C’est l’été, sur la route des vacances. Vous lancez Google Maps sur votre smartphone, pour rouler jusqu’à une destination idyllique.
À moins que vous préfériez Waze ?
Ce sont finalement des deux faces d’une même pièce (Google possède Waze). Ajoutons Plans à l’équation, pour celles et ceux qui seraient inféodés à l’écosystème Apple. Reste qu’un dénominateur commun est identifiable à ces différentes applications de navigation : elles appartiennent toutes à un géant du web, et récoltent pour la plupart de juteuses informations personnelles sur leurs utilisateur·ices.
Même si Apple tient à sa réputation de chevalier blanc de la protection des données personnelles, son application de navigation fonctionne, comme Maps, en vase clos. Difficile de savoir comment elle fonctionne précisément et quelles données sont vraiment récoltées par le service.
Or, se passer en 2024 d’une application de navigation est illusoire.
Pratique, instantané, accessible en quelques secondes et en quelques gestes sur son smartphone, elle permet à la fois de consulter un itinéraire, mais aussi d’obtenir des informations sur les établissements environnants (horaires, notes, photos…).
Sommes-nous condamnés à laisser s’échapper nos données personnelles pour nourrir l’ogre Google, ou une autre voie est-elle possible ? C’est ce que nous allons tenter d’explorer dans cet article.
Pourquoi choisir une application open source ?
Vous le savez, l’informatique est une affaire de binarité. C’est aussi vrai en ce qui concerne les logiciels, qui se regroupent grossièrement en deux catégories. D’un côté les programmes dont le code est ouvert (open source), de l’autre ceux dont le code est fermé.
L’une des plus fréquentes idées reçues au sujet des logiciels open source est qu’ils seraient moins sécurisés (« n’importe qui peut bidouiller le code ! »). C’est mal connaître la nature d’un projet ouvert. Il ne s’agit pas de laisser un accès libre à tous les paramètres qui régissent le programme, mais bien de permettre à qui le souhaite de passer son code en revue. De regarder sous le capot, si vous préférez.
L’intérêt ? Éprouver les promesses de l’éditeur dudit logiciel et l’en tenir pour responsable.
Il est noble de déclarer ne collecter aucune donnée personnelle sur ses clients. Ça l’est encore plus de laisser des organismes tiers vérifier ses dires en analysant le code source.
Il est là, l’enjeu de l’open source : établir un contrat de confiance entre l’entreprise qui édite le logiciel et les personnes qui l’utilisent. Un impératif de transparence, qui anime notamment la riche et foisonnante communauté des « libristes », les développeurs (et fervents promoteurs) des applications open source.
Google Maps, une app difficile à remplacer
Ce qui nous amène au cœur de cet article. Oui, Google Maps, c’est très bien. Riche d’une base de données cartographique quasi exhaustive, le service du géant de Mountain View jouit d’un véritable monopole sur la navigation mobile. D’après The Washington Post (via Fast Company), l’application de Google s’arrogeait quelque 80 % du marché de la navigation mobile en 2020.
Il faut dire qu’elle est préinstallée sur la totalité des smartphones Android du marché — ça aide. Pourquoi diable vouloir utiliser autre chose ?
Pour ne pas laisser Google prendre connaissance de nos moindres faits et gestes, par exemple. Des données qui vont lui servir à dresser un profil publicitaire toujours plus précis de notre personne, pour nous cibler avec des annonces toujours plus tentantes et pertinentes.
Opter pour une application de navigation open source peut s’inscrire dans une volonté de « dé-googliser » son quotidien. Aujourd’hui, beaucoup de services phares de Google ont une alternative libre et gratuite qui ne remet pas en question la souveraineté de nos données personnelles. Mais pour ce qui est de la navigation, c’est un peu plus délicat.
On l’a dit, Google Maps ne sert pas qu’à se déplacer. L’app nous informe sur la vitesse à adopter sur l’autoroute, nous indique les voies fermées à la circulation et les accidents en cours. Elle nous permet de voyager sans bouger de notre canapé, grâce à des fonctionnalités de visualisation 3D impressionnantes, et nous informe sur les commerces alentour ou les meilleurs restaurants du coin. Google Maps, c’est un véritable hub… et c’est difficile à remplacer.
Aussi, on préfère l’écrire noir sur blanc : aucune alternative complète à tout ce qu’offre Maps n’existe aujourd’hui. On peut néanmoins se reporter sur d’autres solutions pour la navigation et des informations géographiques simples.
Les alternatives libres à Google Maps
OpenStreetMap, le concurrent le plus solide
Aujourd’hui, le concurrent le plus sérieux à Google Maps est OpenStreetMap (OSM). Comme son nom le laisse deviner, ce projet open source est collaboratif et repose sur la participation de quelque 2 millions de membres dans le monde.
L’essentiel des cartes est mis à disposition grâce à des données cartographiques publiques, qui sont affinées par la communauté. Elle s’échine à les maintenir à jour et à les rendre plus pertinentes.
En tant que tel, OpenStreetMap se présente comme une « simple » carte, ne proposant pas de fonctionnalité additionnelle. C’est la communauté, justement, qui va développer des surcouches permettant de se rapprocher, un peu, de Google Maps.
OsmAnd, l’app adaptée à la navigation
Pour la navigation, on aura ainsi tendance à se diriger vers OsmAnd, disponible sur iOS et Android. Cette application permet d’établir des itinéraires (totalement hors ligne, par ailleurs), de consulter des points d’intérêt et d’obtenir des informations à leur propos grâce à une intégration de fiches Wikipédia.
La communauté est également assez friande de Organic Maps, un fork du projet MAPS.ME dont nous parlons plus bas. Un peu comme OsmAnd, Organic Maps propose des fonctionnalités de navigation basées sur les données d’OSM. Les cartes sont téléchargeables et accessibles hors ligne. Petit plus : les sentiers de randonnée sont aussi répertoriés.
Prenons un moment pour revenir sur le cas de MAPS.ME. À l’origine connu sous le nom de MapsWithMe et utilisant les données libres d’OpenStreetMap, le service a été racheté en 2014 par le groupe russe My.com, qui en a changé le nom et la philosophie. En grande partie financée par la publicité, l’application n’est plus totalement open source, suscitant de fait des craintes de la communauté quant à son caractère respectueux de la vie privée.
Passée depuis 2020 aux mains d’un autre propriétaire (Daegu Limited), l’application revendique toujours quelque « 140 millions de voyageurs » dans le monde, d’après sa fiche Play Store. Dans un revirement stratégique étrange et ne faisant rien pour apaiser l’inquiétude des fans de la première heure, MAPS.ME intègre désormais un service de paiement et de virements internationaux.
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