Les démangeaisons, ou prurit, sont une sensation désagréable qui oblige à se gratter à un endroit précis ou sur tout le corps. Les plus courantes sont légères et de courte durée, mais le problème peut parfois être grave et difficile à vivre. Les causes sont très variées.

PRURIT OU LE BESOIN DE SE GRATTER

Le prurit cutané, ou démangeaisons de la peau, se définit comme une sensation désagréable qui entraine le besoin de se gratter. C’est un symptôme non douloureux mais qui peut être gênant. Comme la douleur, le prurit est un signal subjectif qui aboutit à une action : celle de se gratter.

Les démangeaisons peuvent être généralisées et se manifester sur tout le corps ou localisées à une zone spécifique de la peau.

Les démangeaisons légères et de courte durée sont courantes et ne causent souvent aucun désagrément. Ce besoin inconscient de se gratter plusieurs fois dans la journée est appelé prurit physiologique.

Elles deviennent toutefois anormales lorsqu’elles sont :

  • responsables de lésions cutanées dites de grattage, suite à un grattement intensif de la peau ;
  • suffisamment gênantes pour inciter à consulter.

Les grattements perturbent alors le quotidien. Quand ce besoin se fait ressentir la nuit, il affecte considérablement le sommeil, et cause fatigue et irritabilité.

Les démangeaisons peuvent être localisées et atteindre les muqueuses : c’est le cas du prurit anal ou du prurit vulvaire en cas de vaginite.

COMMENT NAIT L’ENVIE DE SE GRATTER ?

Le prurit nait dans les terminaisons nerveuses présentes à la surface de la peau, au niveau de récepteurs spécifiques. Il emprunte ensuite les voies habituelles de la sensibilité. Il est ainsi transmis par l’influs nerveus (signal permettant la transmission de messages entre les différentes parties du corps) et par les neuromédiateurs dont les plus importants sont :

  • l’histamine amine naturelle agissant dans les réactions inflammatoires et qui peut jouer un rôle important dans certaines maladies. Le prurit est généralement accompagné par une papule œdémateuse, comme dans l’urticaire. L’histamine peut toutefois ne pas intervenir dans certains prurits. C’est pourquoi les traitements antihistaminiques ne sont pas toujours efficaces ;
  • la sérotonine, substance élaborée par certaines cellules de l’intestin et du cerveau ;
  • la prostaglandine, substance présente dans de nombreux tissus de l’organisme et qui intervient dans plusieurs processus biologiques tels que la contraction de l’utérus ou lors d’inflammation, de coagulation du sang, etc.

L’information de prurit est reçue au niveau d’un récepteur. Elle est transmise aux ganglions sensitifs, puis à la moelle épinière. Elle remonte par voie nerveuse jusqu’au cerveau et active des zones cérébrales sensorielles, émotionnelles et motrices.

Cette activation de zones motrices démontre que le prurit est indissociable du besoin de se gratter. Le cycle de la démangeaison et du grattage se déclenche alors : l’envie de se gratter s’installe et peut être responsable d’un prurit prolongé dans le temps, alors même que la cause des démangeaisons a disparu.

POURQUOI SE GRATTE-T-ON ?

Les raisons de se gratter sont nombreuses. Souvent causées par une affection de la peau, les démangeaisons peuvent aussi être le signe d’autres problèmes.

Dans certains cas, il est toutefois impossible d’identifier une cause spécifique au prurit.

Les maladies de la peau qui démangent

Le prurit peut être provoqué par des affections cutanées telles que :

  • la sécheresse de la peau, ou xérose, surtout les personnes âgées ;
  • l’eczéma atopique, qui débute souvent chez le nourrisson et l’eczéma de contact provoqué par le contact avec un allergène;
  • l’urticaire, qui se manifeste par des plaques rouges en relief ;
  • le psoriasis, responsable de plaques rouges, squameuses, croûteuses et recouvertes de squames argentées ;
  • le lichen plan qui provoque des lésions très prurigineuses (qui démangent) situées sur la paume des mains, la plante des pieds, la face antérieure des poignets, les avant-bras, les genoux et les coudes. Ces lésions ont un relief brunâtre ou violacé, parcouru de stries blanchâtres en réseau. Cette maladie inflammatoire survient de façon récidivante, surtout chez l’adulte ;
  • la dermatite séborrhéique, qui se caractérise par l’apparition de plaques rouges dans le cuir chevelu, recouvertes de pellicules ;
  • la folliculite, inflammation des follicules pilosébacés (le poil et sa racine) ;
  • la dermatite bulleuse, maladie famille responsable de petites ampoules (gonflements remplis d’un liquide clair) apparaissant sur la peau.

Les allergènes, les produits irritants, les médicaments ou les facteurs climatiques

Allergènes et produits irritants sources de démangeaisons

Les produits allergisants sont :

  • certains ingrédients que l’on trouve dans les cosmétiques ou produits capillaires, tels que les conservateurs, les parfums, les durcisseurs pour teintures capillaires et vernis à ongles ;
  • certains métaux, tels que le nickel ou le cobalt utilisé en bijouterie ;
  • le caoutchouc, notamment le latex ;
  • les textiles et, en particulier, les colorants et les résines qu’ils contiennent ;
  • les produits caustiques ou antiseptiques surtout s’ils sont mal rincés ;
  • la laine de verre ;
  • le cannabis. Sa consommation notamment peut provoquer des allergies et, entre autres symptômes, des démangeaisons.

