Le président Bassirou Diomaye Faye doit faire très attention à ses nouveaux amis. Le membre du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) est devenu un élément incontournable au sein de la CEDEAO. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a confié une mission cruciale au compagnon de Ousmane Sonko.
Si le chef de l’Etat ne fait pas attention à cette mission, il tombera dans un piège qui ne sera pas sans conséquence pour lui. Mais aussi pour le Sénégal qui joue son prestige
La CEDEAO donne mandat au Président Bassirou Diomaye Faye pour discuter avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. L’Organisation a exhorté, dimanche, le président à s’engager avec les trois États dirigés par des militaires pour tenter de réunifier la région.
Les termes du dialogue n’ont pas été précisés dans l’immédiat.
Devenu le plus jeune dirigeant d’Afrique après sa victoire au premier tour, Diomaye «a toutes les qualifications requises pour jouer le rôle de facilitateur», a déclaré Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO, lors dusommet.
Les trois pays touchés par le coup d’Etat avaient déjà déclaré la veille lors de leur sommet qu’ils avaient «irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO».
C’est la première fois en près de 50 ans d’histoire que la CEDEAO perd ainsi des membres. Alors, l’Organisation sous régionale a besoin de sang neuf pour ramener ces États qu’elle a contraint à partir. Quoi de plus normal qu’un panafricain comme le PASTEF soit envoyé au front.
Mais ce serait une grosse erreur d’accepter cette périlleuse mission. Le jeune président ne peut en sortir vainqueur. Ou alors, il lui faudra sacrifier beaucoup de choses pour réussir cette prouesse démocratique.
Si les pays membres de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) ne sont pas prêts à retourner dans la CEDEAO.
Les habitants de ces trois pays le sont encore moins. Sur les réseaux sociaux, ils ont vivement réagi à cette nomination de Diomaye. Aucun maliens, burkinabè ou nigériens n’est d’accord pour que leurs États retournent dans cette organisation.
Pire, certains ont déjà prédit l’échec du président Sénégalais.
«Il sait qu’il va venir accuser un échec et une humiliation. Si j’ai un conseil pour ce président c’est de lui dire de servir son peuple au lieu de casser sa tête pour la France car cette France est éternellement ingrate et n’a pas d’amis», a commenté un internaute sur Facebook.
Si le Président accepte de jouer au bon samaritain, comment fera-t-il pour se rendre en Burkina Faso ?
Amnesty avait mis du sable dans les relations entre les deux pays. Le Ministère des Affaires étrangères et des Burkinabè de l’extérieur avait exprimé son regret et son incompréhension face à une manifestation organisée par Amnesty International et la Coalition sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains (COSEDDH) à Dakar le 21 juin 2024. Cette manifestation portait sur des questions internes au Burkina Faso.
Ce qui avait poussé son homologue sénégalais à faire un communiqué pour clarifier la situation.
Cette mission confiée à Diomaye est certes salutaire. Selon le journaliste Thierno Diop, «la diplomatie est une affaire trop sérieuse pour nourrir le prisme déformant d’une quelconque opposition comme le faisait Pastef lorsqu’il cherchait à accéder au pouvoir par tous les moyens». Ce qui est vrai, mais le président Diomaye devrait avoir d’autres chats à fouetter. Le projet n’est toujours pas en mesure de trouver des solutions face aux problèmes des sénégalais.
Alors se mettre à dos les pays de l’AES n’aurait-il pas de conséquences pour les panafricains de Pastef ?
Cette mission confiée à Diomaye a déjà échoué avant d’essayer. Les pays de l’AES ne sont pas prêts à faire marche arrière.
Ces trois pays ont résisté à toutes les sanctions de la CEDEAO. Si l’Organisation sous-régionale était en mesure de régler ce conflit, il ne ferait pas appel au chef de l’Etat. Diomaye est en train d’être mis en mal avec des peuples qui, autrefois, avaient cru au projet. En se lançant sur cette voie, il sera en porte à faux avec Sonko qui a une autre image de la CEDEAO !
Xibaaru