La deuxième édition du festival féministe «Jotaay ji» s’est déroulée du 27 au 29 septembre 2024 à la Place du Souvenir africain. Organisé par le Réseau des féministes du Sénégal, cet événement de 3 jours a permis de mettre en lumière les luttes féministes et les droits des femmes, en tenant compte de l’intersectionnalité des oppressions.
«L’amour comme acte politique et outil de résistance», tel est le thème de la 2e édition du festival féministe Jotaay ji qui s’est déroulée du 27 au 29 septembre 2024 à la Place du Souvenir africain de Dakar. Organisé par le Réseau des féministes du Sénégal, le festival, selon les organisateurs, se donne pour mission de démocratiser les discussions sur les droits des femmes et de normaliser les prises de position publiques sur les féminismes, en tenant compte de l’intersectionnalité des oppressions.
Ateliers créatifs, projections de films, panels et discussions ont rythmé ces journées consacrées à la santé mentale, la sexualité et la sororité, avec pour ambition de créer un espace inclusif et sécurisé pour toutes les militantes et participantes. «Ce festival permet de recentrer les discussions sur les droits des femmes, mais surtout de créer un espace de soins», a déclaré Laïty Fary Ndiaye, membre du collectif Jama. Pour elle, l’édition 2024 met l’accent sur l’amour, non pas seulement comme sentiment personnel, mais comme un acte politique.
«On veut parler de l’amour entre nous, se faire du bien, prendre soin de nous, les unes et les autres, mais aussi prendre soin de nos camarades dans la société», dit-elle.
Elle poursuit en expliquant que l’amour est ici utilisé comme une arme contre les oppressions, un moyen de se soutenir mutuellement dans une société patriarcale. «Aimer comme acte politique. C’est dire : nous choisissons de nous aimer les unes et les autres, mais aussi de prendre soin de nos camarades dans la société», a-t-elle expliqué.
Laïty Fary Ndiaye insiste sur le fait que la prolifération des mouvements féministes n’est pas seulement un signe de contestation, mais aussi une réponse aux oppressions persistantes.
Selon elle, «il n’y a pas de hiérarchie à faire entre les combats», qu’ils soient liés aux violences faites aux femmes ou à leur sous-représentation en politique. Le but reste le même : militer ensemble pour une société plus juste, en appelant les hommes à «renoncer à leurs privilèges et à lutter à nos côtés pour une société plus juste». A travers le festival, les organisatrices souhaitent ainsi encourager les échanges sur les défis auxquels les femmes sont confrontées au Sénégal.
Une critique du patriarcat
Fatou Kiné Diouf, co-fondatrice du collectif Jama, aborde une autre dimension du combat féministe, à savoir la déconstruction du système patriarcal. Pour elle, la lutte féministe repose sur la critique d’un système qui cantonne les femmes à des rôles subalternes. «Le système patriarcal n’est pas fait pour nous protéger. Il est là pour faire en sorte qu’on ait une place moins importante que d’autres personnes», déplore Fatou Kiné Diouf. Elle précise toutefois que cette lutte n’est pas dirigée contre les hommes en tant qu’individus.
«On parle du système, mais pas des individus. On veut sortir de cette comparaison entre qui souffre le plus, entre l’homme et la femme.
On a dit que c’est le système, changeons-le», a-t-elle fait savoir. Cependant, cette deuxième édition du festival Jotaay ji a également été l’occasion de faire le point sur la place des femmes dans la sphère politique, en vue des prochaines élections législatives. Wasso Tounkara, présidente de l’association Genji, verlan de «Jiguéen», qui signifie «femme» en wolof, a exprimé ses espoirs concernant la représentation féminine dans les prochaines élections.
«On espère qu’on aura beaucoup de femmes sur les listes pour les Législatives, et que la parité sera respectée», dit-elle.
Pour Wasso Tounkara, il est important que les futures élues s’engagent à défendre les priorités et les urgences liées aux droits des femmes. «On espère également que les femmes qui seront intéressées vont choisir de défendre les préconisations premières et urgentes qui concernent les femmes», a-t-elle lancé.
Lequotidien