Nos smartphones nous écoutent en permanence pour nous proposer des publicités personnalisées. Cette théorie du complot est aussi vieille que tenace, et pourtant la réalité est nettement plus perturbante.

Les géants de la Tech comme Facebook ou Google nous écoutent en permanence grâce à nos smartphones pour nous proposer des publicités personnalisées. Cette théorie du complot est vieille comme le monde et continue toujours d’alimenter les craintes de millions de personnes.

Il faut dire qu’elle se présente comme la réponse la plus évidente à une situation que vous avez probablement vécu : vous discutez avec un ami d’un voyage ou d’un produit en particulier, et hop, vous recevez sur les médias sociaux une annonce pour des billets d’avion ou des promotions pour l’article en question.

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Cette théorie du complot refait surface en 2023

Durant ces dernières années, de nombreux médias sérieux ont pris soin de démonter cette théorie stupide. Néanmoins, un article publié en 2023 par 404 Media est venu rajouter de l’huile sur le feu.

D’après le site, l’entreprise Cox Media Group (CMG) aurait développé une technologie baptisée Active Listening. Concrètement, ce système serait capable de capter “des données d’intention réelles” en utilisant les micros d’appareils connectés comme les smartphones, tablettes ou les TV connectées.

CMG aurait notamment proposé Active Listening à Amazon, Google ou encore Facebook pour affiner leur ciblage publicitaire. Il n’en fallait pas moins pour raviver la flamme autour de cette bonne vieille théorie du complot autour de l’écoute des micros.

D’autant que dans la foulée, les géants de la Tech concernés ont immédiatement pris leur distance avec CMG. Amazon a affirmé n’avoir jamais travaillé avec la société, tandis que Google et Facebook ont rompu toute collaboration.

Toutefois, plusieurs médias se sont à leur tour penchés sur le cas de CMG, à l’image d’Ars Technica. Selon les informations amassées par le site, CMG a clairement exagéré les capacités de sa technologie.

En réalité, Active Listening exploitait plutôt de courtes données vocales enregistrées et téléchargées sur le cloud après le déclenchement d’un assistant vocal comme Hey Google, Alexa ou Hey Siri. En d’autres termes, CMG n’a absolument pas les moyens d’écouter n’importe quelle conversation privée.

De quoi démystifier (en partie) l’engouement autour de cette fameuse conspiration.

Une pratique fantasmée, ces données le prouvent

Avant d’aller plus loin et de vous dévoiler à quel point la réalité est bien plus dérangeante que cette histoire d’écoute à grande échelle, il convient d’apporter des preuves de son inexistence. Pour ce faire, un retour en arrière de quelques années s’impose.

En 2019, les chercheurs en sécurité informatique de Wandera ont justement mené une série d’expériences pour savoir si nos smartphones pouvaient écouter en permanence nos conversations.

Pour ce faire, ils ont placé un iPhone et un Samsung Galaxy dans une pièce, avant de diffuser une boucle audio de publicités pour de la nourriture pour chiens 30 minutes par jour, durant 3 jours consécutifs.

En outre, toutes les autorisations d’accès (notamment celle pour le micro) ont été activées sur toutes les applications.

Et afin de comparer les données obtenues, la même expérience a été réalisée, mais cette fois-ci dans une pièce silencieuse.

L’idée était la suivante :

  • déterminer si des pubs finissent bien par apparaître dans les flux de certaines applications comme les réseaux sociaux
  • constater ou non une consommation des données mobiles plus importante, une utilisation de la batterie accrue ou des activités suspectes en arrière-plan

Sans surprise, aucune publicité pour nourriture pour chiens n’a fait surface. Plus révélateur encore, il n’y avait pratiquement aucune différence sur la consommation des données, l’utilisation de la batterie ou l’activité en arrière-plan sur les appareils placés dans les deux salles.

Un détail primordial, car si une appli accédait au microphone en permanence et envoyait des fichiers audio sur un serveur cloud, il y aurait fatalement des pics visibles de consommation de données mobiles.

Nous avons observé que les données de nos tests sont bien inférieures aux données de l’assistant virtuel sur la période de 30 minutes, ce qui suggère que l’enregistrement constant des conversations et le téléchargement sur le cloud ne se produisent sur aucune de ces applications testées”, assurait James Mack, ingénieur pour Wandera.

La réalité est bien plus inquiétante

Début 2017, des chercheurs de l’Université de Northeastern ont également mené des travaux sur le même sujet. Très rapidement, ils ont effectivement constaté que les microphones n’étaient pas activés en permanence. En revanche, ils ont découvert l’existence d’autres phénomènes, bien plus inquiétants que cette théorie du complot.

Il n’y aucune fuite audio – aucune application n’a activé le microphone.

Puis nous avons commencé à observer des phénomènes inattendus. Les applications réalisaient automatiquement des captures d’écran et les envoyaient à des tiers. Dans un cas, l’application a filmé l’activité de l’écran et a transmis des informations à un tiers”, explique Christo Wilson, informaticien à l’oeuvre sur le projet d’étude.

Plus concrètement, sur les 17 000 applications Android examinées, plus de 9 000 disposaient d’autorisations potentielles pour prendre des captures d’écran ! 

Tout ce qui rend votre téléphone utile, comme savoir où vous êtes, prendre des photos, faire des achats ou des opérations bancaires en ligne – c’est exactement là que se trouvent les faiblesses et les vulnérabilités potentielles”, conclut le chercheur.

Vous l’aurez compris, Google, Facebook et consorts n’ont en réalité absolument pas besoin d’espionner vos conversations pour vous cibler avec des publicités personnalisées.

N’oubliez pas que Facebook peut vous trouver sur n’importe quel appareil sur lequel vous avez consulté Facebook.

Il peut exploiter tout ce que les commerçants savent de vous, et même parfois suivre vos achats en magasin, payés en espèces uniquement ; votre carte de fidélité est liée à un numéro de téléphone et une adresse e-mail pour une raison précise”, assène Antonio Garcia Martinez.

NewAtlas

Part.

2 commentaires

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