Elles réclament la place de leader et se donnent les moyens de leur politique. Ne pas répéter les erreurs du passé pour mieux appréhender le futur, c’est le message de la dernière table ronde des 49èmes Assises de la presse francophone.

 «Derrière chaque grand homme, il y a une grande dame.» Pour certains, cette phrase est une reconnaissance des efforts fournis par la gent féminine pour un monde meilleur. Mais en réalité, elle traduit la place que le système accorde à cette catégorie de personnes qui font vivre le monde. Ce que l’artiste congolais Youssoupha traduit merveilleusement bien en ces termes : «Le deuxième est le premier perdant !» Une situation qui a fini de révolter les femmes. Pour la dernière table ronde des 49èmes Assises de la presse francophone, Viviane Ondoua Biwole, experte en questions de gouvernance au Cameroun, est revenue sur les femmes dans la vie politique, économique et culturelle.

Si elle a longtemps souffert de la place de numéro deux, elle a préféré donner l’exemple de Condoleezza Rice. Ainsi, a-t-elle constaté la femme leader cultivée et très diplômée. En somme, elle a constaté qu’elles font beaucoup plus d’efforts que les hommes pour avoir moins qu’eux. Elle donne l’exemple de l’ancienne secrétaire d’Etat des Usa. «Mais c’est au moment où elle attend d’exercer le pouvoir comme le veut le système, qu’elle a brisé les codes», a-t-elle expliqué. Conclusion : «Si vous ne dites pas je suis, personne ne dira que vous êtes.» Une méthode expérimentée par l’activiste tunisienne, Bochra Belhaj Hamida. Candidate à la Présidentielle dans son pays en 2011, elle a été victime d’insultes pour la simple et bonne raison qu’elle voulait apporter son point de vue sur la bonne marche de la Tunisie.

«Les partis politiques ont voté contre la parité horizontale. Ils n’encouragent pas les femmes. Dans les médias, 80% des femmes subissent des violences. Cela a contribué au fait que les femmes refusent les médias pour éviter qu’elles soient jetées en pâture sur les réseaux. Parfois ce sont des appels au meurtre. A cause de mes positions politiques, j’étais victime d’appels au meurtre dans les mosquées. On ne s’habitue pas. On avance. Tu les obliges à respecter ta présence. On ne recule pas. De plus en plus, les jeunes résistent. Il y a 24% de femmes qui passent. On veut une parité dans les émissions», a-t-elle expliqué.

Et pour lutter contre ce diktat de la pensée, l’avocate tunisienne estime que les médias ont une grande part de responsabilité. Ils devraient ouvrir leurs portes aux femmes. Seulement, reconnaît-elle, ces dernières en Tunisie sont freinées par les tâches ménagères. «Les tâches familiales obligent les femmes à refuser les invitations des médias le soir. Les pays arabes ont signé la convention sur le droit des femmes. Mais ils ont aussi émis des réserves sur les droits de la famille. Ils comptent sur les obligations familiales pour freiner la femme dans la politique», a-t-elle diagnostiqué. Pour autant, a-t-elle précisé, «depuis le vote de la loi sur la violence en 2017, un écart est sanctionné par une réaction positive des réseaux sociaux. Malheureusement, ce sont eux qui commettent les plus grandes violences à l’endroit des femmes» !
lequotidien

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