Le peuple sénégalais se pose la question de savoir qui a trahi qui parmi les acteurs de la coalition Yewwi, Pastef, et Taxawu.
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de revenir sur l’histoire de cette coalition et ses origines.
Il est évident que seuls ceux qui manquent d’expérience politique ou de connaissances en politique pouvaient croire que la coalition Yewwi Askanwi survivrait après les élections législatives.
En politique, les coalitions naissent et se dissolvent au gré des joutes électorales. Yewwi n’a pas échappé à cette règle, car les coalitions politiques ou électorales sont souvent le résultat de différentes motivations cachées.
Dès sa création, cette coalition hétéroclite, regroupant des intérêts très divergents, était vouée à l’échec. C’était une coalition contre nature, formée pour des circonstances particulières, mais elle présentait déjà des signes de division que tout le monde préférait ignorer pour protéger ses propres intérêts.
À l’époque, c’était un jeu de dupes, fait de compromis et de compromissions.
Ironie de l’histoire, les dirigeants des différents partis à l’origine de la coalition, qui ont donné naissance à Yewwi, avaient tous des problèmes judiciaires et cherchaient à se rassembler pour exercer une pression sur la justice et, surtout, sur le président Macky Sall.
Ainsi, Yewwi était au départ une coalition de pression, avant de devenir une coalition électorale, ce qui représentait son péché originel.
Les premières contradictions sont apparues lorsque certains ont vu une opportunité de dialogue pour revenir sur le devant de la scène politique, car leur survie politique et celle de leurs partis étaient en jeu, comme c’était le cas de Khalifa et de Karim.
D’autres, comme Ousmane Sonko, ont opté pour le boycott, ignorant que la politique de la chaise vide n’a jamais été fructueuse. En politique, il est parfois nécessaire de faire preuve de flexibilité et d’ouverture pour s’adapter à la situation.
Abdoulaye Wade avait théorisé l’entrisme en ayant été deux fois membre d’un gouvernement socialiste, ce qui ne l’a pas empêché de devenir président. Cependant, cette coalition, regroupant des acteurs aussi divers que des anti-système et des représentants du système, des libéraux et des socialistes, des trotskistes-léninistes, des religieux et des acteurs de la société civile, n’avait pas de programme ou de vision cohérente.
Il était donc prévisible qu’une telle coalition ne pourrait être qu’une tromperie politique et une duperie électorale.
Dans ce contexte de jeu politique et de duplicité, il est inopportun de parler de trahison lorsqu’une coalition se désintègre. La charte qui lie les partis de la coalition n’avait pas de moral de base, chaque parti cherchait à tirer son épingle du jeu.
La querelle publique entre le Pastef et le Taxawu n’est qu’une diversion. La véritable question est de savoir ce que la coalition Yewwi/Wallu a fait des promesses faites au peuple qui lui avait fait confiance.
Si trahison il ya, c’est le peuple qui est trahi, car il n’a pas voté pour le Pastef ni pour le Taxawu, mais pour Yewwi/Wallu, avec l’espoir de voir l’Assemblée nationale changer sa manière de fonctionner , d’améliorer le débat démocratique et de promulguer des lois dans l’intérêt des citoyens.
Cependant, au lieu de rester unis, de mettre de côté leurs ambitions personnelles et de s’opposer à la coalition BBY, les acteurs de Yewwi ont souvent été plus préoccupés par leurs propres avantages et positions. Tous les projets de loi portés par le BBY ont été adoptés facilement, malgré l’absence d’une majorité confortable.
Ainsi, la continuité s’est imposée au détriment de la promesse de changement, décevant profondément le peuple. La 14ème législature est devenue la pire de l’histoire politique du Sénégal, laissant le peuple payer le prix des jeux politiques.
ASSANE SARR
citoyen sénégalais