Le Sénégal n’a pas été reconduit au Comité des Droits humains de l’ONU rapporte dimanche soir La Voix Plus parcourue par Maderpost.
L’Assemblée générale a procédé, hier samedi 15 octobre, à l’élection de 15 des 47 membres du Conseil des droits de l’homme (CDH) pour la période 2024-2026. Le vote se déroulait à bulletin secret et les candidats devaient obtenir au moins 97 voix, soit la majorité des 193 États Membres de l’Assemblée. Sur les 17 candidats en lice cette année, 10 États, sans concurrents dans leurs régions respectives, ont décroché, sans surprise, un siège chacun.
Il s’agit de l’Indonésie (186), du Koweït (183), du Japon (175) et de la Chine (154). Ces pays ont été endossés par les États d’Asie et du Pacifique. Le Malawi (182), la Côte d’Ivoire (181), le Ghana (179) et le Burundi (168), investis par le Groupe des États d’Afrique, rejoindront le CDH. Les deux premiers s’engagent pour un nouveau mandat. Quant à la région des États d’Europe occidentale et autres États, elle sera représentée par les Pays-Bas (169) et la France (153).
Les deux sièges vacants des États d’Europe orientale, convoités par trois candidats, ont été finalement remportés par la Bulgarie, avec 160 voix, et l’Albanie, avec 123 voix. Quant à la Fédération de Russie, avec seulement 83 voix, elle n’a pas été élue. Il faut rappeler que ce pays était membre du CDH jusqu’à sa suspension, le 7 avril 2022, par l’Assemblée générale, en raison de la guerre qu’il mène en Ukraine.
Enfin, le vote a départagé les quatre candidats en lice pour les trois sièges du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes qui seront occupés par Cuba (146), le Brésil (144) et la République dominicaine (137) dont c’est le premier mandat. Le Pérou n’a totalisé que 108 voix. Le Nigéria qui n’était pas candidat a obtenu 3 voix.
Les pays élus sont donc l’Albanie, le Brésil, la Bulgarie, le Burundi, la Chine, la Côte d’Ivoire, Cuba, la France, le Ghana, l’Indonésie, le Japon, le Koweït, le Malawi, les Pays-Bas et la République dominicaine. Les 15 États élus aujourd’hui siégeront au Conseil des droits de l’homme à partir du 1er janvier 2024, aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Allemagne, de l’Argentine, du Bangladesh, de la Belgique, du Bénin, du Cameroun, du Chili, du Costa Rica, des Émirats arabes unis, de l’Érythrée, des États-Unis, de la Finlande, de la Gambie, de la Géorgie, du Honduras, de l’Inde, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de la Lituanie, du Luxembourg, de la Malaisie, des Maldives, du Monténégro, du Maroc, du Paraguay, du Qatar, de la Roumanie, de la Somalie, du Soudan et du Viet Nam.
Le Sénégal qui n’a pas été reconduit va quitter l’organe le 1er janvier prochain. Plusieurs experts redoutaient cette situation malheureuse pour le Sénégal à cause des violations multiples des libertés individuelles et collectives notées ces derniers temps ainsi que les troubles sociales enregistrées dans le pays.
Pour rappel, le Sénégal a été en proie du 1er au 3 juin à ses pires troubles depuis des années après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. L’annonce de la condamnation a déclenché des violences qui ont fait officiellement 16 morts, mais l’ONG Amnesty International estime à 23 le nombre de morts.
Pour sa part, le Haut-Commissariat avait évoqué « au moins » 16 personnes tuées, 350 blessées et plus de 500 arrêtées lors de trois jours de manifestations, entre le 1er et le 3 juin.
Le Haut-Commissariat s’était également préoccupé par « la poursuite des restrictions » à la liberté d’expression et de réunion pacifique. D’ailleurs, le conseil souligne que depuis les manifestations du 3 juin, les autorités ont refusé d’autoriser des manifestations. Pour l’ONU, il est de la responsabilité première des autorités sénégalaises de préserver le respect de longue date du pays pour les traditions démocratiques et l’État de droit.
Le HCDH avait ainsi demandé donc à Dakar de garantir les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression, ainsi que le droit à l’information. Il s’agit aussi de veiller à ce que les journalistes puissent exercer leur profession librement et en toute sécurité, en particulier à l’approche de l’élection présidentielle de 2024.
Ce n’est pas la première fois que le Sénégal est épinglé sur cette question. En novembre 2018 déjà, le Comité des droits de l’homme considérait que Karim Wade n’avait pas eu droit à un procès équitable.
En effet, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait rendu le jeudi 7 novembre 2019 ses observations, très critiques, sur la situation au Sénégal.
Il est notamment question de la gestion des dossiers Karim Wade et Khalifa Sall, tous deux empêchés par le Conseil constitutionnel de se présenter à la présidentielle de février dernier au motif de leurs condamnations judiciaires.
Six points positifs pour 22 sujets de préoccupation. C’était un réel désaveu pour le Sénégal, qui concerne surtout le rejet des candidatures de Khalifa Sall et Karim Wade à la présidentielle. Évoquant « les deux principaux opposants politiques », le comité onusien s’est dit « préoccupé par le fait que les personnes privées de liberté au Sénégal ne peuvent pas exercer leur droit de vote, ni être éligibles ».
Le fils de l’ancien président a en effet été jugé devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, la CREI. Cette dernière ne permet pas aux condamnés d’interjeter appel. Ce qui constitue, selon le comité, une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont le pays est signataire.
« Deux violations qui viennent d’être corrigées avec le rétablissement des deux responsables politiques Karim Wade et Khalifa Sall qui sont désormais autorisés à participer aux élections. Sauf qu’au même moment, on empêche un autre opposant de prendre part à la compétition démocratique en l’occurrence Ousmane Sonko sans compter les milliers de personnes privés de liberté, la plupart pour avoir émis leur opinion sur la situation du pays », dit La Voix Plus.
Un véritable camouflet pour la diplomatie sénégalaise qui a toujours essayé de se défendre par le biais de Me Aissata Tall Sall, mais qui n’a sans doute jamais convaincu les membres de l’organe. Un signal fort pour le président Macky Sall et ses souteneurs qui nourrissent l’ambition de le voir à la fin de son mandat au poste de secrétariat général de l’ONU.
Le Comité des droits de l’Homme est un organe de surveillance du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, responsable du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et ses protocoles facultatifs. Il rend des avis et des recommandations aux 173 États parties du pacte, sans pouvoir de contrainte.
Le Comité des droits de l’Homme vise à s’assurer du respect par les 173 États parties du Pacte international relatif aux droits civils et politiques entré en vigueur en 1976
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