Madame Béatrice Soulé, réalisatrice, productrice, agente de l’œuvre du sculpteur sénégalais Ousmane Sow, comme elle se définit, a pondu un long texte paru le 2 septembre 2022 à travers certains sites d’informations générales du Sénégal.
« Gorée n’est pas seulement « l’île aux esclaves » visitée aux heures chaudes par les touristes », ce début de phrase trahit son fond de pensée paternaliste et néocolonialiste. Non, Gorée est plutôt l’île-mémoire grâce à l’assumation d’une histoire tragique imposée, à la bravoure et au refus de nos ancêtres et surtout à notre devoir de pardon. Vous insistez sur l’île aux esclaves, il n’y a plus d’esclaves encore moins d’esclaves modernes contrairement à ce vous pensez Béatrice Soulé, Madame l’agente de l’œuvre du sculpteur Ousmane Sow.
Vous affirmez : « L’île de Gorée, il faut beaucoup, beaucoup l’aimer pour pouvoir la supporter. Ou plutôt pour supporter la maltraitance dont elle est victime et dont sont victimes ceux qui l’aiment » avec comme illustration, la photo de l’université des Mutants de votre complice Xavier Ricou dans cette entreprise de dénigrement et de néo-révisionnisme. Alors que même ce même Ricou, habitant de Gorée, exclut la plupart des familles dans le programme « Regards sur Cour » de visite de grandes maisons de Gorée qui abritent d’œuvres d’art.
Non, Madame Béatrice, votre amour sur Gorée n’est pas sincère, c’est un amour d’intérêt avec votre bande d’amis français qui voudraient s’accaparer des bâtisses de Gorée pour en faire un projet juteux et touristique sans bourse délier. Les autorités insulaires et étatiques ont été vigilantes.
Vous écrivez aussi : « Gorée, c’est une île à l’architecture métissée d’une beauté inouïe, mais c’est aussi une île qui tombe en ruine en raison de l’incurie d’un gouvernement qui semble ne pas compter dans son vocabulaire le mot « patrimoine » et de l’Unesco, qui n’a peut-être pas conscience de son abandon ».
Et pourtant, c’est ce même gouvernement qui a dressé un plan de sauvegarde et de valorisation de Gorée en cours. Et avec l’apport des partenaires institutionnels. Vous ne le dites pas. Ensuite, vous n’avez pas qualifié le gouvernement français d’incurie quand la cathédrale de Notre-Dame de Paris a pris feu les 15 et 16 avril 2019, pendant près de 15 heures. Et pourtant, vous, pseudo-militante du patrimoine, vous n’avez rien écrit sur le Patrimoine historique de la Cathédrale française victime d’incendie sauvage, construit entre les XIII et XIV èmes siècles.
C’est votre projet personnel et non collectif qui a échoué, quand vous faites tomber votre masque : « En 2013 , il y presque dix ans maintenant, tout ce que Gorée comptait de personnes a tenté de créer un mouvement citoyen et de lancer un appel intitulé « Sauvons Gorée ». C’est parce que la manipulation n’a pas pris car quand des insulaires ont su que vous êtes derrière ce mouvement pour des objectifs inavoués, cela n’a pas tenu.
Décidément, bail gratuit de 99 ans, vous dites. Les Goréens et les autorités n’ont pas besoin de propositions de spéculateurs fonciers. D’où qu’ils viennent de France, d’Asie ou d’ailleurs. Le Plan de sauvegarde et de valorisation est en cours. Vous êtes mal placée pour donner des leçons de moral ou pour dénigrer à tout vent les gouvernements africains qui ne feront jamais votre jeu et lasseront jamais des étrangers venir s’accaparer des biens du Sénégal et d’Afrique. Déjà, la France-Afrique est un vieux souvenir. La vigilance est de rigueur et la riposte sera cinglante.
Par ailleurs, nous rendons hommage au sculpteur Ousmane Sow qui est resté lui-même et s’est évertué à faire ce qu’il avait envie de faire, c’est-à-dire restituer la trajectoire des Massaï, des Peulh, des Nouba, de la bataille de Little big horn, malgré certaines réticences.
Salimata DIOP
Actrice culturelle/Sénégal
xibaaru