Au menu de ce premier anniversaire du pouvoir : des « Boucliers du Projet » mais pas de ministres aux agapes, des pleurs pour un « ndogou » manqué et le retour des milices. Pastef suit le chemin de ses prédécesseurs

Alors, la mission du Fmi, la dette, la Cour des comptes, les chiffres falsifiés, on en parle ou pas ? De toutes les manières, personne n’y comprend goutte…

Revenons sur terre.

Ça passe si vite, un mandat. Cela fait aujourd’hui un an et trois jours que 54% des électeurs sénégalais soldaient leurs comptes avec le régime précédent. La surprise du chef se nomme Bassirou Diomaye Faye, que l’on présente pendant la présidentielle comme l’alter ego d’Ousmane Sonko, lequel bat campagne comme si lui-même était le candidat… Dans les derniers salons où l’on cause, ça parle d’alternance.

La troisième, après la première, celle du Pape du «Sopi», Me Abdoulaye Wade en 2000, qui envoie à la retraite Abdou Diouf après vingt ans de règne, et aux oubliettes le Parti socialiste qui sévit depuis quarante interminables années ; il y a aussi, d’alternance, la seconde, celle de Sa Rondeur Macky Sall, en 2012, dans le touchant scénario parricide du fils modèle qui tue le père indigne.

Tous deux, futurs « alternoceurs », apprivoisent la bête après un laborieux premier tour auquel succède un deuxième vote qui voit le ralliement de tous les laissés-pour-compte devenus des électeurs fâchés.

Le 24 mars 2024 est un tout autre théâtre qui se joue : l’opposant emprisonné à dix jours du scrutin sort de prison – par la magie de palabres nocturnes avec un Macky Sall que sa raison semble déserter – et remporte les élections dès le premier tour, à 54% des votes.

Son CV est riquiqui, il marche dans l’ombre d’Ousmane Sonko depuis une décennie.

A part quelques rares plateaux télévisés où il ne se distingue pas particulièrement et une déclaration pétaradante sur les juges qui le conduit direct en prison, on le connaît à peine : le 24 mars 2024 est une révolution…La majorité des Sénégalais sont en colère depuis bien longtemps. Leur vendre la haine est un jeu d’enfant.

Comme Wade et le PDS qui, entre 1988 et 2000, drainent des foules en colère auxquelles ils promettent de sécher leurs larmes et leurs sueurs, Ousmane Sonko et le parti Pastef, bons plagiaires, vendent l’espoir d’un nouveau monde aux vagues en furie.

Les régimes de Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, avec le temps, deviennent arrogants et imbus de leur supériorité, regardent la négraille de haut, festoient beaucoup, mais sont surtout timorés : ces bons messieurs veulent bien défendre la République, ou plutôt ce qu’il en reste après leur saccage, mais pas à n’importe quel prix.

De compromis en compromissions, ils finissent par déposer les armes.

Bien sûr, avant d’en arriver là, que n’ont-ils pas fait ? Diouf courbera l’échine dix ans pour éviter de faire de l’ombre à Senghor, se gardera d’exister avant de le dénigrer une fois au Palais ; Wade soufflera le chaud le jour et le froid la nuit pour avoir l’adversaire à l’usure ; Macky Sall, aussi, courbera l’échine jusqu’au jour où on le virera de la cour des Wade comme un vulgaire courtisan dont l’empressement finit par s’émousser et la flagornerie commence à sonner faux.

Le PDS est une ordure du PS, et ils sont en train de quitter la scène publique et d’être enterrés ensemble.

Wade se serait bien contenté, déjà sous Senghor, de quelque ministère peinard qui lui permettrait, une fois dans la semaine, de paraître au journal télévisé… De même, l’APR est un déchet du PDS. Macky Sall, que l’art de plaire aux Wade obsèdera jusqu’en 2008, non plus, ne demande alors pas plus que de garder son fromage avec, au dessert, juste un peu de respect.

Jusqu’où nous mènent nos dépits amoureux…

Pastef est un rebut de l’APR, et ils risquent, comme le PS et le PDS, après s’être étripés, de quitter le théâtre politique bras dessus, bras dessous… L’inspecteur des Impôts et domaines, Ousmane Sonko, deviendrait-il un si virulent opposant si on lui confiait par surprise quelque direction nationale alors qu’il réfléchit à ses plans de carrière dans l’Administration ?

Lorsque les Sénégalais confient les destinées du Sénégal à l’opposant Wade, cela fait vingt-six ans qu’il les mène en bateau ; lorsqu’ils se rabattent sur Macky Sall, il est là depuis dix ans aux côtés des Wade. Et il leur faut deux tours pour se laisser convaincre, en 2000 et 2012. L’élection de Bassirou Diomaye Faye l’an dernier est un saut dans, pardon, avec l’inconnu. Et c’est cela, la révolution.

Cette semaine, des militants, pardon, les p’tits soldats de Pastef, qui se surnomment les « Combattants du Projet », pour fêter le premier anniversaire de leur triomphe, choisissent d’organiser des agapes en banlieue. Y’en a un qui profite de l’occasion pour pleurnicher : pas un ministre, pas un député, pas un PCA n’honore ce glorieux anniversaire. Il aurait souhaité que le sang des bovins gicle partout sur les lieux pour que le peuple des mécontents savoure au moins un bon «ndogou».

Rien de tout cela, hélas.

Ça n’entame en rien leur détermination manifestement. Et pour ne rien inventer, les héros du peuple des 54% lancent, dans la continuité des bagarres de rue qui mènent le tandem «Diomaye môy Sonko» au Palais, le mouvement des «Boucliers du Projet».

Rien de nouveau sous un soleil habitué aux gardes prétoriennes privées, qui voit passer en 1988 les «Tontons Macoutes» de Abdoulaye Moctar Diop, cidevant l’un des vénérables deux Grands Serigne de Dakar ; on se souvient aussi des «Calots bleus» du Pds, tout comme des «Marrons du feu» de Macky Sall…

Ce n’est pas la bonne méthode pour rester au pouvoir, apparemment.

Ils en profitent pour rendre hommage à quelques-unes de leurs identités remarquables dont le truculent Cheikh Oumar Diagne, l’ancien collaborateur du président Bassirou Diomaye Faye qui s’en est débarrassé sans états d’âme. J’apprends également que Mody Niang aurait démissionné de son strapontin de PCA du Soleil pour des raisons de santé.

La saison du «moss dèm» serait-elle lancée ?

seneplus

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