Lors du conseil des ministres du 22 mai 2024, le Président Bassirou Diomaye Diakhar a lancé un signal fort à ce niveau en invitant son Gouvernement à lui préparer un projet de loi d’orientation sur l’autonomisation économique durable des femmes.

Le conseil des ministres du 05 mars dernier est revenu de façon plus large sur ledit projet de loi d’orientation en dessinant les thématiques majeures que celui-ci doit adresser.

Ma contribution sur ce grand chantier, qui va certainement permettre à l’écosystème entrepreneurial féminin de faire un saut qualitatif, va être structurée autour de deux grands défis :

Défi1 : Le renforcement de l’encadrement dans les politiques publiques de soutien à l’entrepreneuriat féminin

Le véritable challenge des années à venir pour la politique de promotion de l’entrepreneuriat féminin devrait permettre de repenser la structuration de l’écosystème pour favoriser une autonomisation économique durable des femmes dans la perspective de faire d’elles de véritables actrices de notre secteur privé pour s’engager sur le sentier du développement.

Pour ce faire, deux déterminants fondamentaux doivent être adressés impérativement :
1.     La cohérence de l’opérationnalisation des politiques publiques en faveur de la cible
 
Le déficit de partage et de concertation dans la mise en œuvre des politiques publiques d’appui à l’entrepreneuriat féminin constitue une contrainte majeure à l’atteinte des objectifs. Il ne favorise pas une efficience dans l’utilisation des ressources et réduit la transparence, la visibilité et l’impact des interventions.

Il s’agira de renforcer les synergies entre les structures d’appui-conseil étatiques et non étatiques par la mise en place d’une plateforme mutualisée.

De même, les dispositifs financiers et non financiers doivent impérativement coordonner leurs actions d’accompagnement et de financement. Il est crucial de trouver des passerelles de collaboration étroites et stabilisées pour créer plus d’impact.

La réorganisation de l’écosystème entrepreneurial féminin et l’instauration de synergies entre acteurs sont devenues des nécessités, au moins pour cinq raisons principales :

•       Assurer une bonne coordination des politiques publiques en faveur des femmes pour un suivi harmonisé des interventions. Cette coordination va permettre de gagner en efficacité et en efficience par la rationalisation des ressources financières. C’est aussi un élément de contrôle qualité d’indicateurs prédéfinis, mais aussi de reddition des comptes de toute la chaine de financement.

•       Demander au niveau international, très souvent avec les différentes conventions, la production de statistiques globalisées pour mesurer les avancées de notre pays par rapport à l’autonomisation des femmes (ONU, ODD, etc.).

•       Veiller au recentrage de la politique publique autour de la souveraineté économique pour une nouvelle orientation du secteur de l’entrepreneuriat féminin bâti autour d’activités à fort potentiel local et à impact transformationnel.

•       Insuffler une grande efficience et de l’efficacité dans la conduite des politiques publiques adressées à cette cible. Cela, pour plus de maîtrise de la cartographie des besoins et arbitrer plus facilement les interventions, notamment celles des partenaires étrangers.

•       Passer à l’échelle de la digitalisation afin d’assurer un meilleur suivi des activités et surtout la disponibilité de données agrégées pour mesurer les avancées observées.

Ainsi, la cohérence de l’opérationnalisation du dispositif de promotion de l’entrepreneuriat féminin et de l’autonomisation économique des femmes passe inlassablement aussi par une politique de centralisation des systèmes d’information des structures d’intervention.

À l’image du Bureau d’information sur le crédit (BIC), il doit être mis en place et encadré un Bureau d’information sur les financements de l’État (BIFE) en faveur des femmes, des jeunes et des couches vulnérables. En effet, dans le cadre de l’inclusion sociale et financière, l’intervention par une politique publique pour accompagner des cibles à haut risque est louable et même pertinente si elle est bien encadrée.

Un système d’information unifié va permettre d’élargir le champ d’action en évitant la possibilité à de quelconques bénéficiaires potentielles d’avoir plusieurs financements, ce qui les protège aussi du surendettement.
 
2.     La redéfinition d’une nouvelle politique décentralisée de promotion de l’autonomisation économique des femmes : construire des dynamiques progressives par cercles concentriques

Le premier marqueur de l’ère de la troisième alternance doit être la mise en place d’une politique cohérente de promotion de l’emploi des jeunes et des femmes avec une opérationnalisation territorialisée. Aujourd’hui, l’enjeu est de réussir le passage à la décentralisation économique.

La zonification de la mise en œuvre de la politique de promotion des femmes et même des jeunes peut être un accélérateur de souveraineté et, dans une large mesure, de développement. En effet, chaque pôle identifié dispose inéluctablement de potentialités naturelles et de réalités socioculturelles qui lui sont propres.

La politique de l’emploi, y compris l’auto-emploi, doit être définie surtout dans sa composante opérationnelle sur les avantages comparatifs que lui confère son écosystème immédiat avec un encadrement approprié. L’enjeu est de faire de la décentralisation un levier efficient et efficace au service de l’économie locale et ensuite nationale.

En effet, l’objectif est de repenser la politique de l’emploi de façon générale, celle de l’autonomisation économique des femmes particulièrement.

Cela nécessite une redéfinition des missions pour mettre en place une administration économique décentralisée capable d’impulser un environnement incitatif, inclusif et sécurisé sur la base des potentialités existantes.

