Chez certaines personnes, les souvenirs des évènements du quotidien ne s’effacent pas, ou presque : on parle d’hypermnésie. Condition rare documentée depuis le milieu des années 2000, elle fascine les scientifiques qui s’y intéressent, en restant malgré tout peu explorée par la recherche en neuropsychologie. Cet article normalement réservé aux abonné(e)s de Futura vous est offert.

« Tout le monde me disait que j’avais une bonne mémoire. J’ai mis longtemps à comprendre que ce n’était pas seulement ça. » Depuis son enfance, Catherine Dhaussy retient presque tout ce qui lui arrive. Elle se rappelle par exemple les milliers d’heures passées sur les bancs de l’école, ses camarades et professeurs, là où ses amis de l’époque en ont un souvenir bien plus partiel.

Et ce fossé lui a parfois joué des tours, avant qu’elle ne mette le doigt dessus : « J’étais choquée que les gens oublient, je prenais ça pour du mépris !

J’ai dû attendre d’avoir plus de 40 ans pour qu’un  pose le mot « hypermnésie » ».

Bien que rares, des cas de mémoires extraordinaires sont décrits depuis longtemps. Si l’on met de côté les techniques développées afin de retenir plus facilement un grand nombre d’informations, restent les personnes dont la mémoire semble naturellement sans limites.

Le neurologue russe Alexander Luria rapporte un cas célèbre.

À partir des années 1920, il observe et teste les capacités d’un homme capable de se remémorer tous les éléments de sa vie quotidienne. Même après des années, ce dernier se souvient toujours de longues suites de chiffres aléatoires que lui a soumises le médecin.

Cette mémoire « absolue » s’expliquait notamment par une  très poussée : tout ce qu’il entendait ou ressentait provoquait des apparitions de formes et de couleurs dans son champ de vision, qui le marquaient à vie.

Image du site Futura Sciences

Une foule de souvenirs incontrôlée

Mais l’hypermnésie se distingue des mémoires eidétiques, dites aussi photographiques, qui concernent des personnes capables d’enregistrer quasiment tous les détails qu’elles peuvent apercevoir. Les hypermnésiques quant à eux n’enregistrent pas en continu tous les stimuli auxquelles ils sont confrontés, mais gardent le souvenir des évènements qu’ils ont vécus.

Ils ne se souviennent donc pas de tout : c’est plutôt qu’ils n’oublient pas ce sur quoi ils ont porté leur attention. Le premier cas de HSAM, pour highly superior autobiographical memory ( hautement supérieure, ou hypermnésie), a été décrit seulement en 2006. Il s’agit d’une jeune femme dont la masse…

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