A quelques encablures des élections présidentielles de février 2024, le doute plane toujours sur la nationalité exclusive (double ou binationalité) du candidat Karim Meissa Wade. Cette-fois ci, c’est Thierno Alassane Sall qui vient remuer cette lancinante question dans l’espace publique.

“Selon diverses sources, Karim Wade, candidat à l’élection présidentielle, serait toujours détenteur de la nationalité française, ce qui est en contradiction avec la Constitution de notre pays. Notre Loi fondamentale dispose que tout candidat à la magistrature suprême doit exclusivement être de nationalité sénégalaise”, a indiqué Thierno Alassane Sall, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle.

Cette énième sortie sur l’exclusivité de la nationalité de Karim Wade redonne un souffle à ce serpent de mer de la politique sénégalaise.

En effet, la question revient de plus en plus sur le landerneau politique sénégalais depuis 2016. Hommes politiques, juristes et acteurs de la société civile tous se confondent dans un méli-mélo de syllogisme.

Joint au téléphone par Maderpost, Bachir Diawara ancien chef de cabinet de Karim parle d’un “débat saugrenu”.

“Trouver des arguments qui s’inspirent d’un réflexe identitaire pour écarter Karim Wade relève de l’utopie. Je me demande à nos amis qui entretiennent ce débat-là de déchanter et de savoir que Karim Wade n’a qu’une seule nationalité : la nationalité sénégalaise”, a-t-il répliqué.

Toutefois, M. Diawara précise que “ce qui fait de lui (Ndlr : Karim Wade) un binational ne devrait pas amener, outre mesure, cette confusion.”

Mieux, M. Diawara avance que Karim Wade est “naturellement binational. Il est né de mère française et de père sénégalais”. Ceci, poursuit-il n’a rien à voir avec la nationalité en tant que telle.

A son avis, la recrudescence de ce débat sur la place publique n’est rien d’autre qu’un “affolement, une déchéance mentale” sur la candidature de Karim car, “il incarne l’espoir d’une bonne partie de la jeunesse. Tout le monde sait que le PDS est un appareil sur qui il faut compter par rapport à l’élection présidentielle. Du coup, Karim devient un candidat très sérieux”.

Bachir Diawara souligne tout de même que le PDS est, pour l’heure, préoccupé sur la mobilisation de son appareil politique pour se mettre en ordre de bataille afin de faire de Karim Meissa Wade le 5ème président du Sénégal.

Selon ce proche collaborateur de Wade fils, la seule question qui vaille aujourd’hui est de savoir qui dispose des qualifications requises pour sortir le Sénégal du chaos et de l’ornière dans lesquels le régime en place l’a embourbé.

Sur ce, il conseille ainsi les détracteurs de Karim à faire une offre programmatique au lieu de s’attaquer à leur camarade de l’opposition et leur demande à respecter la culture politique de ceux qui ont fait le destin de la politique même.

“Je pense que c’est indécent pour quelqu’un qui se réclame de l’opposition de vouloir s’attaquer à son frère de l’opposition. C’est une autre forme de politique qui n’a jamais existé au Sénégal”, s’est-il offusqué.

En 2016, ce débat avait fait sortir l’ancien président de la République de sa réserve pour enfiler sa tenue de juriste. Voici ce qu’il en avait dit dans une contribution intitulée : « Aux observateurs de la scène politique sénégalaise : Bi et double nationalité » rendu publique le 10 Février 2016.

Me Abdoulaye Wade, ancien chef de l’Etat avait mis en avant ses attributions universitaires en tant qu’agrégé des Facultés de Droit et des Sciences Économiques, Paris, mais aussi ancien Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université de Dakar, à attirer l’attention sur le terme « exclusivement » qui, selon lui, « introduit une impossibilité ».

Dans la foulée, il avait tenu à souligner qu’« Il faut dès le départ distinguer nationalité d’origine et nationalité d’acquisition ».

« La nationalité d’origine est celle que l’enfant acquiert automatiquement à sa naissance. Elle peut relever du lieu de naissance (jus soli, droit du sol) ou du lien de sang (jus sanguinis). L’enfant n’a choisi ni son lieu de naissance ni ses parents. La nationalité qu’il acquiert du fait de ces deux droits s’impose à lui », a-t-il expliqué avant de poursuivre.

« La nationalité d’acquisition est la nationalité que l’on acquiert au cours de sa vie.

Elle suppose une demande de l’intéressé, ce qui la différencie de la nationalité d’origine car pour avoir celle-ci, l’individu n’a rien demandé. Il est régi, malgré lui, dès sa naissance par les deux droits sus-évoqués, plus ou moins combinés avec d’autres sources du droit de la nationalité ».

Maderpost

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