Chaque année, le Département de l’Énergie des États-Unis (DOE) au laboratoire national de Brookhaven (BNL) attribue au maximum 2 bénéficiaires, la bourse Goldhaber. Cette distinction prestigieuse est décernée à des scientifiques en début de carrière exceptionnels ayant obtenu leur doctorat au cours des trois dernières années au moment de la candidature, travaillant aux limites de leurs domaines respectifs et ayant fait leurs preuves, et démontrant une grande capacité à mener des recherches scientifiques indépendantes.
La bourse Goldhaber comprend une nomination de trois ans avec un salaire annuel de départ de 100 400 dollars. Elle porte le nom de Maurice Goldhaber et de son épouse, Gertrude Scharff-Goldhaber, qui ont non seulement contribué à donner forme au BNL, mais ont également eu un impact significatif sur le domaine de la physique nucléaire en tant que scientifiques. Le programme est destiné à perpétuer une culture d’excellence scientifique au BNL et ouvrir la voie à la prochaine génération de scientifiques du laboratoire.
Elle prédispose les bénéficiaires à des postes permanents en son sein, à l’issue de leur mandat.
Cette année, le Dr Diallo Boye du Sénégal est l’un des heureux bénéficiaires de la bourse Goldhaber. Le Dr Boye, physicien des particules travaillant comme chercheur postdoctoral au BNL, est actuellement basé au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) en Suisse où il mène ses recherches avec l’expérience ATLAS.
Ses recherches sont axées sur la désintégration du boson de Higgs en particules invisibles et sur l’exploration des états du secteur caché.
Le parcours du docteur Boye dans le domaine de la physique des particules a débuté après l’obtention de sa maîtrise en physique théorique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. En 2012, lors de l’African School of Physics (ASP) qui s’est tenue au Ghana, sa curiosité a été piquée et il s’est découvert une passion pour les complexités de la matière par le biais de la physique des hautes engergies.
Par la suite, en 2013, il s’est rendu en France pour terminer un master en physique subatomique et astroparticules à l’Université de Strasbourg.
Son séjour en France a permis de renforcer son expertise dans le domaine de la physique des particules par le biais de plusieurs visites de recherche dans des institutions prestigieuses à travers l’Europe.
Parmi les projets majeurs auxquels le docteur Boye a contribué, on peut citer la collaboration avec l’équipe de l’université de Manchester sur l’alignement du télescope LHCb-TimePix3 au CERN, l’obtention d’un master en physique de l’énergie et de la transition énergétique à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, France, et sa contribution à la mesure de précision de la masse du boson W dans le canal électronique à l’aide du détecteur CMS (Compact Muon Solenoid, CERN) au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Paris-Saclay.
À la suite de ces expériences enrichissantes, le Dr Boye a entrepris ses études de doctorat sur la recherche d’un boson vectoriel sombre et d’un nouveau scalaire en utilisant le détecteur ATLAS au CERN.
En 2020, il a obtenu son doctorat avant de rejoindre le groupe ATLAS de BNL aux Etats Unis pour y mener des recherches postdoctorales. Son arrivée au laboratoire lui a donné l’occasion de renouer avec son premier mentor, le Dr Kétévi Assamagan.
Le docteur Assamagan, physicien des particules originaire du Togo, est chercheur principal au BNL et instigateur majeur de l’ASP, où ils se sont rencontrés pour la première fois en 2012.
Au cours des quinze dernières années, la devise du Dr Assamagana été d’encourager les vocations, de renforcer les capacités par le biais de l’ASP et, surtout, d’offrir aux jeunes participants des opportunités.
Des centaines de jeunes Africains ont saisi ces opportunités, renforçant ainsi la contribution des physiciens africains à la production scientifique mondiale. La réussite du docteur Boye est l’illustration la plus récente de cette contribution, qui renforce encore la conviction du docteur Assamagan quant aux mérites de ces initiatives et son dévouement à l’éducation de la jeunesse africaine :
« Ce fut un plaisir de travailler avec le Dr Diallo Boye sur l’expérience ATLAS, l’African School of Physics, et la Stratégie africaine pour la physique fondamentale et appliquée.
Dans tous ces domaines, le Dr Boye a fait preuve d’une évolution et d’une maturité rapides qui lui ont permis de se distinguer parmi ses pairs.
J’espère que notre collaboration se poursuivra encore longtemps et qu’il connaîtra encore plus de succès. J’éprouverais alors un certain plaisir à avoir contribué au remarquable parcours qu’il a accompli et dont je reste très fier », Kétévi Assamagan.
senego