Face à la grande menace que constituent les épidémies comme le Covid-19, qui a fait des ravages au Sénégal et dans le monde, et la présence ces derniers temps dans notre pays de l’épidémie chikungunya, il y a lieu d’organiser la riposte en prenant en compte plusieurs dimensions liées à la prise en charge de ces épidémies comme l’approche anthropologique pour lutter contre les stigmatisations.

D’où la tenue depuis lundi d’un atelier sur l’anthropologie des épidémies émergentes au Sénégal.

Un atelier sur l’anthropologie des épidémies émergentes se tient depuis lundi à Dakar pour une durée de cinq jours. Cette rencontre, organisée par le Centre régional de recherche et de formation pour la prise en charge clinique de Fann (Crfc), avec l’appui du Réseau anthropologie des épidémies émergentes (Raee), l’Ird, l’Irss et Lped et de l’équipe de Trans­vihmi, vise à outiller les professionnels de santé publique, communautaires et le secteur humanitaire pour comprendre et analyser les dimensions sociale, économique, culturelle, environnementale, sanitaire et politique liées aux épidémies émergentes.

«C’est une mesure de santé publique, elle s’applique en tenant compte de beaucoup de choses. Ce sont vraiment des stratégies pour humaniser, pour écouter les gens, pour leur faire comprendre les mesures de santé publique. Elles s’appliquent en tenant compte du contexte local, des valeurs locales, du contexte économique, mais aussi de l’organisation des soins de santé et des communautés.

C’est pourquoi les anthropologues travaillent conjointement avec les communautés, les représentants communautaires, mais aussi avec les professionnels de santé», argumente Dr Khoudia Sow, médecin, socio-anthropologue-chercheure, lors d’une conférence de presse co-animée avec ses autres collègues venant d’autres pays et qui s’est tenue lundi au siège du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls).

«Vous savez que nous avons fait face à plusieurs épidémies notamment, et la dernière, c’est celle d’une grande ampleur en tout cas pour le Covid, et nous faisons face au Sénégal en ce moment, à une épidémie du chikungunya, et les épidémies liées aux maladies infectieuses se multiplient, et nous sommes dans une période où la menace épidémique est de plus en plus importante.

Donc cette formation, c’est pour partager des connaissances de l’anthropologie des épidémies avec un public opérationnel qui est en charge de la préparation et de la riposte des épidémies au niveau des systèmes de santé, mais également au niveau des différents programmes, au niveau de la Société civile.» Elle enchaîne : «Nous avons l’Ancs, la Croix-Rouge…

Des profils différents dans six régions, nous avons les représentants de Tambacounda, de Kédougou et d’autres régions qui sont là avec nous pour partager et échanger des connaissances autour de l’anthropologie des épidémies pour leur transmettre tout le savoir que nous avons tiré des leçons de la gestion des épidémies précédentes, pour qu’ils puissent préparer les ripostes et mieux renforcer leurs capacités sur la compréhension des dimensions sociales liées à l’épidémie», souligne-t-elle.

Dans son argumentaire, elle cite l’exemple du patient guinéen atteint d’Ebola, qui a été ici hospitalisé au Service des maladies infectieuses. «Nous avons assisté immédiatement à un réflexe de discrimination en disant qu’il est responsable de l’épidémie au Sénégal.

Nous, en tant qu’anthropologues, la première des choses que nous avons faites, est que nous sommes allés le voir et nous l’avons écouté. Il nous a raconté son histoire et nous avons compris ce qui s’était passé. Et ayant compris ce qui s’était passé, qu’est-ce que nous avons fait ? Nous avons partagé avec les autorités, qui ont pu comprendre ce qu’il fallait éviter pour ne pas aller vraiment dans une situation de discrimination, de stigmatisation d’une population», explique Dr Sow.

Aujourd’hui, il est crucial de travailler sur l’humanisation des soins. Ce qui permet de balayer les clichés et les stigmatisations. «Qu’est-ce que l’épidémie montre ? L’épidémie, ce qu’elle montre notamment, on l’a connu avec l’épidémie du Vih, avec celle d’Ebola et puis ensuite avec le Covid. Les mesures de santé publique, pour qu’elles soient applicables, il faut qu’elles ne causent pas d’effets péjoratifs, et ça c’est important», expose Dr Khoudia Sow.

Elle ajoute : «Les soins et dispositifs de santé publique que vous mettez en place doivent être compatibles avec les valeurs, avec la dignité, notamment pendant les décès, lors de rites funéraires, mais aussi simplement dans les messages, et ce que nous essayons de faire comprendre aux acteurs de santé publique, parce que la santé publique, vous savez, c’est très simple : c’est une stratégie qui dit «restez chez vous, respectez la distanciation sociale…» Mais quand vous dites «restez chez vous» à des individus, il faut leur garantir leur salaire tous les mois», appuie-t-elle.

lequotidien

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Un commentaire

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