L’essai, ‘’l’Afrique dans le temps du monde’’, retrace la production d’une conscience historique d’une modernité différente de celle de l’Europe, a expliqué son auteur, l’historien sénégalais, Mamadou Diouf.

Édité par les éditions Rot-Bo-Krik, cet ouvrage de 109 pages, est une série de questions dont l’auteur a essayé de discuter autour de trois interpellations notamment celle d’Ousmane Sembene qui reprochait aux historiens de ”manger le temps”.

Il s’articule également autour de l’interpellation du psychologue indien Ashis Nandy qui accuse les historiens d’avoir adopté le discours du colonisé produit par le colon et celle de l’anthropologue sud-africain Archibald Mefege, considérant l’histoire comme ‘’une discipline occidentale à oublier’’.

Dans son récit, le professeur Mamadou Diouf signale que la colonisation de l’Afrique par les puissances européennes, a été alimentée par l’intervention d’une hiérarchie raciale et d’un ensemble d’opérations par lesquelles, les communautés africaines ont été ‘’dépossédées de leur culture et expulsées du territoire de l’histoire’’.

Il indique que face à cette expropriation et à ce bannissement, l’Afrique et la diaspora noire n’ont pas manqué de produire des contre-récits de la ‘’mission civilisatrice’’ de l’Occident.

L’auteur soutient que l’on ne peut pas parler de l’histoire d’Afrique sans réécrire d’abord celle du monde.

‘’J’ai essayé de prêter une oreille beaucoup plus attentive à la littérature africaine mais aussi, à me positionner à partir des commentaires du Prix Nobel américain Tony Morrison et de son appréciation sur cette dernière’’, a déclaré Pr Mamadou Diouf, mardi, lors d’une conférence axée sur son ouvrage ‘’l’Afrique dans le temps du monde’’.

Pour lui, ”l’avenir de l’Afrique demeure un retour à une organisation communautaire. D’où son appel, ”à une reconstitution africaine pouvant permettre aux communautés de vivre dans des espaces territoriaux mieux repenser”.

‘’Il faut qu’on imagine des États qui peuvent être de fragments qu’on peut mettre ensemble’’, a-t-il estimé.

Pr Diouf a soutenu que ses interrogations participent à la construction des récits qui selon lui, ne restent pas ‘’provisoires’’ mais plutôt, appelés à ‘’changer’’.

‘’Dans la première phase de ma vie, je me suis intéressé sur la question de la résistance africaine et la deuxième c’était l’histoire urbaine où j’essayais de voir les arts de la citoyenneté’’, a-t-il expliqué.

D’après lui, il s’agissait de voir comment les arts racontent l’histoire et comment des groupes ont essayé par ces derniers, de comprendre les choses.

‘’Les concentrations culturelles sont des concentrations qui expriment le changement notamment celui de la musique tropicale au Mbalax et de celui-ci au Rap’’, a-t-il laissé entendre.

Il ajoute que les arts de la citoyenneté demeurent un travail que la culture exécute dans les situations dans lesquelles l’on se trouve.

Intellectuel et historien sénégalais, Mamadou Diouf enseigne l’histoire et les études africaines à l’université Columbia de New York (Etats-Unis).

Il est auteur de plusieurs ouvrages, dont le ‘’Kajoor au 19ème siècle, l’histoire du Sénégal, etc.

Né à Rufisque, Pr Mamadou Diouf est aussi spécialiste de la colonisation africaine et des sociétés subsahariennes.

aps

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