Les tensions sur les marchés alimentaires sont plus vives que jamais dans le contexte de la guerre en Ukraine. Face aux tensions menaçant l’accès aux engrais dans les pays vulnérables, des solutions doivent être apportées, sinon de nombreuses récoltes seront perdues, ce qui aggraverait encore l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale.

Pour répondre à cette urgence, la France a organisé une réunion de haut niveau en marge de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Lors de cette réunion, nous, représentant la France, le Sénégal au titre de sa présidence de l’Union africaine, la Commission de l’Union africaine, la Commission européenne, le Président du Conseil des ministres de la République libanaise, en présence des dirigeants de la CNUCED, du PAM, de la FAO, du FIDA, du Groupe de la Banque mondiale, du FMI, de l’OMC et de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), sommes convenus de lancer la nouvelle initiative « Opération sauvetage des récoltes », pour promouvoir l’accès aux engrais et autres intrants essentiels par les pays vulnérables :

Nous agirons immédiatement pour réduire les tensions sur les marchés.

Face à la volatilité des prix, notre priorité est de lever les restrictions injustifiées à l’exportation, de lutter contre la spéculation et d’améliorer la transparence des stocks. D’ici au sommet du G20 de Bali, la FAO et l’OMC dresseront une cartographie des restrictions à l’exportation, de la transparence sur les marchés (grâce au système d’information sur les marchés agricoles AMIS), ainsi que des besoins en engrais et des goulots d’étranglement de la production dans les pays vulnérables et notamment en Afrique, afin de formuler des propositions concrètes à l’intention des Chefs d’État et de gouvernement.

Pour faciliter encore davantage la circulation des engrais, l’UE a rappelé les exemptions existantes sur tous les produits agro-alimentaires et la mise à disposition de lignes directrices supplémentaires clarifiant l’applicabilité de son régime de sanctions contre la Russie. D’autres actions de sensibilisation seront menées à très court terme auprès des opérateurs pour réduire les comportements de sur-conformité, notamment en leur octroyant des lettres de confort ciblées. Nous soutiendrons également les efforts déployés par la CNUCED et le PAM pour faciliter la circulation des engrais et de leurs composants essentiels.

Nous créerons un mécanisme d’urgence pour l’achat d’engrais en Afrique.

Nous nous appuierons sur la plateforme africaine d’échanges en ligne ATEX, mise en place par l’Union africaine, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique et Afreximbank, pour mutualiser les demandes, réduire les prix et acheter en priorité des produits africains.

Nous soutiendrons ce mécanisme sur le plan financier, en accroissant la capacité d’Afreximbank à réduire les coûts des financements pour les économies vulnérables, notamment grâce à la prise en compte des risques de change, mais aussi en fournissant des solutions logistiques à bas coût par le biais du « mécanisme de solidarité » mis en place par le Programme alimentaire mondial dans le cadre de l’initiative FARM (mission pour la résilience alimentaire et agricole) en partenariat avec le secteur privé.

Nous soutiendrons les économies les plus vulnérables en accroissant leur marge de manoeuvre financière pour acheter des engrais, en nous appuyant sur notre stratégie de réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS), ainsi que sur le nouveau guichet « choc alimentaire » en discussion au sein de l’actionnariat du FMI.

Nous soutiendrons la production à court comme à moyen terme.

Nous nous appuierons sur la réponse en matière de sécurité alimentaire de la Banque mondiale, qui s’élève à 30 milliards de dollars, pour orienter vers l’Afrique des ressources importantes, destinées notamment aux engrais et à la résilience des systèmes alimentaires.

En lien avec l’initiative FARM, l’Union africaine et le FIDA étudieront une stratégie de soutien à la production et d’accès aux engrais pour les petits producteurs africains, tant à court ou moyen terme qu’à long terme.

Une réunion des dirigeants d’entreprises produisant des engrais sera organisée à Paris en amont du Sommet du G20 de Bali pour intensifier la production aussi vite que possible.

La plateforme ATEX permettra aux producteurs africains de bénéficier de contrats à long terme. Nous étudierons la possibilité d’accords de swap pour veiller à ce que les contrats à long terme déjà souscrits par les producteurs africains puissent bénéficier en priorité aux exploitants africains.

Enfin, nous demandons aux producteurs gaziers du monde entier d’assumer leurs responsabilités en limitant les hausses des prix et en veillant à la transparence des marchés, ce qui est essentiel pour préserver les capacités de production d’engrais dans toutes les régions.

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