Les conséquences sociales des changements climatiques risquent de bouleverser le Sénégal d’ici à 2050, a alerté la Banque mondiale. Selon le Rapport national 2024 sur le climat et le développement au Sénégal du Groupe de l’institution de breton Wood, plus de 2 millions de Sénégalais pourraient sombrer dans la pauvreté, tandis que 55 % des ménages sénégalais risquent de se retrouver sous le seuil de pauvreté.
Ces données alarmantes révèlent les impacts potentiels dévastateurs sur la santé, l’éducation et la qualité de vie dans le pays. Ce rapport, rendu public fin octobre 2024, a exploré les enjeux de la crise climatique pour le Sénégal, soulignant la nécessité de stratégies d’adaptation pour renforcer la résilience de la nation.
Les enjeux climatiques cruciaux et la vulnérabilité du Sénégal
Le Sénégal, déjà exposé aux effets des changements climatiques en raison de sa dépendance aux ressources naturelles et de sa situation géographique, fait face à des défis importants. L’élévation du niveau de la mer, l’érosion des côtes, les variations de températures et les précipitations irrégulières menacent les infrastructures et les modes de vie du pays.
Le rapport souligne que l’érosion côtière entraîne des pertes économiques estimées à 3,3 % du Produit Intérieur Brut (PIB), affectant gravement les terres agricoles et les zones résidentielles en bord de mer.
Impacts sociaux : pauvreté, inégalités et vulnérabilités
Le changement climatique exacerbe les inégalités sociales, notamment pour les populations les plus vulnérables. Le rapport révèle qu’avec une inaction prolongée, plus de 2 millions de Sénégalais risquent de sombrer dans la pauvreté d’ici à 2050.
Cette situation aurait des conséquences catastrophiques pour la santé, l’éducation et la qualité de vie. Actuellement, 55 % des ménages sont à un choc économique près de basculer sous le seuil de pauvreté. Les populations rurales, ainsi que les communautés côtières, qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance, sont particulièrement affectées.
L’agriculture : secteur clé en péril
L’agriculture, pilier essentiel de l’économie sénégalaise, souffre particulièrement des effets du changement climatique. Le pays dépend fortement de l’agriculture pluviale, qui est vulnérable aux sécheresses prolongées et aux irrégularités des précipitations.
Les rendements agricoles pourraient chuter de manière significative, mettant en péril la sécurité alimentaire et les revenus des producteurs. Le stress hydrique, notamment lié à l’accès limité aux ressources en eau, affecte également l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable.
Impact économique : des pertes inquiétantes pour le PIB
Le Rapport national prédit que sans mesures d’adaptation, les pertes économiques dues aux changements climatiques pourraient atteindre de 3 % à 4 % du Produit intérieur brut (PIB) dès 2030 et 9,4 % d’ici à 2050.
Ces pertes seraient principalement liées à la baisse de la productivité dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, de l’énergie, ainsi qu’aux destructions d’infrastructures causées par des événements climatiques extrêmes.
Urbanisation non planifiée : une menace croissante
L’urbanisation rapide, notamment dans la capitale Dakar, aggrave les risques climatiques. Le rapport souligne qu’avec l’augmentation de la population, la zone exposée aux risques d’inondation pourrait croître de 20 à 30 % d’ici à 2050. Les infrastructures et les habitations risquent d’être sévèrement endommagées, entraînant des coûts de réhabilitation élevés.
En outre, les phénomènes climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur et les sécheresses risquent d’aggraver les maladies liées au climat, avec des répercussions sur les systèmes de santé déjà fragiles.
Stratégies d’adaptation : une nécessité impérative
Le rapport plaide pour une série de stratégies d’adaptation afin de renforcer la résilience du Sénégal face aux changements climatiques. Il recommande d’adopter des pratiques agricoles climato-intelligentes, telles que l’utilisation de variétés résistantes au climat, l’agro-écologie et une gestion améliorée de l’eau, notamment grâce à des systèmes d’irrigation. Le renforcement de la gestion des ressources en eau, le reboisement des zones de mangroves et l’amélioration de la gestion des risques urbains sont également des priorités essentielles.
Résilience urbaine et transition énergétique : des priorités pour le Sénégal
La gestion des risques urbains et l’investissement dans des infrastructures résilientes sont cruciales. Il est essentiel de renforcer les infrastructures de drainage et de protection contre les inondations dans les grandes villes, tout en favorisant une urbanisation planifiée. Le Sénégal peut également tirer parti de son potentiel en énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles et encourager une transition énergétique bas-carbone.
Financement et gouvernance : un défi à relever
Le financement de l’action climatique reste une priorité. Le rapport estime les besoins financiers à 8,2 milliards de dollars entre 2025 et 2030 et à 10,6 milliards de dollars entre 2031 et 2050 pour mettre en œuvre les stratégies proposées. Le Sénégal devra renforcer la gouvernance de ses ressources naturelles et coordonner les efforts entre les secteurs public et privé, ainsi qu’avec les partenaires internationaux.
Le changement climatique comme opportunité de réinvention
Bien que le changement climatique soit un défi majeur, il offre au Sénégal une occasion unique de réinventer son modèle de développement. Avec des politiques ambitieuses et inclusives, et une mise en œuvre efficace des stratégies d’adaptation, le Sénégal peut devenir un leader régional dans la lutte contre le changement climatique et la transition vers un avenir durable et prospère.
VivAfrik