Médicaments pouvant déclencher un prurit

Certains types de médicaments peuvent être en cause, comme par exemple :

  • l’aspirine ;
  • les antibiotiques tels que les bêtalactamines comprenant des dérivés de la pénicilline ;
  • les antipaludéens comme la chloroquine qui permet de prendre en charge le paludisme ;
  • les opiacés utilisés pour lutter contre la douleur ;
  • certains traitements cardiovasculaires, en particulier les antihypertenseurs (bêta-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, sartans), statines, etc.

Facteurs climatiques et envie de se gratter

Des facteurs climatiques peuvent aussi provoquer des démangeaisons :

  • la chaleur. Il est possible de développer une éruption cutanée qui démange dans des conditions climatiques chaudes et humides. En outre, les coups de soleil provoquent des dommages cutanés et assèchent la peau. D’une manière générale, le prurit est augmenté par la chaleur et, à l’inverse, calmé par le froid ;
  • des variations d’humidité et de températures qui provoquent un prurit immédiat après un contact avec l’eau.

Les insectes, les végétaux et les parasites déclencheurs de prurit

Les démangeaisons peuvent être causées par :

  • les piqûres et morsures d’insectes : moustiques, puces, punaises, abeilles, guêpes  ;
  • les poux de tête, du pubis ou du corps ;
  • les piqûres de végétaux, comme les orties ;
  • le contact avec certaines plantes tels que les chrysanthèmes, les tournesols, les jonquilles, les tulipes et les primevères.

Divers parasites provoquant un prurit sont à l’origine de :

  • la gale lié à la présence de la sarcopte qui pénètre sous la peau ;
  • l’ascaridiose ou l’oxyurose (parasitose intestinale qui touche surtout les enfants). Dans les deux cas, le parasite est présent dans le tube digestif ;
  • la trichomonase, infection sexuellement transmissible (IST) lié à la présence de trichomonas vaginalis.

Les infections

Les démangeaisons peuvent être l’un des symptômes d’une infection tels que :

  • les mycoses de la peau dues à la présence de champignons microscopiques qui infectent la peau, les ongles et le cuir chevelu (teigne) ;
  • la varicelle ;
  • le zona. Un besoin de se gratter est associé à des douleurs ;
  • le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ;
  • l’herpès labial.

Les maladies des muqueuses grattent aussi

La mycose vaginale, cause la plus fréquente de la vaginite, l’herpès génital et les mycoses de la bouche (appelée muguet chez le nourrisson) peuvent être sources des démangeaisons.

Un bouleversement hormonal

Chez les femmes, les démangeaisons peuvent parfois être causées par des changements hormonaux qui ont lieu pendant la grossesse et après la ménopause.

Autres problèmes de santé

Le prurit peut être un symptôme d’autres causes :

  • les anémies par carences en fer ;
  • des complications neurologiques (atteinte des petites fibres nerveuses) liées à un diabète ;
  • certaines affections du foie et des voies biliaires (lithiase biliaire, cirrhose, hépatite, cancer du foie, cancer du pancréas…) La cholestase présente dans ces affections provoque d’intenses démangeaisons ;
  • l’hyperthyroïdie ou l’hypothyroïdie ;
  • une maladie rénale chronique ;
  • certaines maladies psychologiques : trouble obsessif-compulsif (TOC), dépression, anxiété, psychose ;
  • certaines maladies du sang telles que le lymphome de Hodgkin (ou cancer du système lymphatique), la maladie de Vaquez qui se traduit par une augmentation anormale du nombre des globules rouges, etc.

Quelles causes faut-il rechercher quand le cuir chevelu gratte ?

Plusieurs raisons peuvent être à l’origine de démangeaisons dans le cuir chevelu. Il peut s’agir :

  • de la présence de poux de tête  ;
  • d’une intolérance aux produits capillaires utilisés ;
  • d’une abondance de pellicules liée à une dermatite séborrhéique  ;
  • d’un psoriasis  ;
  • d’une mycose du cuir chevelu ou teigne ;
  • d’un grattage lié à l’anxiété.

SE GRATTER : QUELLES CONSÉQUENCES ?

Lorsque le prurit est important, il induit des lésions de grattage de la peau sous forme d’excoriations, de stries linéaires ou d’ulcérations de la peau.

Si le prurit dure plusieurs semaines, les lésions cutanées forment un prurigo qui devient chronique et dont l’aspect peut varier. Il peut prendre la forme de:

  • papules, gonflements pleins qui apparaissent sur la peau, souvent surmontés de vésicules, légèrement écorchées ou croûteuses, voire ulcérées ;
  • nodules, gonflements durs, sphériques et bien délimités ;
  • plaques, épaississements de la peau qui deviennent grisâtres, quadrillés et recouverts de fines squames (particules de peau sèche). C’est le phénomène de lichénification.

Lorsque les lésions cutanées viennent à s’infecter, on parle d’impétigo.

Les principales séquelles des démangeaisons sont les cicatrices dyschromiques qui peuvent devenir hyperpigmentées (foncées) ou dépigmentées (blanches).

ameli

Part.
Laisser Une Réponse

Exit mobile version