Après moins d’une année de Gouvernance, Pastef -qui se présente comme un bloc monolithique, extrêmement monolithique- commence à se désagréger, à être victime de ses contradictions internes. Des voix autorisées, en toute liberté, se sont ouvertement indignées contre la décision récidiviste du président de la République, lequel est, selon la Constitution, le détenteur du pouvoir de nommer aux emplois civils et militaires.

Leçon de l’histoire : cette formation politique (un des avatars du populisme) ne s’est adossée -et ne s’adossera jamais- sur rien de solide. Toute la stratégie de ce parti repose sur la création de mythes et de mensonges. La dichotomie entre le système et l’antisystème, si bien moulue et insérée dans les casuistiques de millions de jeunes, est un éléphant blanc.

Elle n’a jamais existé.

Mais, comme le dit Lénine : «Lorsqu’une idée pénètre le Peuple, elle devient une réalité sociologique.» Ce fol espoir de rupture par rapport aux vieilles pratiques clientélistes et politiciennes est malheureusement incrusté dans bon nombre d’imaginaires.

Les défenseurs du «Projet» ont été horripilés de voir que ceux qui étaient récemment accusés de tous les maux de Nubie, comme par coup de magie, sont allègrement nommés par celui qui a bénéficié de l’onction légitimatrice de leur président. Le système et l’antisystème, selon eux, sont en train d’être imbriqués à nouveau. D’où l’intérêt de mettre les bouchées doubles dans la virulence de l’indignation.

Fadilou Keïta, qui n’est décidément pas rassuré par l’autorité de Diomaye, a dirigé la rébellion contre celui-ci, sans être matraqué par un décret le défenestrant illico presto.

C’est devenu maintenant une routine de se désolidariser de la majorité quand les décisions du chef paraissent désagréables.

Un canard peu fréquentable a suggéré, dans l’ironie, que la Présidence soit supprimée. Pas si saugrenue, cette idée, au regard de la docilité inquiétante du Président.

Il a fallu que Ousmane, en véritable lion agacé par les rugissements de ses congénères, sorte nuitamment de sa tanière pour jouer au pompier-pyromane, afin de maîtriser les débordements des courroux. Il s’est aussi prononcé, pour le condamner, sur la façon ordurière dont ses fidèles -qui sont les premiers ennemis de leur religion, maugrée-t-il- ont exprimé leur ras-le-bol.

Ceux qui n’ont pas été frappés d’amnésie ont retenu un seul bout de phrase de son intervention à la sauvette : «On ne menace pas un président de la République.» Plus simple : on ne s’attaque, pour rien au monde, aux institutions de la République !

Diomaye, fût-il plus atone que notre économie, n’est pas à menacer ; il ne l’acceptera jamais !

Cette injonction a une signification (ou une saveur) bien plus particulière : le Pmos, après avoir formé ses cerbères dans la désacralisation des institutions, veut maintenant les convaincre au respect de l’autorité et à la courtoisie républicaine. Il est temps qu’ils fassent leur mue, car les choses ont changé sous le soleil ; il y a du nouveau…

Il sera excitant de voir comment Pastef arrivera à gérer ses problèmes internes -bientôt quadratures- pendant les cinq prochaines années de leur mandat, qui s’effiloche comme une soie dominée par le soleil. L’implosion est à leurs trousses, car le temps est un juge qui prononcera, quoi qu’il arrive, la sentence ultime pour le mensonge : le triomphe de la vérité.

Pour ranger mon encrier avant de le déranger très prochainement, je rappelle cette évidence que j’avais clamée dans ces colonnes : c’est la loi des vainqueurs, comme toujours, avec Pastef. Les vaincus seront les malheureux occupants des geôles à foison du ministre de la Justice.

Quand le Pmos, déguisé en procureur de la République, avait notifié à Farba Ngom -qu’il qualifie péjorativement de «griot de Macky»- que les Législatives étaient la dernière élection à laquelle il participait, il devait deviner que sa dernière demeure sera une geôle. La Justice, c’est la justice du Pmos. Le méconnaissable Ousmane Diagne n’est apparemment là que pour obéir à ses ordres, comme il l’a voulu et déclaré devant Dieu et Ses créatures.

Farba aura besoin d’un arsenal de gris-gris et de la bénédiction des divinités, pour s’extirper des griffes des fauves qui le pourchassent. Ce ne sera pas une partie de plaisir, en tout cas.

Baba DIENG
diengbaba@icloud.com

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