Un projet de recensement de l’ensemble des grands auteurs mandingues et d’élaboration d’un dictionnaire de la littérature en langue mandingue vient d’être lancé par l’écrivain et ancien ministre de la Culture Makhily Gassama, dans la cité religieuse de Taslima, située entre Bounkiling et Madina Wandifa, à cinquantaine kilomètres de Sédhiou.
L’écrivain et ancien ministre de la Culture, Makhily Gassama, professeur de lettres de classe exceptionnelle, est l’auteur de ce projet de collecte des œuvres des langues locales et des écrits religieux. Le projet vise à valoriser les productions locales et à lutter pour leur introduction dans le système éducatif sénégalais.
A l’occasion de la cérémonie de lancement du projet, M. Gassama a sollicité l’accompagnement de l’Etat du Sénégal. L’auteur du célèbre roman Kuma, interrogation sur la littérature nègre de langue française (Neas, 1978) a rappelé que l’éminent chercheur Cheikh Anta Diop a démontré qu’on peut enseigner les sciences et les autres disciplines à travers nos langues locales.
Pour dire qu’il est tout à fait convaincu que les œuvres locales peuvent servir de meilleurs supports d’éducation.
C’est la raison pour laquelle il a lancé un projet de valorisation de tous les écrits. «Le projet, je l’ai appelé : Génétique des textes, des traductions du mandingue et d’ailleurs. Cela veut dire que toutes les ethnies islamisées du Sénégal sont concernées par ce projet-là. Et moi, je travaille sur le projet mandingue.
Il faut se lancer dans une véritable collecte, il faut un recensement, il faut chercher à traduire certains textes et finalement à les éditer.
Voilà ce que je voudrais faire. Dans un premier temps, on crée un dictionnaire de littérature mandingue. Vous direz non, ce n’est pas un dictionnaire, c’est un lexique, non, Larousse a fait un dictionnaire, il n’y a pas très longtemps, appelé le dictionnaire mondial de la littérature, c’est également intéressant de faire de la littérature en mandingue», dit-il.
Après l’aboutissement du projet en langue mandingue, l’auteur Makhily Gassama compte également valoriser les productions des autres langues locales, notamment le wolof, le pulaar, et les œuvres arabes produites par nos guides religieux.
D’où son indignation quant au délaissement de nos cultures au détriment de la littérature occidentale.
«Nous avons une richesse inouïe, on ne l’exploite pas, et toutes ces richesses, on veut les laisser pourrir comme pourrissent nos fruits qui tombent de l’arbre.
Nous laissons pourrir nos productions intellectuelles au nom de quoi ?» Le budget prévisionnel de ce projet est estimé à plus de 154 millions et le professeur Makhily Gassama sollicite l’accompagnement du nouveau régime pour l’aboutissement de ce programme qui peut contribuer à la réforme du système éducatif.
Lequotidien