À Guinaw-Rails Sud, où réside la famille de l’étudiant Matar Diagne, l’incompréhension domine après l’annonce de son décès, présenté comme un suicide. Les épreuves ont été nombreuses pour cette famille. « C’est difficile à expliquer », confie Mamadou, l’un des frères de Matar, préférant garder une certaine pudeur sur les détails.
Toutefois, il admet, dans les colonnes de L’Observateur que la vie de son jeune frère a pris un tournant en 2011, lorsque leur mère a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), lui laissant de lourdes séquelles.
Pointant du doigt une chambre entrouverte, il ajoute avec émotion : « C’est elle. » Dans cette pièce, leur mère, le dos courbé, semble plongée dans ses pensées, marquée par le drame qui vient de frapper sa famille.
« Il ne s’est jamais plaint d’aucune maladie »
L’entrée de Matar à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis n’a rien changé à son caractère. « Il était discret, studieux et très pieux », témoigne son grand frère Babacar. « Il s’était entièrement consacré à la religion. Il ne manquait jamais une prière et avait toujours son chapelet à la main.
Il était aussi très casanier. Peu de nos voisins le connaissaient. »
Babacar rejette fermement l’hypothèse de la maladie avancée par Matar dans sa lettre d’adieu. « Cela nous surprend sincèrement. Peut-être qu’il le vivait seul, mais jamais il ne s’est plaint d’aucun problème de santé. La seule chose qu’on lui connaissait, c’étaient des maux de dents récurrents, rien de plus. »
Sa dernière visite chez lui à Guinaw-Rails
La dernière fois que Matar est rentré chez lui, c’était pendant les fêtes de fin d’année. Son frère Babacar se souvient parfaitement de ces moments. « Rien ne laissait transparaître une quelconque souffrance chez lui. Plutôt que de sortir faire la fête ou aller à la plage, il a passé tout son temps à la maison, à veiller sur notre mère. »
Malgré ses modestes moyens, Matar contribuait aux soins de sa mère avec l’argent de sa bourse.
« Sa santé fragile, et surtout les conséquences de l’AVC, l’inquiétaient beaucoup, mais il ne le montrait pas. »
Le 2 janvier 2025, il quitte la maison pour retourner à Saint-Louis.
« Je l’ai accompagné à la gare des Baux Maraîchers. Il a pris un véhicule, et à aucun moment son comportement ne laissait deviner qu’il souffrait. »
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