Le lancement, hier, au camp militaire Colonel Georges Boissy de Ziguinchor du laboratoire de mesure de la charge virale consacre, officiellement, le démarrage de cette unité qui vient garantir la continuité du service dans la prise correcte des patients au niveau du Centre médical interarmées de Ziguinchor qui, dans le cadre du concept ‘’armée-nation’’, accueille plus de 80 % de civils.
Ziguinchor constitue une zone particulièrement vulnérable, au vu de sa position stratégique à cheval entre deux pays (la Gambie et la Guinée-Bissau) et une zone frontalière entre les régions de Sédhiou et de Kolda. Avec 01,5 % de prévalence, la région médicale du Ziguinchor fait partie des régions où le taux du VIH est le plus élevé. La région est, par ailleurs, confrontée à certaines difficultés liées au suivi des patients, malgré les efforts consentis par l’État qui a mis une unité de charge virale à l’hôpital de la Paix, à l’hôpital Silence et de petites unités au niveau des districts sanitaires de la région. Malheureusement, ces unités tombent souvent en panne ou font face à des problèmes de réactifs ou d’utilisation.
Par rapport aux différents indicateurs à l’atteinte des 3/95, il faut rappeler que, relativement au dépistage de 95 % des personnes qui vivent avec le VIH, Ziguinchor est à 78 %, à la fin de l’année dernière. Il y a un gap à combler comme dans le suivi des personnes. La région est à 49 %. Par contre, par rapport à la mise sous traitement, 96 % des personnes qui ont été dépistés sont sous traitement.
Face à ces données peu reluisantes pour la région de Ziguinchor, ‘’il urge de promouvoir et de faciliter le recours à un traitement contre le VIH en vue du maintien d’une charge virale indétectable en tant que stratégie de prévention’’, a indiqué Massogui Thiandioum, le directeur technique de l’Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS). C’est dans cette optique que le gouvernement américain, à travers le DHAPP (Département of Défense HIV/AIDS Prevention Program), qui appuie depuis 2002 le Sénégal, a élaboré et a mis en œuvre des programmes de prévention, de soins et de traitement du VIH/sida avec l’assistance technique et financière de l’ANCS, a décidé de doter le Centre médical interarmées de Ziguinchor de cette unité de mesure de la charge virale qui va polariser les régions de Sédhiou et de Kolda.
La cérémonie de réception de cette importante plateforme a eu pour cadre, hier, le camp militaire Colonel Georges Boissy de la capitale sud du pays. C’était en présence, entre autres, du commandant la zone militaire n°5, le colonel Thierno Ndour, du directeur technique de l’ANCS Massogui Thiandioum, du représentant de l’ambassadeur des États-Unis Docteur Papa Moussé Ndiaye et du pharmacien-colonel Babacar Faye chargé du Programme de lutte contre le sida dans les armées. Lequel a indiqué que, contrairement aux préjugés, le taux de prévalence au niveau des armées est à 0,5 %. ‘’Les dernières études de 2015 affichaient 0,3 % dans l’armée et dans la gendarmerie. Chaque année, nous faisons des évaluations en interne, des séries de dépistage, et la tendance à la baisse se maintient. De 2019 à 2020, nous étions à 0,15 %’’, a-t-il renseigné.
Pour le médecin-commandant Youssouf Tine, Médecin-Chef de la région médicale de Ziguinchor, la mise en place de cette unité va garantir une continuité de service au cas où les autres unités ne seraient pas fonctionnelles. Selon lui, cette installation vient en appoint à tous les efforts qui sont consentis par l’État du Sénégal dans le relèvement du plateau technique de la région médicale de Ziguinchor. Elle s’inscrit en droite ligne de la volonté du chef de l’État de faire de Ziguinchor un hub médical. Mais également du concept ‘’armée-nation’’, puisque plus de ‘’80 % des patients du centre médical interarmées sont des civils’’, a relevé le Comzone, le colonel Thierno Ndour qui a remercié et félicité tous ceux qui se sont investis pour l’obtention de cet important outil de prise en charge des personnes vivant avec le VIH.
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