Dialogue en temps de paix ?
La justice, c’est bien. La discipline, c’est mieux. Ce n’est que dans une société démocratique que la demande de justice peut véritablement s’exprimer. La question institutionnelle soulève davantage de passions qu’il n’apporte de réponse.
En vérité, c’est essentiellement par des comportements promus que les Sénégalais adopteront des conduites permettant de maintenir un ordre particulier. C’est en cela que la discipline est l’œuvre principale de normalisation durable.
Notre nouveau président de la République l’a certainement compris.
Pouvoir adoucissant ou charge imposante. Dans son discours introductif à l’ouverture des assises de la Justice, M. Diomaye Faye a tenté de dépolitiser l’enjeu des conciliabules.
« Nous n’ouvrons pas ici un procès en inquisition pour un ou des coupables », a dit le chef de l’État.
Cette posture responsable se distingue nettement des déclarations incendiaires qui visaient nommément des magistrats, autrefois. Faut-il exiger amende honorable pour les invectives et insultes adressées à ceux qui, jadis, appelaient à la tenue et à la retenue dans les appréciations portées à l’encontre de la justice et de ses acteurs ?
Peine perdue, pour des hommes et femmes situationnistes, la conquête du pouvoir passe pour exigence, ordre et excuse à tordre le cou aux principes, à travestir la réalité de n’importe quel événement, à tambouriner par pur intérêt.
« La vertu du dialogue en temps de paix éloigne le spectre de la tension », renchérit son Excellence.
Cependant, ce n’est pas seulement en temps de paix que le dialogue s’impose en démocratie. Quel que soit le contexte social, le dialogue demeure l’instrument de revitalisation démocratique en dépit des désaccords politiques.
Le président a bien raison de souligner que les élus sont les dépositaires légitimes du pouvoir étatique.
Par conséquent, aujourd’hui comme hier, quand le président Macky Sall appelait au dialogue, ceux qui avaient répondu favorablement avaient vu juste.
C’est également militer en faveur du progrès social que d’auditer notre régime démocratique et ses péripéties des dernières années.
Le régime sortant s’était finalement embourbé dans des forfaitures de toutes sortes.
Néanmoins, l’enjeu de la préservation de l’ordre et de la loi, ou de ce qui en restait, devait prévaloir aux yeux avisés des forces vives. Hélas, le vulgaire objectif électoraliste, du pouvoir comme de l’opposition, avait fini par tasser hors du champ démocratique l’idéal politique d’émancipation des masses et de l’éthique de responsabilité.
Birame Waltako Ndiaye
xibaaru