Le folklore était banni, mais le public a montré sa joie de participer une nouvelle fois à cet évènement qui réunit les acteurs du 4e art africain et arabe. Le lancement des Journées théâtrales de Carthage (Jtc) a eu lieu le samedi dernier, dans une atmosphère empreinte de solidarité envers le Peuple palestinien.

C’est d’abord à l’extérieur que se joue le premier acte de ces Journées théâtrales de Car­thage (Jtc). Une troupe espagnole présente un spectacle pour le moins acrobatique. Deux ballerines suspendues à des cordes, exécutent une prestation, les pieds vissés sur la façade illuminée du Théâtre municipal de Tunis.

Elles se balancent, marchent et virevoltent même sur la pointe de leurs pieds.

Toutes vêtues de blanc, tutu flottant au vent, elles dansent comme si la facade du théâtre s’était subitement transformée en une scène de danse. Finale est un spectacle espagnol mis en scène et interprété par Saioa Fernandez et Sheila Ferrer. Cette pièce classique utilise l’architecture comme support du mouvement.

Sur une musique puisée dans des répertoires bien connus tels que Le lac des cygnes ou Casse-noisette, les deux danseuses arrivent à transformer la devanture du Théâtre municipal de Tunis en une piste de danse classique. Captivé, le public a le regard rivé sur ces nymphes.

L’avenue Bourguiba, qui refuse du monde ce soir, est l’espace de rencontre des théâtres arabes et africains.

Quand la foule regagne l’intérieur du théâtre, c’est la partie protocolaire qui démarre. Hymne national, spot officiel des Jtc, mais surtout des hommages, à titre posthume pour certains.

D’autres sont célébrés pour avoir écrit l’histoire de cet événement et l’histoire du 4e art africain et arabe, reçoivent des distinctions sous les applaudissements du public, qui montre son plaisir de revoir une fois de plus sur scène, ces icônes du théâtre. Parmi eux, le maître malien de la marionnette, Yaya Coulibaly.

Yaya Coulibaly  honoré par les Jtc : «Je voudrais mettre ma connaissance à la disposition de la jeunesse»

Pour cette 24e édition, les Jtc démarrent sur une note de sobriété. Même les intermèdes musicaux sont restés dans ce ton. La chanteuse syrienne Lynn Adib interprète dans un premier temps une chanson triste et nostalgique, sans instruments.

Pour son deuxième passage, elle est accompagnée de deux instruments à cordes et d’une flûte pour interpréter «une chanson de deuil».

La situation de la Palestine expli­que cela. «Le théâtre était toujours et restera une scène pour être la voix des causes justes et de la dignité humaine dont la cause palestinienne» a indiqué Moez Mrabet, le Directeur artistique des Jtc.

Mais même sans les festivités habituelles, le lancement des Jtc est un moment de joie et de retrouvailles pour les centaines de spectateurs.

Art et résistance
«Avec le théâtre nous vivons et par l’art nous résistons», ce slogan de cette 24ème édition des Jtc a été rappelé par le directeur des Jtc, qui indique que cette édition est placée sous le signe de la maturité puisqu’elle coïncide avec la célébration des 40 ans d’existence des Jtc.

«40 ans de création et de quête artistique», souligne le directeur des Jtc dans son allocution en mentionnant que cette édition sera sous le signe de la résistance.

Le représentant du ministre des Affaires culturelles, Lassad Saïd, a mis l’accent sur l’interconnexion organique entre la vie, l’art et la résistance. «Une symbiose profonde inhérente à l’essence même de l’acte théâtral, en tant que défenseur des causes humaines justes et en première ligne, la cause palestinienne», souligne-t-il.

Pour clôturer en beauté une cérémonie toute en émotions, la poésie ne pouvait être que de mise.

Et ce sont les poèmes d’un jeune Gazaoui, Haydar Ghazali, ainsi que celui de Mahmoud Darwich qui seront lus par le comédien tunisien, Raouf Ben Amor, la comédienne libanaise, Hanen Haj Ali. En toile de fond de cette déclamation, l’image du Dôme du Rocher.

Par cet acte, ils ont salué la résistance du Peuple palestinien. Le 10 décembre prochain, il reviendra au président du jury international de décerner les récompenses. Au total, 62 spectacles de 28 pays vont enchanter le public averti de Tunis dans les prochains jours.

lequotidien

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