Le fond des abîmes semble être aujourd’hui le sentiment de beaucoup de Sénégalais au regard des réactions qui fusent de partout suite à l’émergence de certaines figures matérialisant et incarnant désormais la représentation nationale et engageant de fait toute une Nation.
Assurément le brusque réveil est hélas tardif. Force doit être de reconnaître que le Génie propre et créateur du Peuple s est dilué lentement, progressivement mais inexorablement.
Le Sénégal jadis précurseur d’une certaine démocratie en Afrique et symbole de l’intelligentsia sous le prisme post colonial n’a pas su maintenir le cap.
Un passé avant gardiste incontestablement glorieux porté par de figures emblématiques, de valeureux combattants de la liberté, de la dignité, du désintéressement qui se sont affirmés et illustrés à l’aube des indépendances s’effondre.
Viennent à l’esprit les impulsions ayant abouti à la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine, à l’adoption de la Charte Africaine des droits de l’homme et des Peuples pour ne citer que ces exemples.
La précocité intellectuelle s’est ankylosée au point de céder le pas à un obscurantisme des plus ténébreux.
Viennent aussi à l’esprit ces nombreux intellectuels et personnalités qui ont été à la tête des organisations Internationales les plus prestigieuses du Monde.
Sous l’angle anthropologique l’homo Sénégalais s’est métamorphosé humainement, socialement, culturellement.
Le nécessaire débat sur le légitime et l illégitime n’est plus éprouve et est même escamote au profit d’une rationalité stratégique.
La recherche de l’immédiateté est valorisée au détriment de l’éthique et de la morale, de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Il n’y a plus de référents communs.
Du point de vue de la République d’institutions fortes et de pratiques quasi stéréotypées nous sommes passés à une ère de désinstitutionalisation avec des paramètres aussi insaisissables que compressibles.
Quoi de plus normal que l’espace public Sénégalais pris indifféremment soit sous l’angle d’un Emmanuel Kant ou d’un Habermas ne soit plus un usage public de la raison, un espace de discussion de questions d’intérêt commun, de médiation, de circulation des idées et des opinions comme dimension constitutive d’une société efficiente et résiliente.
Me Assane Dioma Ndiaye avocat à la cour
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