Les intolérants qui veulent rayer le mot « neutre » du dictionnaire ne sont rien d’autre que des apprentis dictateurs qui n’ont aucune force mentale pour faire admettre leur point de vue politique. Le monde est aussi réduit que leur univers mental : celui qui n’est pas avec moi est contre moi, ce qui est différent de moi est foncièrement et ontologiquement mauvais. Ils tentent de cerner les intelligences en appauvrissant le langage. C’est de cette façon que Staline a massacré des milliers de russes et qu’Hitler a fait les atrocités que l’on connait.

La neutralité est non seulement possible, mais parfois elle est requise pour faire preuve d’objectivité : impartialité. Voix neutre : qui n’est marqué par aucun sentiment ou éclat. Grammaire : les mots neutres, c’est-à-dire ni masculin ni féminin. Ces gens qui disent que la neutralité n’existe pas sont pourtant les premiers à reprocher aux juges leur parti pris, leur manque de neutralité. Ce qui veut dire donc qu’ils trouvent naturel que le juge, l’arbitre de football soient naturellement incapables d’arbitrer sans parti pris. C’est vraiment triste a affligeant ce degré zéro de la tolérance qui se prend pour de la pensée profonde.

La culpabilité est comme de la lise (sable mouvant) : plus on se débat pour prouver son impossible innocence, davantage on s’enlise. Rejeter la culpabilité sur autrui, amonceler des problèmes pour ajourner le sien, parler pour ne rien dire : tels sont les astuces dont se sert le naufragé psychologique. S’il y a une sagesse, une courte phrase qu’on devrait rappeler tous les matins aux hommes politiques, c’est bien celle-ci « momento mori ». Souviens-toi que tu vas mourir ! Les historiens des civilisations antiques expliquent que quand un général romain revenait victorieux de la guerre, le Sénat et la Plèbe lui organisaient une parade dans les rues de Rome. Cette parade faste et glorifiante avait entre autres objectifs de montrer aux ennemis la puissance militaire de Rome. Mais la grande sagesse antique, précautionneuse et méthodique, mettait le général ainsi exalté à côté d’un esclave qui lui disait : « momento mori ». Quelle belle manière de rappeler aux héros leur ultime vanité, leur facticité, leur simple humanité.

Neutralité axiologique (Max Weber), neutralité diplomatique (les non-alignés), neutralité politique (député non-inscrit, ce qui a toujours existé), neutralité artistique (les membres du jury qui décernent les prix sans parti pris)… Que veulent réellement ceux qui théorisent l’impossibilité de la neutralité ?

C’est Henri Poincaré qui répond à cette question : « La recherche de la vérité doit être le but de notre activité ; c’est la seule fin qui soit digne d’elle… Cependant quelquefois la vérité nous effraye. Et en effet, nous savons qu’elle est quelquefois décevante, que c’est un fantôme qui ne se montre à nous un instant que pour fuir sans cesse, qu’il faut la poursuivre plus loin et toujours plus loin, sans jamais pouvoir l’atteindre… Nous savons aussi combien elle est souvent cruelle et nous nous demandons si l’illusion n’est pas non seulement plus consolante, mais plus fortifiante aussi ; car c’est elle qui nous donne la confiance. Quand elle aura disparu, l’espérance nous restera-t-elle et aurons-nous le courage d’agir ? C’est ainsi que le cheval attelé à un manège refuserait certainement d’avancer si on ne prenait la précaution de lui bander les yeux. »

Pape Djiby Fall n’a peut-être pas besoin de « père », ce dont il a besoin, c’est de grandir, d’être un sillon différent et de faire mieux que les autres. C’est la démocratie qui y gagne : on ne doit pas redouter la différence et l’émulation. Ne pas s’aligner est une tradition à l’Assemblée nationale, l’essentiel c’est, en tant qu’opposant, de ne jamais rejoindre le pouvoir et de voter les lois en fonction des idées et programmes qu’on a vendus à ses électeurs. Qui a finalement peur de la diversité ?

Alassane K. KITANE

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