Le film ‘’Black Tea’’, présenté, samedi, en avant-première à Dakar, évoque l’Afrique d’une autre façon, un continent qui veut des rapports d’égalité, a dit son réalisateur, le Mauritanien Abderrahmane Sissako.
‘’Il était important de montrer un continent qui veut l’égalité’’, a-t-il soutenu, lors d’une conférence de presse au cinéma Pathé.
Cette romance dramatique d’environ 1heure 46 minutes, tournée à Taïwan après ”un rejet de la Chine”, mais aussi en Côte d’Ivoire et au Cap-Vert, est avant tout une rencontre humaine entre l’Afrique et la Chine à travers l’histoire d’amour entre l’Ivoirienne Aya et le Chinois Gai.
Cette production fabriquée avec une équipe sénégalaise met en scène Aya, une jeune femme d’une trentaine d’années, qui dit non le jour de son mariage en Côte d’Ivoire, à la stupeur générale et puis émigre en Chine.
Dans cette ville où elle s’est bien intégrée, car parlant bien le mandarin comme d’ailleurs tous les Africains du film, Aya travaille dans une boutique d’export de thé avec Cai, un Chinois de 45 ans dont elle tombe amoureuse.
Leur histoire survivra-t-elle aux tumultes de leurs passés et aux préjugés ? Le réalisateur a choisi la séance du thé pour rassembler deux cultures, mais surtout dit-il ”apprendre à connaître l’autre, à ouvrir les portes”.
Le thé est très symbolique.
C’est pour montrer un continent capable d’embrasser la culture de l’autre, d’aller vers l’autre, c’est une force, pas une faiblesse”, se défend-t-il.
Abderrahmane Sissako qui a fait ce film dix ans après ”Timbuktu” (2014), le juge ”important” parce qu’il le sort du continent pour évoquer l’Afrique d’une autre façon.
”C’est un continent qui nous est cher et il n’est pas à nous seuls”, a affirmé le réalisateur quelques heures avant l’avant-première.
Pour lui, ”au-delà des difficultés qui peuvent se passer ça et là, des conflits qui sont parfois meurtriés et qui peuvent se passer dans l’indifférence +la guerre au Soudan est une tragédie africaine+, c’est un continent qui arrive à se tenir debout, à se battre au quotidien, une bataille tenue par la jeunesse”.
Abderrahmane Sissako dit présenter un film ”optimiste” qui montre le dynamisme d’une Afrique tout en espérant que la route de la soie jadis commerciale deviendra dans l’avenir ”humaine” portée par une nouvelle génération loin de celle des grands-parents de Li-Ben, le fils de Gai, pleins de préjugés, de stéréotypes sur l’Afrique.
”Black Tea” présenté en février dernier à la Berlinale (Festival international de film de Berlin) évoque plusieurs sujets parmi lesquels l’identité, l’endurance des femmes qui souffrent en silence, l’émigration, les rapports humains, et aussi cette réflexion entre l’amour et le bonheur.
D’une beauté extraordinaire avec ses plans de champ de thé, mais aussi ses scènes nocturnes, ”Black tea” donne une autre image de la Chine loin de celle d’une puissance économique qui aujourd’hui est partout sur le continent.
Le film qui sort le 11 octobre prochain sera projeté dans 19 pays en Afrique et 56 salles de cinéma sur le continent, informe le staff du réalisateur.
aps