La pollution de l’air induit notamment des problèmes respiratoires. Mais a-t-elle un effet sur notre cerveau ? C’est la Question de la semaine sélectionnée par Sciences et Avenir.
Tout d’abord, revenons sur la définition de la pollution atmosphérique. Selon les termes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit de « la contamination de l’environnement intérieur ou extérieur par tout agent chimique, physique ou biologique qui modifie les caractéristiques naturelles de l’atmosphère« .
Les sources courantes de cette pollution sont bien connues : véhicules à moteur, agriculture, installations industrielles, énergie domestique (cuisson et chauffage), incinération des déchets, production d’électricité et même, feux de forêt, comme ceux qui frappent actuellement la France. Selon l’OMS, les polluants les plus préoccupants pour la santé publique sont les particules en suspension, le monoxyde de carbone, l’ozone, le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre.
Le cerveau n’est pas épargné
Des données « montrent que la quasi-totalité de la population mondiale (99 %) respire un air dont les valeurs dépassent les limites recommandées par l’OMS« , selon l’organisation onusienne. Et la pollution de l’air, aussi bien extérieure qu’intérieure, provoque des maladies. Un danger sanitaire facile à saisir quand on voit planer, au-dessus des grandes villes, le smog, ce mélange stagnant de brouillard et de fumée.
« La pollution de l’air ambiant (extérieur) dans les villes et les zones rurales crée des particules fines qui provoquent des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques, des cancers du poumon et des maladies respiratoires aiguës et chroniques« , poursuit l’ONU. S’ajoute en plus la pollution intérieure.
On le voit, le cerveau n’est pas épargné par cette pollution. En outre, une étude publiée en mars 2022 dans la revue The Lancet Planetary Health suggérait un lien entre une exposition à de plus fortes concentrations de polluants et un niveau plus faible des performances cognitives.
Un déclin cognitif augmenté
Des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Rennes 1 et de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à l’Irset ont étudié comment le niveau d’exposition aux polluants atmosphériques impacte les performances cognitives. Pour cela, ils se sont basés sur les données acquises sur plus de 61.000 participants, âgés de 45 ans et plus. « Tous ont participé à une série de tests mesurant leurs performances cognitives dans trois grands domaines de la cognition : la mémoire, la fluidité d’expression orale (ou fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (ou fonctions exécutives). Les chercheurs ont établi un score des performances cognitives pour chacun des tests, en tenant compte du sexe, de l’âge et du niveau d’étude de chaque participant« , explique l’Inserm dans un communiqué.
En parallèle, les chercheurs ont mesuré l’exposition de chaque participant à la pollution en utilisant des cartes spécifiques, tenant compte par exemple de la densité du trafic routier près du domicile. Trois polluants liés au trafic routier ont été pris en compte : les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie.
Santé et climat, même combat
« En croisant les résultats des tests cognitifs avec le niveau d’exposition aux trois polluants atmosphériques, l’étude indique que l’exposition à de plus grandes concentrations de ces polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances dans les trois domaines cognitifs étudiés« , note l’Inserm. Depuis quelques années déjà, la pollution de l’air est reconnue comme un facteur de risque de la démence.
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