L’Association des aviculteurs indépendants du Sénégal (Aavis) a marché hier, dans les rues de Thiès, avant de déposer un mémorandum à la Préfecture de Thiès. Elle exige du gouvernement des mesures urgentes pour sauver le secteur avicole qui traverse des difficultés liées à la cherté et à la mauvaise qualité de l’aliment de volaille.
Et de deux pour les aviculteurs membres de l’Association des aviculteurs indépendants du Sénégal (Aavis) ! Après la journée de rassemblement national organisée en février dernier, ces derniers ont bravé hier la forte chaleur qui régnait dans la Cité du Rail en organisant une marche pacifique pour réclamer des mesures urgentes, afin de sauver le secteur avicole qui traverse une crise. Ils ont dénoncé la cherté et la mauvaise qualité de l’aliment de volaille.
«Le secteur avicole est menacé. Il traverse de très sérieuses difficultés. C’est pourquoi nous demandons des mesures urgentes pour le sauver», disent-ils. Car aux yeux de Pape Aly Diallo, membre de ladite association, «l‘heure est grave. Il est presque impossible de mesurer les difficultés du secteur et on a comme l’impression que derrière les éleveurs, il n’y a pratiquement personne».
A l’origine de la crise dans le secteur de l’aviculture, M. Diallo cite : «La crise sanitaire liée au Covid-19 que le pays a traversée, qui a fragilisé le dynamisme de la filière, mais également l’apparition d’une grippe aviaire H5 l’année dernière, dans un contexte économique de plus en plus difficile pour les acteurs de la filière.»
Conséquence : «Les fabricants de provendes, à la surprise générale, ont annoncé une hausse de l’ordre de 15% du prix de l’aliment de volaille.» Et l’aviculture de regretter que depuis lors, «le prix de l’aliment n’a cessé d’augmenter. Ce qui a fortement impacté le prix du poulet ainsi que celui de l’œuf».
Pis ajoute-t-il, «l’aliment volaille et le poussin se font rares dans presque tout le pays et même les remises de 5% sur l’aliment, qui ont été accordées à certains producteurs, sont maintenant annulées», s’étrangle Pape Aly Diallo selon qui «cette situation sur l’aliment résulte du fait que la quasi-totalité des matières premières qui entrent dans la fabrication des aliments est importée. Et avec le contexte économique mondial actuel, l’approvisionnement en matières premières est devenu très difficile pour les provendiers, provoquant un renchérissement des coûts d’acquisition».
Par conséquent, «les accouveurs enregistrent des pertes énormes, faute de voir un acquéreur à cause de la rareté de l’aliment».
Ainsi face aux nombreuses difficultés que rencontre la filière avicole, beaucoup d’éleveurs, s’offusque-t-il, «ont jeté la clé et de très nombreux poulaillers ont fermé, entraînant ainsi des pertes d’emplois importantes». Et M. Diallo de dénoncer la «démarche solitaire sur l’augmentation du prix de l’aliment par le collège des provendiers qui pourtant offre un cadre privilégié pour le dialogue entre acteurs».
Et d’inviter l’Etat à «mener des réflexions pour la mise en place d’un programme de production de matières premières pour éviter l’importation, qui est souvent à l’origine de la hausse des prix».
Surtout qu’estime-t-il, «le chiffre d’affaires réalisé par la filière en 2018 s’élève à près de 150 milliards de francs Cfa, parce que les acteurs ont consenti des investissements de l’ordre de plusieurs centaines de milliards de francs Cfa et sont ainsi arrivés à assurer l’autosuffisance du Sénégal en poulets et œufs de consommation»
Le Quotidien