Le maire de Gorée, Augustin Senghor, annonce projet de digue pour protéger l’île. Et l’Etat a décidé de s’impliquer davantage pour faire de la commune une vitrine du tourisme au Sénégal.
Face aux assauts répétés des vagues, combien de temps tiendra encore Gorée ? Depuis quelques années, l’île est menacée par l’avancée de la mer, devenue cyclique. Elle subit, de tous les côtés, les assauts marins, les déferlantes qui s’écrasent sur la grève dans un fracas d’enfer.
Gorée est vulnérable, selon son maire Augustin Senghor, et le problème est crucial.
« Du côté du lycée Mariama Bâ des jeunes filles, la mer a colonisé une partie des terres. Vers la place de la Liberté, le musée historique, un pan s’est affaissé. Un peu plus loin, vers l’ancien palais du gouverneur, l’ancien hôtel du relais de l’Espadon, à côté de la mairie, les murs se sont affaissés.
Et pire encore, notre mosquée qui se trouve à côté de la résidence du palais présidentiel est menacée », explique-t-il. D’où l’urgence, selon l’édile d’y remédier. Face à cette situation alarmante, Gorée a été choisie comme site prioritaire par le programme de gestion du littoral ouest africain (Waca), a rappelé Me Senghor.
Le projet de protection revêt deux composantes : l’aménagement d’une digue de protection en enrochement et un volet aménagement paysager.
« Ce projet qui va démarrer dans les prochaines semaines consiste en une ceinture de pierres qui servira de digue du côté Est de l’île, donc vers Mariam Bâ, pour faire le tour de l’île, contourner la baie à partir du musée historique, pour aller jusqu’au contrefort du Castel, donc derrière la mosquée », explique le maire.
L’avantage de cette digue, selon l’édile de Gorée, est que « ce sera non seulement un ouvrage mécanique de protection contre l’érosion marine ; elle va ajouter de la valeur au tourisme à Gorée, parce que sur sa partie haute, elle aura une largeur de 10 mètres ».
Elle sera un espace de promenade et de pêche pour ceux qui voudront s’adonner au tourisme de pêche. De même, il est prévu entre cette digue et les rochers du littoral, des aires de baignade sécurisées.
La salubrité, un atout majeur
Tout cela permettra, selon Me Augustin Senghor, « de renforcer l’attractivité de Gorée et de régler, pour l’essentiel, la problématique de l’érosion marine devenue un casse-tête ». D’ailleurs, fait-il savoir, le conseil municipal évoquait des scénarii dans lesquels l’île serait littéralement coupée en deux dans les années à venir, comme ce fut le cas avec les îles de la Madeleine (l’île aux serpents).
« Mais heureusement que le projet Waca est venu à l’heure pour régler ce problème », se réjouit-il.
La gestion efficace des déchets demeure un défi majeur à Gorée. Pour maintenir l’île propre et améliorer la qualité de vie des insulaires, la municipalité multiplie les initiatives. Elle a engagé 25 agents regroupés en un Gie dénommé « Gorée développement durable », appuyés par dix agents que la Sonaged a mis à sa disposition.
Chaque jour, explique Abdoulaye Mbaye responsable de l’assainissement, ils assurent le balayage, la collecte, le transport, le tri, le stockage, le compostage et le transfert. Un véritable travail de fourmi mené au quotidien, fait savoir Abdoulaye Mbaye. Le balayage de l’île, renseigne-t-il, se fait quotidiennement, de 8 à 13 heures, et la collecte des déchets tous les jours auprès des ménages, des hôtels et restaurants.
« Une fois la collecte sur toute l’étendue de l’île effectuée, les déchets sont acheminés au centre de stockage et à la plateforme de compostage. Après le tri, une partie des déchets, ceux qui sont putrescibles, c’est-à-dire le restant des aliments, mais aussi les feuilles mortes et les papiers sont transformés en compost.
Les emballages, les bouteilles et sachets en plastique, les canettes et boîtes de conserve sont récupérés à des fins de transformation », fait savoir M. Mbaye. Le dispositif, assure-t-il, est aujourd’hui bien huilé et la pratique bien maîtrisée. Tous les deux jours, ce sont 700 à 800 kg de déchets, parfois même plus, qui sont évacués à Dakar.
Pour le transfert, explique Abdoulaye Mbaye, « la Cfao a fait don à la municipalité d’une pirogue en fibre de verre de 13 mètres de long, 1,5 m de profondeur et 2 m de large et d’une capacité de 4 tonnes. Elle est équipée d’un moteur de 40 chevaux ». La collecte des déchets est gratuite ; les populations ne paient pas.
D’ailleurs, fait-il savoir, la mairie a doté chaque maison de deux poubelles pour faire le tri avant le ramassage des ordures.
À Gorée, la propreté est une réalité, selon son maire. Sur l’île, indique Me Augustin Senghor, les gens ne viennent plus seulement pour aller à la maison des esclaves et repartir.
« On a aussi créé la possibilité pour celui qui est déjà venu, qui a découvert la Maison des esclaves, qu’il ait un autre centre d’attraction. Et l’autre clé d’attractivité, c’est la propreté de l’île », indique-t-il. Le premier magistrat de Gorée annonce un projet de pavage de toute l’île pour faciliter la mobilité des touristes.
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