A l’occasion de l’exposition «Ici et ailleurs», les artistes Amadou Moussa Diallo-Lewlawal et Suzanne Pollmann, un couple, racontent l’histoire du monde à travers des séries de tableaux.

Ils ont en commun la même passion et le même amour. Lewlawal Diallo et Suzanne Pollmann sont tous des fondus de l’art.

Ce goût qu’ils partagent pour ce métier est sublimé par l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Il est matérialisé par une union, vieille aujourd’hui de plus de 25 ans. «On s’est connus dans une galerie», s’est rappelé M. Diallo.

En dehors de ce lien conjugal, ils ont choisi l’art pour exprimer leurs sentiments, leurs idées et leurs messages.

Ainsi, l’amour de Lewlawal Diallo pour l’art l’a conduit à faire des études à l’issue desquelles il a servi comme enseignant dans des collèges et lycées du Sénégal. Mais les portes de l’Europe se sont ouvertes à lui après une première exposition faite au Sénégal en 1988.

Une fois en Allemagne, il a poursuivi ses études artistiques pour continuer à dispenser des cours.

Aujourd’hui, à la retraite, cet homme originaire de Saint-Louis, qui vit avec sa petite famille en Allemagne, se consacre à ce qu’il aime le plus : l’art, en mettant en avant ses racines. «Je peins sur trois séries. Les racines, c’est-à-dire la culture africaine. J’ai parcouru des musées, j’ai beaucoup voyagé. J’ai visité beaucoup d’expositions. J’ai étudié beaucoup l’art africain.

J’appelle la première série Roots, qui entre dans le cadre de l’histoire.»

Il ajoute : «Je fais des masques. Le masque que vous voyez là-bas, c’est Tivawara. C’est un masque Bamabara. Je l’ai appelé aussi l’esprit de la savane, masque de fertilité. Il y a l’esprit majestueux inspiré des Massai.

J’ai l’esprit nomade qui symbolise le Sahel, la liberté qu’on a dans cet espace et les peuples qu’on y retrouve souvent. Nous avons aussi Gorée avec tout un tas de symboles, d’images. Les canons qui ont permis aux colonisateurs d’annexer la terre Afrique.»

Pour lui, c’est une histoire à raconter. Elle rappelle le commerce triangulaire.

«Le chemin est symbolisé par des pointillés jusqu’aux Amériques. Vous avez la porte sans retour. Au milieu, c’est le fort. Ici, c’est l’ancienne concentration, là où on met les esclaves pour les amener.

Mais à Gorée, toutes les 39 maisons sont des maisons d’esclaves.

Il y a toujours des esclaves à l’intérieur, et quand le bateau venait accoster à côté de la porte sans retour, on faisait sortir les esclaves des 39 maisons pour les acheminer vers le bateau. Ici, c’est la terre d’Afrique où nos frères quittaient, et là-bas, c’est la terre d’Amérique.

Ici, nous voyons les esclaves, les hommes, les femmes, nous voyons comment ils étaient vendus avec des numéros d’immatriculation», explique Lewlawal Diallo.

C’est tout un récit qu’il refait sur cette page sombre de l’Afrique qui a été dépeuplée par la traite négrière. «Les esclaves prenaient les noms de leurs maîtres. Le père peut être amené au Brésil, la mère aux Caraïbes ou aux Usa. La deuxième série, c’est sur l’actualité.

A travers ce tableau, j’illustre l’Intelligence artificielle. Je parle aussi de la mer et des clandestins», dit-il. Il y a aussi l’espace. «Nous avons un tableau sur l’espace. On n’est pas les seuls dans l’espace. On a découvert énormément de planètes qui ressemblent à la nôtre», informe-t-il.

Mêmes couleurs
Contrairement à M. Diallo, Suzanne Pollmann ne semblait pas être destinée à l’art. Elle était attirée par la danse qu’elle a pratiquée à New York. Plus tard, elle remarque qu’elle préfère l’art plastique. Ce qui l’a amenée à faire des études en Allemagne. Depuis lors, elle peint et elle traverse le monde grâce à son art.

«Je travaille sur la dualité.

J’utilise toujours les couleurs complémentaires, le vert le rouge, le bleu et l’orange. Le jaune et le violet, et un fond qui est calme, plus le rythme. Ma technique s’appelle le multidimensionnel. Par la composition des tableaux, on y voit des juxtapositions», explique Mme Diallo.

Dans les tableaux peints par Suzanne Pollmann, il y a une dualité sur les cultures différentes, l’harmonie.

En fait, ils ont beaucoup de points communs. Le thème principal de Suzanne est l’eau. Elle s’est toujours sentie attirée par l’océan. Par la force de l’eau et de l’énergie, elle essaie de capturer ce mouvement dans ses tableaux et en même temps retracer leur tranquillité et leur force.

«On voit la mer froide tout au nord.

Et ici, le Sénégal avec des couleurs un peu plus chaudes et la Méditerranée qui présente la mer dans tous ses états», a-t-elle dit pour exprimer son sentiment. C’est dans ce voyage à travers l’univers qu’ils veulent embarquer les gens en organisant une exposition qui va jusqu’au 29 janvier.

Si Suzanne Pollmann présente l’Europe, lui peint l’Afrique.
Par ailleurs, il est prévu un vernissage ce jeudi. Le couple invite les populations à venir faire ce voyage à travers les eaux froides et calmes de l’Europe et les eaux chaudes de l’Afrique, et celles mouvantes de la Méditerranée. «Nous invitons aussi tout le monde à venir ici pour voir cette exposition», lance le couple.

«Il faut au préalable avoir une politique culturelle pour intéresser les jeunes et même les journalistes à l’art. Car celui qui n’est pas éduqué à l’art ne peut pas s’y intéresser», note professeur Maguèye Kassé.

lequotidien

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