Alors que le rapport tant attendu de la Cour des comptes sur la gestion financière sous Macky Sall aurait déjà été remis aux autorités, son contenu reste mystérieusement inaccessible au public
Des informations fiables indiquent que le fameux rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques, sous le magistère de Macky Sall, serait déjà publié. Il aurait été remis au président de la République, à Ousmane Sonko, El Malick Ndiaye et Cheikh Diba.
Mais curieusement, contrairement à la pratique habituelle, le public sénégalais est laissé dans l’ignorance.
Y’aurait-il des informations sécrètes ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko avait assuré, le jeudi 26 septembre 2024, que le régime du président Macky Sall avait laissé le pays dans un état proche de la ruine totale. Il a même déclaré que le régime du président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires en falsifiant les chiffres pour donner une image économique qui n’a rien à voir avec la réalité.
Il est allé jusqu’à parler de carnage financier.
Sûr de son fait, le Premier ministre a annoncé que la Cour des comptes, qui a pour mission de certifier les comptes de l’Etat, sortira son rapport qui viendra conforter le travail des enquêteurs de l’administration financière de l’Etat.
Parmi les coupables de la gabegie, le Premier ministre a inclus tous les ministres des Finances de Macky Sall durant ces dix dernières années, leur demandant des explications sur «l’état dans lequel ils ont plongé le pays».
Deux mois après, la Cour des comptes a pu recevoir le rapport du ministère des Finances qui a servi de base aux affirmations du chef du gouvernement.
Ladite Cour avait trois mois pour rendre son rapport, qui devait être disponible au 24 décembre 2024. Le Quotidien, sur la base d’informations internes à la Cour, avait avancé que le document était prêt, mais que sa parution était retardée à la demande de l’Exécutif.
Cela nous avait valu une mise au point du Premier président de la Cour, M. Mamadou Faye, qui nous disait notamment que «la Cour n’a reçu aucune demande du gouvernement pour en «retarder» la publication».
Il faut pourtant savoir que le retard pris par la Cour des comptes, retarde d’autant le marasme des finances publiques.
Depuis les accusations du Premier ministre, le Fonds monétaire international (Fmi), partenaire incontournable de nos financiers, même si leurs partisans le vouent aux gémonies, a suspendu toute coopération avec l’Etat, attendant la publication du rapport définitif de la Cour des comptes.
Le pays ne peut donc plus lever de nouvel Eurobond, ou aller sur le marché international pour contracter des prêts.
Nous sommes contraints de nous suffire de ce que nous pouvons obtenir sur le marché de l’Uemoa, et qui n’est pas extraordinaire. D’autre part, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note souveraine du Sénégal, nous obligeant à emprunter à des taux encore plus élevés.
Pourtant, le Premier ministre nous promet encore et toujours que quand le rapport de la Cour des comptes sera rendu public, on verra qu’il était même en-dessous de la réalité. Ce qui n’a fait que rendre l’opinion impatiente de connaître enfin la vérité.
Et voilà que Le Quotidien apprend que le fameux rapport de validation des comptes de Macky Sall est disponible et remis aussi bien au président de la République, au Premier ministre, au président de l’Assemblée nationale qu’au ministre des Finances et du budget.
Cela, depuis le vendredi dernier.
Bizarrement, contrairement à l’orthodoxie et à la pratique de la Cour, le fameux rapport n’est pas encore rendu public. Sur le site de l’institution, on ne trouve que des documents anciens, et loin en rapport avec la question qui intéresse tous les Sénégalais.
Le Premier président de la Cour des comptes, M. Mamadou Faye, n’a pu être joint hier sur son téléphone.
Le responsable de la Communication de la Cour a indiqué sur sa boîte vocale qu’il allait répondre à notre appel. Jusqu’à l’heure du bouclage du journal, il n’avait pas rappelé.
Ce qui soulève encore plus de questions.
Pourquoi le Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas jugé utile de rendre public ce rapport, lui qui nous en a annoncé plein de révélations ? On ne le connaissait pas tant de circonspection.
La preuve, même le 26 septembre dernier, il a dû forcer la main à certains de ses ministres pour participer à sa fameuse conférence de presse. Et il ne se gêne jamais pour parler, quand il en a envie.
De plus, la circonspection de la Cour des comptes n’accrédite-t-elle pas les bruits selon lesquels les conclusions du rapport n’ont pas agréé tous les membres de l’institution, et que certains auraient même souhaité en modifier des parties, «pour ne pas embarrasser l’autorité» ?
Si cela avait été nié en son temps, le nouveau silence pourrait donner un second souffle à ces allégations.
Quoi qu’il en soit, comme disent certains observateurs, cela va prendre tout le temps que cela prendre, mais l’opinion finira par prendre connaissance de ce document.
lequotidien