Toutes les salles de montage image, son et étalonnage ont été élaborées afin d’obtenir la meilleure acoustique possible. En l’équipant de matériels haut de gamme, ce hub dédié à la formation aux métiers de la postproduction, de la création et de la diffusion cinématographique ambitionne de rendre le cinéma accessible à tous.
Portée par le réalisateur sénégalais, Alain Gomis, cette structure se veut une tête de pont de l’industrie cinématographique et audiovisuelle africaine. Réaliser un film, court métrage, long métrage, documentaire, série de fiction ou d’animations, publicité, clip ou encore film institutionnel, le tout dans un centre culturel à Grand-Dakar, un quartier populaire. En effet, la création de ce centre en 2018, par le cinéaste Alain Gomis, a aussitôt eu l’accompagnement du ministère de la Culture et de la communication du Sénégal. La tutelle se voulait consciente que l’avenir du projet d’industrialisation du cinéma et de l’audiovisuel sénégalais se joue à travers les enjeux de la formation, notamment aux métiers de la postproduction dont les acteurs de la place, pour la grande majorité, bénéficiaient jusqu’alors d’une formation sur le tas.
A Dakar, se rappelle Demba Faye, directeur de Cabinet du ministre de la Culture et de la communication, certes les structures de formation ont commencé à émerger à partir des années 1990, à l’instar du Media center de Dakar qui a joué un rôle important dans la mise en place de l’écosystème, avec une première base de la maîtrise de l’outil numérique. Mais selon lui, avec la mise en place du Centre Yennenga, le Sénégal et les autres pays africains espèrent pouvoir connaître des avancées majeures dans les savoirs et savoir-faire liés au montage image, à l’étalonnage, au mixage, à la masterisation, pour que les films produits puissent se présenter sous des standards internationaux. «Il est certain que ce Centre Yennenga ambitionne de rendre le cinéma accessible à tous, afin de favoriser la création de films en Afrique», souligne-t-il. Il s’exprimait hier, mercredi, lors de la journée porte ouverte du Centre Yennenga de Grand-Dakar.
Conscient des risques de déperdition académique liés à la précarité des conditions de vie des apprenants, d’après M. Faye, le ministère de la Culture et de la communication est en train d’étudier la meilleure formule pour permettre un accompagnement et la prise en charge des frais de vie des étudiants par le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), l’un des partenaires, en plus de la ville de Dakar, l’Agence française de développement (Afd), la Der…, entre autres. «Ces différents partenariats, en plus du dynamisme de l’équipe dirigeante, ont permis de concrétiser le projet de hub», a fait savoir M. Faye. Une visite guidée a permis de constater que le rez-de chaussée abrite une salle d’étalonnage, 3 salles de montage image, 2 salles de montage son, une salle de projection et un local technique. Au premier étage, se trouvent la salle de montage image et d’enregistrement ainsi qu’un auditorium de mixage qui sera le premier de toute la sous-région. Alain Gomis de préciser que toutes les salles sont installées en Avid, mais également équipées d’une connexion internet en fibre optique et une climatisation.
Avancer vers une sorte d’indépendance
Le Centre Yennenga, centre de cinéma à Grand-Dakar, est aussi le centre de cinéma de toute la ville de Dakar. «Nous sommes aussi un pôle de cinéma pour toute la sous-région», explique-t-il dans une ambiance bon enfant. Alain Gomis est convaincu que la culture ne peut pas être réservée à une élite. «La culture, c’est pour tout le monde. Et les quartiers populaires ne doivent pas être seulement des spectateurs, ils doivent être les acteurs de cette culture», justifie Alain Gomis, co-directeur de ce centre installé à Grand-Dakar et baptisé Yennenga. Avec une parité homme-femme, la formation de ces 28 apprenants dans trois domaines différents, durera deux années. «Et à partir du mois d’octobre prochain, ils vont entamer la deuxième année de formation et à la fin de l’année, on lancera une nouvelle sélection pour une nouvelle promotion», annonce le réalisateur, qui précise également que les sortants de cette première promotion sont destinés à devenir les futurs formateurs du centre. Donc l’idée, dit-il, «c’est d’avancer vers une sorte d’indépendance».
Prise en charge totale de la postproduction
Ouédraogo Dimitri, de nationalité Burkinabé, est un élève souriant, décontracté et parfaitement à l’aise dans sa présentation, face au public composé d’étudiants du Centre Yennenga et d’acteurs importants du secteur de la culture et de la cinématographie. D’emblée, cet élève en montage image a souligné l’importance de ce centre en matière d’enseignement et de pratique. «Je suis là depuis octobre pour la formation. Déjà, je fais du montage image parce que j’aime voir des films et participer à leur fabrication. On apprend beaucoup de choses. Ici au Centre Yennenga, l’enseignement est pratique, on apprend en faisant, en pratiquant. Et la diffusion des films au niveau du centre, les rencontres avec les réalisateurs nous permettent d’accroître notre culture cinématographique.
Et il faut le dire aussi, on a la possibilité de travailler sur des films parce que le centre accueille des films pour des montages en postproduction. On est prêts aussi sur le marché de l’emploi, on est employables», se réjouit-il. Yennenga postproduction garantit la prise en charge de l’ensemble des productions en ce qui concerne l’image et le son, depuis la gestion des rushes jusqu’à la livraison des programmes finalisés à tous les diffuseurs, précise la note de presse qui signale que cette journée sera clôturée en apothéose par la première senegalaise du tout dernier film du réalisateur Alain Gomis : Rewind and Play.
lequotidien