Contrairement à ceux qui jugent que le Sénégal régresse en matière de respect des droits humains et des libertés publiques, le Mcc américain estime de son côté, que la Bonne gouvernance de manière générale est l’un des points forts de la politique menée à ce jour dans ce pays.
Au moment où la gouvernance du Président Macky Sall est mise à mal sur toutes les plateformes internationales, au moment où il est devenu courant de voir le classement du Sénégal revu à la baisse en ce qui concerne le respect des droits humains, la liberté de presse, la lutte contre la corruption et même la transparence dans la gestion des ressources publiques, le chef de l’Etat reçoit un gros réconfort de Wa-shington, aux Etats-Unis d’Amérique.
En effet, la revue du Millenium challenge compact 2 (Mcc2), effectuée au mois de novembre dernier pour l’année fiscale à venir, a estimé que le Sénégal a été performant sur 16 des 20 indicateurs d’éligibilité au financement du Mcc. En d’autres termes, le Sénégal reste éligible pour la poursuite de son Mcc, ainsi que pour d’autres dans lesquels il pourrait être sélectionné.
Si l’on en parle aujourd’hui, c’est tout simplement parce que les vingt critères d’éligibilité du Mcc sont regroupés dans 3 indicateurs majeurs.
Le premier porte sur la Bonne gouvernance, qui comprend 6 critères, qui sont «les droits politiques, les libertés civiques, la lutte contre la corruption, l’efficacité du gouvernement, le respect de l’Etat de Droit et la liberté de la presse». Le second indicateur comprend 8 critères qui portent sur «la politique budgétaire, le taux d’inflation, la qualité de la réglementation, la politique commerciale, la promotion du genre dans l’économie, les droits fonciers, l’accès au crédit et les opportunités d’emploi».
Enfin, le troisième indicateur comprend, lui, 6 critères qui sont «le taux de vaccination, les dépenses publiques de santé, les dépenses publiques pour l’éducation primaire, le taux d’achèvement de l’éducation primaire des filles, la protection des ressources naturelles et la santé des enfants». Et comme dit plus haut, sur les 20 critères, il n’y en a que 4 où la Sénégal n’a pas atteint le niveau de performance requis.
Et ce n’est pas nécessairement où l’on aurait pu s’y attendre dans le contexte actuel.
L’ambassade des Etats-Unis à Dakar, qui a transmis la note d’évaluation au gouvernement depuis le début du mois de novembre dernier, s’est fortement félicitée de voir que le Sénégal a fortement amélioré ses performances par rapport aux deux années précédentes.
Ainsi, sur la lutte contre la corruption, le Sénégal obtient le score très élevé de 98%. Pourrait-on dire que le Mcc fait un pied de nez à Transparency International, dans les notations, pour qui le rang du Sénégal ne fait que dégringoler d’année en année ?
De même, que dirait Civicus, qui a dégradé le Sénégal en lisant que, s’agissant des «Libertés civiles» et des «droits politiques», le Sénégal caracole avec respectivement 96% et 93% ?
Les seuls points, où les Américains trouvent à redire, concernent «la politique fiscale de l’Etat», la «politique de genre dans l’économie», les «droits fonciers et accès à la terre», et surtout, le «taux d’achèvement de l’éducation primaire chez les filles».
Sur ce dernier point, le Sénégal a fortement régressé d’une année à l’autre, en chutant de 24 points de pourcentage. Les spécialistes tentent d’expliquer ce fait par, notamment, le nombre insuffisant des enseignants dans les zones rurales, le taux de déperdition élevé des filles au niveau primaire, ainsi que les mariages précoces.
En ce qui concerne le déficit budgétaire, qui ne cesse de se creuser, il s’expliquerait par le taux d’endettement du pays et les politiques de subvention de certains produits de consommation, sans compter les politiques d’investissement de l’Etat, qui s’accentuent.
Pour les problèmes fonciers, ils ne changent pas, alors que les politiques liées au genre dans l’économie s’améliorent, même si ce n’est pas à un rythme aussi rapide que souhaité.
Pour souligner l’importance de cette notation, il convient de souligner que le Millennium Challenge Corporation est un organisme qui a été désigné pour financer des programmes de lutte contre la pauvreté dans certains pays, qui répondent à des critères fixés par le gouvernement américain.
Pour être sélectionné, un pays doit d’abord être classé dans les pays pauvres ou à revenus intermédiaires, selon les critères de la Banque mondiale.
Il faut être jugé aussi éligible aux financements du gouvernement américain. Cette étape franchie, il faudrait que le pays satisfasse aux 20 critères détaillés plus haut. Ces critères sont révisés chaque année, au mois de novembre, pour que le Conseil d’administration du Mcc puisse déterminer si un pays répond toujours aux conditions imposées.
Si le classement du Sénégal est enviable pour le moment, les observateurs estiment que des efforts doivent être faits pour que les faiblesses qui ont été notées à ce jour soient en voie de correction. Car à la longue, cela pourrait être préjudiciable.
lequotidien