Le gouvernement du Tchad a annoncé une contribution de 10 milliards de F Cfa pour alimenter le fonds pour l’indemnisation des victimes du régime de Habré. Une indemnisation que réclament les victimes de Habré depuis sa condamnation en 2016.

Les choses commencent à bouger pour l’indemnisation des victimes de Habré. Le président du Conseil militaire de transition du Tchad a donné des instructions à son «ministre des Finances de mettre à la disposition du fonds pour l’indemnisation des victimes du régime de Hissein Habré, la somme de 10 milliards de F Cfa au titre de la contribution» de son pays. Dans un courrier adressé au président du Conseil d’administration du Fonds pour l’indemnisation des victimes du régime de Hissein Habré, le directeur de Cabinet civil adjoint demande à ce dernier «de bien vouloir faire le nécessaire» pour leur «transmettre les coordonnées bancaires où sera logée ladite contribution».

Dans ce même élan, Abdel-Nasser Mahamat Allgarboa souligne que, dans le cadre du «processus de réconciliation nationale engagé à travers le dialogue national inclusif et souverain, le chef de l’Etat tient à ce que l’indemnisation des victimes démarre le plus rapidement possible». Pour ce faire, ajoute-t-il, «nous vous demandons de nous envoyer votre agenda réaliste pour répondre aux attentes des victimes».

Après le procès de l’ex-Président tchadien, Hissein Habré, organisé par les Chambres africaines extraordinaires à Dakar, environ 82 milliards de francs Cfa devaient être versés à quelque 7400 victimes identifiées, via un fonds fiduciaire de l’Union africaine. Le fonds a été mis en place par l’Ua en 2018, mais depuis, il peine à être alimenté. D’ailleurs, en janvier dernier, les victimes de Habré avaient, lors d’une conférence de presse, appelé le président de la République, qui s’apprêtait à prendre la présidence de l’Ua, à faire de cette indemnisation, une priorité. Depuis la condamnation de Hissein Habré le 30 mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (Cae), les victimes courent après leur indemnisation.

Le fonds a été mis en place par l’Ua deux ans après, mais n’est toujours pas opérationnel. Après s’être battues 25 ans pour voir leur «bourreau» jugé et condamné, les victimes se livrent à une autre bataille, celle de la réparation. Lors de la conférence de presse du Collectif de victimes de Habré en janvier dernier, Me Assane Dioma Ndiaye avait lancé un appel au Président Sall sur Rfi.

«Monsieur Macky Sall a un second rendez-vous avec l’histoire. On commence à mettre en place le Conseil d’administration du fonds. L’Union africaine a déjà mis 5 millions pour alimenter ce fonds, mais les victimes attendent toujours l’opérationnalité de ce fonds. Ce serait d’abord une victoire personnelle pour monsieur Macky Sall, ensuite, ce serait une victoire pour le Sénégal. Et la 3e victoire, ce serait celle de l’Afrique. L’Afrique qui juge ses propres fils.» Et d’ajouter : «Tant que les victimes ne sont pas indemnisées, le procès de Hissein Habré aura un goût d’inachevé.»

Pour rappel, Hissein Habré, chassé du pouvoir en 1990 par Idriss Deby Itno, s’est réfugié au Sénégal. Après plusieurs années de lutte pour obtenir justice, ses victimes vont voir leur «bourreau» condamné à perpétuité par les Cae en 2016 et détenu à la prison de Cap Manuel. Il est décédé le 24 août 2021 du Covid-19, à l’âge de 79 ans.

lequotidien

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