système politique », ces concertations nationales visent à réconcilier les Sénégalais avec leurs institutions, à renforcer le consensus national mais aussi à pacifier la situation politique.
C’est pourquoi, elles sont appelées à réunir toutes les composantes de la société : opposition, acteurs de la société civile, partenaires, représentants des secteurs socioprofessionnels, chefs coutumiers et traditionnels, citoyens…
Les participants au dialogue national se pencheront ainsi sur plusieurs points, invitant à des réformes profondes et durables du système politique sénégalais. Il s’agit d’abord de « réformer et améliorer le système électoral sénégalais », de « donner un contenu au statut de l’opposition et de son chef », de « débattre de l’inscription automatique sur le fichier électoral », de « réviser le système de parrainage ».
Ils vont également « examiner le rôle des autorités en charge des élections et des médias », « débattre de la place de la justice dans le processus électoral », « rationaliser le calendrier républicain au Sénégal ».
Dans la même mouvance, il faut noter que « La rationalisation en profondeur les partis politiques », « l’encadrement du financement des partis politiques » et « la révision du Code électoral sénégalais », seront aussi au cœur des discussions.
Du renforcement de la Primature à la mise en place d’une Cour constitutionnelle
La consolidation et l’augmentation des pouvoirs du Premier ministre pourrait aussi être un sujet de fond pour les acteurs du dialogue politique. Face à la presse le 3 avril dernier, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye avait exprimé son souhait pour le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, comme il l’avait annoncé dans son programme électoral.
« Je préfère avoir un pool de décisions avec le renforcement des pouvoirs du Premier ministre.
Je ne veux pas être un Président vers qui tout remonte. Je veux davantage être aidé, pour plus d’efficacité et d’efficience. Cela ne me dérange pas d’avoir un Premier ministre renforcé. Je ne m’efface pas, c’est que je ne veux pas trop embrasser », avait-il déclaré.
Aussi, a-t-il ajouté : «On réfléchit sur la répartition des pouvoirs au sein de l’exécutif. On travaille sur cela. Et le moment venu, on va réfléchir sur comment tout mettre en œuvre. Il y a aussi la recommandation de la Cnri sur la mise en place d’une Cour constitutionnelle.
On migre sur une nouvelle organisation institutionnelle », a-t-il déclaré.
En plus de « l’instauration d’un pouvoir exécutif responsable et la réduction des prérogatives proéminentes du président de la république », Bassirou Diomaye Faye, alors candidat à l’élection présidentielle, avait annoncé la création d’une Cour constitutionnelle » en lieu et place d’un Conseil constitutionnel, la « réforme des institutions et du système électoral pour améliorer l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la démocratie participative ».
Cependant, il faut dire que toute l’opposition n’assistera pas au dialogue national qui débute le 28 mai prochain.
Pour cause, le parti République des Valeurs/Réewum Ngor, dirigé par Thierno Alassane Sall a déjà décliné l’invitation. Il estime que « les conditions d’un dialogue utile et sincère ne sont pas réunies ».
« Le processus annoncé pour le 28 mai 2025 ressemble davantage à une opération de communication politique, dont les conclusions semblent déjà écrites par le régime qu’à une véritable concertation nationale », lit-on dans le communiqué du parti République des Valeurs/Réewum Ngor. Quant au Front pour la défense de la démocratie et de la république (FDR) qui réunit plus de 70 formations politiques d’opposition, il pose ses conditions.
Il dit qu’il ne cautionnera « aucun dialogue-subterfuge visant à couvrir un transfert anticonstitutionnel du pouvoir exécutif à un Premier ministre super-fort ».
Pour l’Alliance pour la République de l’ancien Président de la République Macky Sall, aucune position officielle n’est encore officialisée.
sudquotidien