Il s’agit de mettre en place un véritable dispositif local de politiques publiques et de suivi des ressources injectées et des objectifs assignés dans le cadre d’un contrat de performance. Cette territorialisation des politiques de promotion des femmes et de l’emploi des jeunes va permettre aux autorités administratives (gouverneurs, préfets, etc.), en plus de l’équité dans les interventions, de jouer pleinement leur rôle d’acteurs économiques locaux.

Un système de gouvernance locale d’harmonisation des actions va aider à mettre en place une cohérence des interventions de l’ensemble des acteurs.

Qui plus est, cet encadrement au niveau local ou zonal a pour avantage de mieux connaitre les acteurs qui y interviennent, les axes d’intervention ainsi que le suivi des livrables pour mesurer les performances et les impacts sur la cible.

Ce dispositif va jouer, indéniablement, un rôle d’orientation pour les décideurs publics par rapport aux urgences recensées, mais aussi par rapport au secteur privé sur les opportunités potentielles à saisir.

Ainsi, on assistera à une meilleure maîtrise des cibles du dispositif d’accompagnement financier et non financier. Une gestion de proximité entraine forcément un niveau d’information plus élevé et les risques de passagers clandestins sont quasi éliminés.

Défi 2 : Le renforcement de la gouvernance institutionnelle et mécanismes incitatifs de promotion de l’autonomisation économique des femmes

Sur le plan de la gouvernance du secteur, compte tenu des enjeux au niveau national et international, de nouveaux instruments plus appropriés doivent être mis en place.

A.    La Haute Autorité en charge du statut de la femme

Une réflexion sur la mise en place de cette structure ne serait pas de trop en vue d’un meilleur encadrement du secteur. Son principal rôle dans cette volonté d’impulser l’entrepreneuriat féminin et d’assurer l’autonomisation des femmes.

De façon spécifique, il s’agira d’évaluer l’ensemble des projets et programmes d’autonomisation des femmes ; de prodiguer des recommandations de bonnes pratiques ; de veiller à la production de statistiques régulières avec une approche genre ; de donner son avis sur la prise en compte du genre dans les nouveaux projets/programmes ;  de réguler le secteur relativement à la loi d’orientation pour un meilleur encadrement  et de développer l’appui-conseil dans la définition des politiques publiques locales en lien avec le secteur de l’entrepreneuriat féminin.

La mise en place d’un cadre normatif devrait permettre à la Haute Autorité de disposer de moyens adéquats et de veiller au suivi correct et régulier dans l’application des politiques publiques relatives à l’autonomisation économiques des femmes.

  1. La Caisse nationale de Développement de l’Entrepreneuriat féminin (CNDEF)

La mission qui sera assignée à cet instrument financier est la mobilisation des ressources internes et externes pour le secteur de l’entrepreneuriat féminin. En effet, des ressources substantielles devront être mobilisées. Un système de taxation de secteurs ciblés du tertiaire peut être mis en place pour financer le développement de l’entrepreneuriat féminin.

De même, l’épargne intérieure, surtout celle des femmes et de la diaspora, peut aussi être un instrument très attractif en matière de mobilisation de ressources à bon marché.

Dans la phase de mise en œuvre, la CNDEF pourrait ensuite créer une filiale de société de capital-risque pour accompagner l’autonomisation économique des femmes. Ce mode de financement peut aider les femmes à investir dans les secteurs à forte croissance de développement.

Maintenant, pour rester cohérent avec la territorialisation des politiques publiques, la société de capital-risque filiale de la CNDEF peut être installée dans chaque pôle économique identifié et servir de levier financier public-privé au développement du terroir.

C.  Un secteur privé féminin fort

 Le renforcement de la place de la femme dans le secteur privé est aussi une urgence de premier ordre dans le positionnement de ces dernières à la tête de notre économie.

Il s’agit d’encourager les femmes cheffes d’entreprise à intégrer le cercle très restreint du secteur privé avec un rôle de premier rang pour les femmes.

Ce serait un signal fort de voir aujourd’hui le Président en visite dans d’autres pays, être accompagné de femmes cheffes d’entreprise pour dénicher des marchés ou nouer des partenariats. Mon souhait le plus cher est que ce rêve se réalise sous ce quinquennat.

Cependant, cela suppose d’abord en amont des réformes importantes en termes d’accompagnement et d’encadrement des femmes.

La conjugaison des réformes politiques, juridiques et réglementaires aux investissements publics et privés va permettre d’élargir l’accès au capital, aux marchés, et surtout aux réseaux d’investisseurs.

Il est légitime de fonder de l’espoir sur le renforcement de la politique de promotion de l’entrepreneuriat féminin à travers le projet de loi d’orientation sur l’autonomisation durable des femmes. C’est mon intime conviction !

Investir dans les femmes aujourd’hui, c’est miser pour un développement endogène durable.

Les États qui mobiliseront des ressources financières importantes au niveau international sont ceux qui auront anticipé, au niveau interne, sur le développement d’un secteur privé féminin fort, structuré, représentatif, engagé et capable de saisir des opportunités d’investissement pour les transformer en richesses à l’échelle mondiale.
 
Abdoulaye SECK
Administrateur du Fonds national de l’Entreprenariat féminin
Auteur de l’ouvrage : Les politiques publiques de promotion de l’entrepreneuriat féminin au Sénégal

lejecos

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20 commentaires

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