Dans un contexte d’endettement accru qui a fini de peser lourd sur les déficits budgétaires des pays membres de l’UEMOA, et les exigences de la mise en œuvre des politiques de développement, les Etats membres de l’UEMOA font de plus en plus « leur marché » sur la place sous-régionale des adjudications pour lever des ressources. Malgré les secousses, le Marché des titres publics (MTP) animé par UMOA Titres (UT) garde le cap, mais les défis sont de taille.
Les émissions de titres de dette souveraine en monnaie locale sur le marché par adjudications s’avèrent pertinentes pour les pays membres de l’UEMOA, pour lever des ressources afin de financer le développement. La Côte d’Ivoire, locomotive de l’UEMOA qui regroupe les huit pays émetteurs, renforce sa position sur le marché secondaire des Obligations notamment. Dans une moindre mesure, le Sénégal, le Bénin, le Togo suivent dans des proportions plutôt congrues.
Malgré l’évolution positive du marché, celui-ci se heurte encore à la rareté des ressources qui renchérit leur coût et les remboursements se font sur des maturités plus courtes, suscitant un recours soutenu des BAT (Bons Assimilables du Trésor).
En mal de liquidités
La liquidité du marché secondaire permettrait aux investisseurs notamment institutionnels comme les fonds de pension, avec davantage de transactions et une bonne courbe des taux, de faire leur pricing (tarification) et échanger rapidement leurs titres sur le marché. Or, encore restreint à quelque 70 banques et SGI, non seulement le marché secondaire manque de liquidités, mais il n’est pas non plus structuré. Aussi, la stratégie d’achat et de conservation des titres jusqu’à maturité dite de « buy and hold » par les banques, représente un goulot.
Du coup, les émetteurs se contentent de lever du cash sans s’assurer derrière d’une bonne animation du marché secondaire afin de lever à moindre coût sur le marché primaire.
Une base trop étroite
Il s’y ajoute les nombreuses contraintes opérationnelles (capacités de prévision et de gestion de la trésorerie publique, préparation et coordination des émissions notamment) qui continuent d’affecter le développement du marché dont l’absence de profondeur pèse sur l’efficacité des politiques monétaires.
L’absence de plateforme de communication commune, par exemple, empêche un trading efficace avec une bonne visibilité des acheteurs, des prix, des maturités, bref toutes les informations propres à faciliter le trading.
Par ailleurs, les banques, en tant que collecteurs des dépôts, demeurent les principaux intervenants sur le marché avec le risque d’effet d’éviction. Cela pose la problématique de l’élargissement de la base des investisseurs qui passe par la diversification des produits, mais aussi la liquidité du marché ; ceci permettrait par exemple aux compagnies d’assurance, aux caisses de dépôts qui ont des ressources au niveau des banques, d’intervenir directement sur le marché. Ce qui repose la question du dynamisme du marché secondaire.
Malick NDAW
Actu-Economie