’Dans la main de Dieu’’, premier livre d’Annie Coly Sané, proviseure à la retraite, se veut ‘’un hymne aux soignants’’ par lequel l’auteure raconte son retour à la vie, guidée par la foi après le terrible accident d’hélicoptère de l’Armée sénégalaise survenu le mercredi 14 mars 2018 dans la mangrove de Missirah, au sud-ouest de Toubacouta, dans la région de Fatick.
L’ouvrage de 171 pages est écrit sous la forme d’un journal et sur la base d’une chronologie des faits. Il a été publié chez ‘’L’Harmattan Sénégal’’, six ans jour pour jour après cet accident.
Dans un entretien à l’APS dans le cadre de la célébration de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, l’auteure précise que c’est un choix personnel par lequel elle a voulu marquer cet anniversaire.
‘’Ce livre est un retour à la vie parce qu’on se rend compte que ce sont des mourants qu’on a ramenés à l’hôpital Principal de Dakar pour leur administrer les premiers soins’’, considère-t-elle.
Elle dit avoir passé quinze jours à l’unité des soins intensifs chirurgicaux de cet hôpital, à ‘’se faire retaper’’ et tenter de redonner espoir à ses proches.
Annie Coly Sané dit aussi avoir séjourné pendant deux mois au service ‘’Ortho 2’’ de l’hôpital Principal pour réparer ses membres brisés.
Elle rappelle qu’à sa sortie, elle a passé 15 jours dans une maison où elle a réappris à respecter les heures de réveil, de sommeil, de repas et à s’exercer à s’asseoir, car étant encore restée alitée.
‘’Puis, il faut tourner la page, aller à la messe, reprendre le boulot, aller aux séances de kinésithérapie, etc.’’, poursuit-elle.
Ce livre qu’elle considère comme ‘’un exutoire’’ est, dit-elle, ‘’un hymne aux soignants’’. Elle y raconte son expérience de l’hospitalisation, depuis le premier jour où les survivants du crash de l’hélicoptère ont été évacués vers l’hôpital Principal.
Elle parle de la souffrance, de l’attention de ses proches, mais aussi, et surtout, de l’attitude de ses enfants, de son homme, de la disponibilité de ‘’sa sœur de cœur’’, Mame Sagna.
Elle n’oublie pas les parents d’élèves et les élèves, qui ont prié pour elle, sa reconnaissance au président Macky Sall, qui a pris en charge financièrement les victimes de ce crash, sa rééducation et son retour à la vie normale.
L’écriture du livre ‘’Dans la main de Dieu’’ est partie des notes prises par son fils pendant les quinze premiers jours de son hospitalisation. N’ayant pas accès à sa mère en soins intensifs, Fiacre décide de prendre des notes sur tout ce qui se passait autour d’elle.
‘’Dès ma sortie de l’hôpital, il [mon fils Fiacre] m’a montré ses notes consignées dans un carnet. Je l’ai photographié en cachette, car il a voulu les détruire pour ne pas me faire souffrir. C’est à partir de là que j’ai commencé à consigner tout ce qui me plaisait et déplaisait dans cet hôpital’’, raconte l’écrivaine professeur de français à la retraite.
Annie s’est mise dans la peau de tous les malades alités pour regarder le monde à partir de son lit.
Mais, en aucun moment, Annie Coly Sané, ‘’la rescapée’’, ne raconte dans le livre ce crash qui a fait huit morts et douze rescapés. ‘’Je ne me souviens pas du crash, je m’étais endormie avant même que l’hélicoptère ne s’élève’’, explique-t-elle.
La foi au centre de cet ouvrage
Le titre du livre ‘’Dans la main de Dieu’’ renvoie à la foi, la prière, la spiritualité, qui sont au centre de ce journal, mais aussi ‘’au cœur de la vie de l’auteure qui dit s’être sentir bien entourée et a voulu le dévoiler.
‘’J’ai senti cet appel, le fait que les gens se tournent vers Dieu, cela m’a enveloppée et soulevée. Je ne pouvais pas prier dans ces moments, mais j’avais confiance à la prière d’autrui, surtout celles de mes petits-enfants, mes petits élèves. J’ai été très touchée […]’’, témoigne Annie Coly Sané.
Elle déclare que ce livre est aussi tournée vers ‘’la fragilité de l’être humain’’, affirmant qu’’’il faut toujours nous souvenir que nous sommes poussière et nous retournerons poussière’’.
‘’Il faut toujours nous souvenir que pour nous soigner, encore plus pour guérir, il nous faut toujours compter sur autrui et sur Dieu’’, lance-t-elle.
Cet ouvrage “est un hymne à la résilience spirituelle, morale, physique’’, estime le préfacier, le médecin colonel Mouhamadou Mansour Fall, chef du service de l’unité des soins intensifs et chirurgicaux à l’hôpital Principal.
Il constitue ‘’un régal littéraire avec cette capacité d’extérioriser des sentiments douloureux de manière sublime par la plume et parfois à les tourner vite en dérision avec un humour déroutant traduisant votre humour et votre foi’’.
Il est aussi ‘’un rappel fort du devoir d’engagement, de respect et d’empathie de l’acteur de santé vis-à-vis des patients et de leurs familles’’, ajoute le médecin militaire.
L’auteur, qui a pris goût à l’écriture, promet d’autres ouvrages. Elle annonce la présentation de son premier livre au mois de juin prochain.
aps