Au Musée d’art africain Théodore Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) de Dakar, la Galerie du 19M a dévoilé son deuxième programme hors les murs, intitulé «Sunu diggante». Une exposition collective, visible jusqu’au 14 juillet 2024, qui renoue et enrichit les dialogues entre les métiers d’art et les scènes créatives sénégalaises.

Le Musée Théodore Monod d’art africain de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) de Dakar abrite actuellement la deuxième exposition de la Galerie du 19M à Dakar.

Cette exposition collective, intitulée Sunu diggante, rassemble les œuvres d’une quinzaine d’artisans et artistes, principalement sénégalais, mais également de quelques Français, de tous parcours et générations. Khadija Ba Diallo, Ousmane Bâ, Binta Diaw et d’autres figures emblématiques côtoient les créations des artisans des Maisons Lesage et de l’Atelier Montex, tissant ainsi un véritable patchwork artistique.

Cette manifestation célèbre la dimension collective de leurs créations.

Leurs œuvres, souvent le fruit de collaborations avec des communautés d’artisans experts ou des complices polyvalents, forment un vaste patchwork de techniques et de matériaux.

«L’exposition est ainsi pensée à la manière d’un vaste patchwork, une technique millénaire, représentative notamment de la communauté Baye Fall, qui permet d’assembler des morceaux de tissus hétéroclites pour créer une pièce plus grande et singulière», explique Lysandre Enanaa, responsable communication et éditions au 19M, jeudi dernier, lors du vernissage de l’exposition hors les murs.

A l’Ifan, l’atmosphère était électrique.

Il flottait un air de fête. Ainsi, dès les premières heures du crépuscule, la cour du musée s’était vite transformée en lieu d’exposition. Visiteurs, touristes, amateurs d’art se pressent devant l’imposant bâtiment.

Les invités, vêtus de tenues traditionnelles et modernes, reflètent l’esprit-même de l’exposition. Sunu diggante, ce qui nous lie, ce qui nous rassemble. Un dialogue entre passé et présent, tradition et innovation.

A l’intérieur, en déambulant à travers les œuvres exposées, on sent vibrer une succession de découvertes.

Les œuvres se côtoient et chaque pièce raconte une histoire unique tout en s’inscrivant dans la thématique de l’exposition. «Cette programmation de la Galerie du 19M Dakar embrasse une approche durable complète.

Imaginée en complicité avec l’architecte Mamy Tall, elle opte pour une scénographie légère, l’approvisionnement en matériaux régionaux, les prestations auprès de fournisseurs locaux, la circularité du mobilier issu du réemploi, mais aussi pour ses tote-bags conçus à partir de chutes de tissus recyclés», avait expliqué à l’entame Lysandre Enanaa.

A l’en croire d’ailleurs, l’exposition mélange ainsi des œuvres empruntées ou produites spécialement pour l’événement et des créations spécifiques, proposant une expérience immersive oscillant entre réel et virtuel, artisanal et mécanique.

«Elles font sortir des cadres et des hiérarchies, associent des pratiques a priori distantes, explorent des matériaux atypiques comme les mèches synthétiques, détournent des chutes de cuir, transforment le plastique en matière à tisser, redonnent de la noblesse à des rebuts», dira-t-il.

Quant à Helen de Buhren, directrice de développement du 19M à Paris, elle a souligné l’importance des collaborations entre les maisons d’art et des artisans.

«On a décidé d’ouvrir ce lieu ici pour mettre en parallèle les métiers d’art sénégalais et français. On a trouvé des artistes, on a fait des collaborations avec des maisons d’art et des artisans», a-t-elle expliqué face à la presse.

En s’associant à des écoles et des artisans locaux, ajoute Helen de Buhren, l’objectif est de permettre à de jeunes talents sénégalais de se former à des métiers traditionnels et contemporains. Par ailleurs, la dimension écologique de l’exposition est omniprésente, avec une attention particulière portée à la revalorisation des matériaux.

«Ils ont fait des tenues à partir des recyclés qui ont été destinés à la poubelle ou des habits qui avaient perdu leur première vie, auxquels ils ont donné une nouvelle vie», a soutenu Khalil Cissé, qui tient son Pop-Up au niveau de la galerie.

De la chaussure aux bijoux, en passant par les vêtements, les œuvres exposées démontrent comment des objets du quotidien peuvent être transformés en créations artistiques innovantes.

Réinventer les objets du quotidien
Khadija Ba Diallo, fondatrice de la marque L’Artisane, apporte une touche spirituelle et iconique à l’exposition. «Je m’inspire beaucoup de la culture sénégalaise.

Ces œuvres sont inspirées un peu de la silhouette du Grand Serigne de Dakar, qui met beaucoup de superpositions.

L’œuvre ici a pris un côté spirituel, mais moi je la vois plus comme une icône de la mode», raconte-t-elle. L’Artisane détourne et réinvente des objets du quotidien, du prêt-à-porter aux bijoux, en passant par des accessoires volumineux.

L’exposition Sunu diggante célèbre et revitalise les métiers d’art en créant des ponts entre les cultures et les générations.

Une initiative qui promet de fortifier le lien entre les artisans et la scène artistique sénégalaise.

«Le 3Fpt nous a aidés à sélectionner les jeunes talents et à les accompagner financièrement pour qu’ils puissent venir tous les jours participer à ces formations», affirme Hélène de Buhren.

Lequotidien

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