Bédié Mbow, spécialiste en chimie organique – La peau est le plus gros organe du Bés bi a donné la parole à un chimiste qui explique et décortique les composantes des produits utilisés, leurs manifestations et leurs effets.
Dr Bédié Mbow, professeur assimilé en chimie organique à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad. Il s’arrête aussi sur la peau, cet organe qui subit la loi des «ennemis de la nature».
La peau est le plus gros organe du corps. Elle recouvre tout notre corps et nous protège contre les éléments nocifs de l’environnement comme les températures chaudes et les germes. La peau est importante pour de nombreuses fonctions corporelles. Elle participe à la synthèse de la vitamine D qui est essentielle à la croissance et à la santé osseuse.
Cette vitamine D est indispensable pour fixer le calcium.
Elle joue un rôle important dans le maintien de l’homéostasie phosphocalcique. Un déficit en vitamine D a pour conséquence des troubles de croissance chez l’enfant (rachitisme) et une augmentation du risque de fractures chez l’adulte (ostéomalacie). C’est pourquoi d’ailleurs, des cas de fracture des os deviennent de plus en plus fréquents chez les personnes en carence de vitamine D (généralement les dépigmentées).
La peur de vieillir, au prix de sa vie !!!
C’est quoi ce pigment nécessaire, mal aimé ? Mélanine
La mélanine est un pigment naturel qui entre en jeu dans la couleur de notre peau, nos poils, nos cheveux et nos yeux. En effet, sa concentration est environ la même chez tous les êtres humains.
Ce qui nous différencie, c’est la concentration en pigment, qui elle, est inscrite dans nos gènes. En effet, on reste tous différents, certains sont clairs et d’autres le sont moins ! Son rôle essentiel est de nous protéger contre les dommages cutanés comme les rayons ultra-violets (UV) lors d’une exposition au soleil.
Où se situe la mélanine ?
La mélanine est synthétisée par le mélanocyte. Le mélanocyte est situé à la jonction entre le derme et l’épiderme, c’est-à-dire dans la couche basale. Pour faire simple : au milieu de la peau A la base, les agents à vertu dépigmentant sont couramment utilisés en dermatologie dans le traitement des troubles de la peau, principalement dans l’hyperpigmentation (excès de mélanine) post-inflammatoire et dans le mélasma.
L’efficacité de ces agents a conduit à détourner leur usage, à des fins non thérapeutiques, dans la dépigmentation volontaire (DV) avec comme objectif l’éclaircissement du teint naturel de la peau. Cette pratique, de plus en plus répandue en Afrique subsaharienne, est devenue un réel problème de santé publique car elle entraîne de graves complications à la fois dermatologiques et systémiques.
Ce phénomène «de mode» révèle un aspect socio-anthropologique certain qui assimile la couleur noire de la peau à une vision négative et inférieure de l’être humain.
En ce qui concerne la dépigmentation de la peau, l’inverse du processus se produit.
On remarque une diminution de la production de mélanine, principalement attribuable à la détérioration des cellules responsables de la synthèse de ce pigment, ce qui entraîne un dysfonctionnement Comme évoqué précédemment la dépigmentation de la peau se manifeste par une altération de la couleur de la peau, résultant à une diminution, voire une absence totale de mélanine dans certaines zones.
Ce pigment protège l’ADN des rayons du soleil (UV)
La molécule d’ADN, également connue sous le nom d’acide désoxyribonucléique, se trouve dans toutes nos cellules. C’est le «plan détaillé» de notre organisme aussi appelé «code génétique» : l’ADN contient toutes les informations nécessaires au développement et au fonctionnement du corps. L’ADN est organisé en gènes, qui sont des segments spécifiques de cette molécule, et chaque gène code pour une protéine ou une fonction biologique particulière.
La plupart des dommages à l’ADN causés par du rayonnement comportent des modifications chimiques des nucléotides qui provoquent l’apparition de liaisons chimiques qui ne devraient pas être là.
Ces liaisons chimiques altèrent la forme de l’ADN. Cette altération a pour conséquence : un état de dormance irréversible, connu sous le nom de sénescence ; une mort par suicide cellulaire, également connue sous le nom d’apoptose ou mort cellulaire programmée ; une division cellulaire non contrôlée qui va conduire à la formation d’une tumeur cancéreuse.
Glutathion, Collagène, Kenacor, Gélule Transparency, Q10 …
Tous ces produits, soit de synthèse ou «d’origine naturelle» sont à la base des médicaments qui doivent être utilisés sous prescription médicale et à des doses bien maitrisées et bien contrôlées. Aujourd’hui, il est établi que les femmes utilisent ces produits pour d’autres fins, sans contrôle et sans se soucier, soit par ignorance, soit par négligence, des effets secondaires sur leur santé.
Étant des antioxydants (comme la vitamine C), le rôle principal de ces produits est de protéger nos cellules des radicaux libres et autres molécules réactives à l’oxygène et en stimulant le métabolisme et la prolifération des cellules. Leur fonction principale est d’éliminer de manière efficace ces radicaux libres afin de rétablir un équilibre au sein de l’organisme.
Ces radicaux libres sont responsables de la modification de l’ADN dans l’organisme, donc pouvant entrainer un cancer entre autres maladies dégénératives.
Le glutathion est un antioxydant fabriqué naturellement par le corps dans le foie à partir de trois acides aminés : l’acide glutamique, la glycine et la cystéine. C’est un produit censé induire une dépigmentation cutanée. Il faut noter que si la vitamine C a effectivement des propriétés prouvées sur la prévention et le traitement des taches cutanées, il n’en est rien pour le glutathion.
Pire encore, il est possible, d’après sa composition chimique (phénol), que son utilisation au long cours entraîne la fabrication de toxines cancérigènes appelées quinones.
Au Ghana voisin par exemple, les autorités ont émis une alerte en octobre 2021 : les injections de glutathion «posent un risque significatif pour la santé» avec des «effets secondaires toxiques pour le foie, les reins et le système nerveux», ou pouvant engendrer le «syndrome de Stevens Johnson», un pourrissement de la peau.
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