Les causes de l’érosion côtière du littoral sud sont connues. En effet, des spécialistes estiment que l’érosion côtière du littoral sud est principalement causée par des facteurs naturels dont le plus en vue est le changement climatique mais aussi par des actions anthropiques, toutes choses à l’origine de l’avancée de la mer, un phénomène qui menace les habitats et la riziculture, activité agricole ancestrale dont dépendent grandement les populations locales dont l’inquiétude grandit de plus en plus face à la menace qui se précise.
« L’un des facteurs de vulnérabilité de cette partie du littoral sénégalais, est lié à la baisse de la pluviométrie associée au relèvement des températures du globe » lié au changement climatique, a estimé Tidiane Sané, enseignant-chercheur au département de géographie de l’Unité de formation et de recherche (UFR) des sciences et technologies de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ).
L’enseignant-chercheur a expliqué que « le déficit pluviométrique et le relèvement des températures ont accentué l’exposition du littoral sud à Diémbéring, et sénégalais de manière générale, aux différentes dynamiques ».
Poursuivant son analyse, le géographe a ajouté qu’à Diembéring, « le relèvement du niveau de la mer, la salinité des eaux et des sols, l’acidification des terres et l’ensablement des rizières, ont amené la riziculture dans une situation extrêmement difficile ».
Salinité élevée des rizières
La baisse de la pluviométrie a provoqué dans cette partie sud du pays, la remontée de l’eau de mer jusqu’au-delà de Djanna Malary, dans la région de Sédhiou, selon l’enseignant-chercheur à l’UASZ.
« Les chenaux de marée envahis par l’eau de mer et la salinité élevée, ont entrainé la perte des parcelles rizicoles », relève M. Sané.
A l’en croire, l’autre facteur de vulnérabilité du littoral sud est lié au fait qu’il est « essentiellement constitué de sable ».
Il fait observer que « sa caractéristique morpho-dynamique est essentiellement basée sur du sable, et donc facilement modelable ». Selon lui, « cette caractéristique morpho-dynamique est à l’origine du recul très rapide du trait de côte du littoral sud ».
Il rappelle que pendant la période coloniale, un phare avait été construit sur la plage de l’île de Diogué, à 100 mètres de l’eau.
« Mais aujourd’hui, le trait de côte, dans son évolution vers la terre ferme, est au-delà de ce phare, d’environ 200 mètres », note l’enseignant, pour décrire l’évolution rapide du trait de côte.
Dans les villages côtiers et insulaires de Diembéring, l’avancée de la mer a détruit le rideau protecteur constitué de la plage et de la végétation du littoral qui fixait le sable dunaire.
La mer avance vers les bas-fonds des rizières et les habitations des villageois qui disent craindre le pire pour leur avenir.
Le long du littoral de Diembéring, des dunes de sabls morcelées s’affaissent au contact des vagues qui déferlent.
L’écosystème de mangrove est affecté sur des kilomètres : des bandes de filaos et de palétuviers sont à terre. Une mer qui gagne du terrain sur le littoral, de puissants houles et mouvements de marrées constituent le décor sur cette plage.
Pour sa part, l’hydrologue Cheikh Faye, enseignant chercheur au département de géographie de l’Université Assane Seck de Ziguinchor a souligné que « l’érosion côtière est causée principalement par le déferlement des vagues sur la plage ».
« Ce déferlement de vagues entraîne la destruction des dunes du littoral, du couvert végétal, et des parcelles rizicoles destinées à porter la culture de riz », fait-il observer. Il relève que « l’avancée de la mer est due au changement climatique accentué par les gaz à effet de serre provenant des industries ».
De son côté, Bamol Ali Sow, enseignant-chercheur au département de physique (laboratoire d’océanographie des sciences de l’environnement et du climat) de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, soutient que « les facteurs naturels ne sont pas les seuls responsables des impacts notés sur le littoral casamançais ».
Selon l’océanographe, en plus des facteurs naturels, « le littoral de Diembéring, en passant par Diogué et d’autres localités côtières, a subi aussi de fortes pressions anthropiques (action de l’homme) ».
« La composante anthropique s’est traduite sur le littoral par le prélèvement du sable, la construction d’ouvrages sur le domaine public maritime, qui ont impacté le transit sédimentaire », a-t-il précisé. Cette situation a contribué ainsi « à l’érosion côtière », a conclu Bamol Ali Sow.
VivAfrik