Depuis une trentaine d’années, nous assistons impuissants à la ruée vers la terre des prédateurs politiciens.

Les politiciens, leurs amis et les hommes d’affaires qui sont leurs amis font main basse sur tous les terrains en ville comme en campagne.

Les politiciens pour mieux asseoir leur OPA sur toutes les terres ont mouillé les marabouts qui, eux aussi, reçoivent leur part de ce gâteau particulièrement juteux.

Il n’y a presque plus de terrain libre dans nos villes.

Les moindres poches de terrain sont débusquées et attribuées à une clientèle politique, à des amis, à des parents des politiciens.

La terre est devenue, au même titre que les licences d’importation, un moyen d’enrichir rapidement un ami politique.

Il suffit de lui attribuer un terrain qui dépasse largement ses besoins dans un endroit à Dakar où le coût du mètre carré dépasse 500 000 Fcfa pour lui donner la possibilité en morcelant le terrain de financer la construction d’un R+5 ou plus.

Il va habiter le premier étages, faire du rez-de-chaussée des magasins à louer et, enfin, louer les appartements des autres étages.

Ainsi a-t-on fabriqué, en ne dépensant un seul franc, une rente à vie, pour ce client politique et sa famille.

Une simple signature, une simple instruction fait d’un pauvre type, sans aucun mérite, un homme riche à vie, avec un héritage impérissable pour sa progéniture.

Ce procédé a enrichi particulièrement depuis les années 1996 une infime partie de la population, un très grand nombre de politiciens affiliés aux trois pouvoirs successifs.

Les terrains réservés aux infrastructures sociales, éducatives et culturelles ont été les principales victimes de ces prédateurs de notre patrimoine commun.

Les terrains dédiés aux infrastructures sportives, aux aires de jeux des enfants et aux espaces verts disparaissent chaque jour au profit de cette clientèle politique vorace appauvrissant considérablement le cadre de vie de nos quartiers.

Cette aristocratie de prédateurs fonciers s’est accaparée des terres du domaine maritime dans beaucoup d’endroits du pays et aussi des domaines fluviaux.

À Dakar, des villas rutilantes sont construites en bordure d’océan, en violation flagrante de l’interdiction de construire sur le domaine maritime.

Les Sénégalaises et les Sénégalais ont de moins en moins la possibilité d’observer l’océan en empruntant la Corniche.

C’est une usurpation d’un bien naturel commun que cette caste de parvenus a opérée en s’accaparant illégalement des terres du littoral et en obstruant la vue de tout un peuple sur ce trésor de la nature qu’est l’Océan Atlantique.

Ailleurs ce sont les terres agricoles et pastorales qui sont distribuées aux politiciens et à leurs amis au détriment des agriculteurs et des pasteurs.

Dans les Niayes sous le prétexte de l’exploitation du zircon, les terres sont retirées aux paysans.

À la fin de l’exploitation, après leurs aménagements, ces terres ne sont pas restituées à leurs propriétaires originels. Elles sont affectées à des projets de cités au bénéfice des prédateurs fonciers.

Ce qui se passe dans les Niayes est une grande opération d’usurpation foncière accompagnant l’exploitation du zircon. Les grands perdants ce sont les agriculteurs et les pasteurs.

Partout c’est la ruée des prédateurs vers l’or foncier.

Avec la complicité des pouvoirs successifs, la terre, ce bien du peuple, est cédée à des particuliers, à des entrepreneurs Sénégalais et étrangers au détriment de la jouissance communautaire et équitable de ce don de la nature.

Le moment est venu de stopper vigoureusement et définitivement cette dérive foncière.

Sans cela, la jeunesse et les générations futures n’accèderons jamais plus à la propriété foncière, à une maison, à un terrain pour un champ et à un espace de pâturage pour le bétail.

Nous devons stopper la privatisation-usurpation des terres pour sauvegarder un environnement et un cadre de vie propices à une vie saine et épanouissante.

Cette ruée vers l’or foncier a produit un corps de fonctionnaires dont une bonne partie est parmi les plus corrompus du Sénégal.

La transformation nationale passera par le règlement sans compromis, ni compromission de la question foncière au Sénégal.

Prof Mary Teuw Niane

xibaaru

Part.

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