La 29ème édition des traditionnelles « Mardi du BAME » tenue ce mardi 16 avril 2024 à l’auditorium de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) pôle de recherche de Hann à Dakar pose le débat de la projection de l’agriculture sénégalaise d’ici à 2050 et est axée sur de multiples questionnements.
Il s’agit entre autre de répondre aux questions suivantes : quel modèle agricole pour l’agriculture sénégalaise ? Comment projeter et comment éclairer les politiques publiques ?
Comment éclairer les partenaires qui sont les agriculteurs pour le choix de la meilleure agriculture qui permet de satisfaire des besoins en alimentation, de préservation de l’environnement et les besoins de nutrition, a confié Dr Astou Diao Camara, directrice du Bureau d’analyse macro-économique (BAME) par ailleurs chercheure à l’ISRA.
L’objectif principal de l’événement est de partager et de discuter avec les participants les principales conclusions de l’exercice de prospective « AgroEco2050-Sénégal » et ses implications pour les systèmes agroalimentaires durables au Sénégal.
Ainsi, les experts ont mené une étude prospective qui a voulu partir d’un état des lieux à savoir quelle est la situation de l’agriculture au Sénégal ?
En se projetant sur l’avenir, ils se sont interrogés « sur le modèle agricole en 2050, quelle configuration pour cette agriculture au sens large du terme que ça soit la production végétale, l’élevage ou la pêche », a dit Mme Camara qui a précisé que le travail est fait avec le concours du ministère de l’Agriculture et de la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAES) lors de l’événement public qui a pour thème : « L’Analyse prospective de l’agriculture sénégalaise en 2050 : agro-industrie versus agro écologie ».
La directrice du Bureau d’analyse macro-économique a ajouté que « les décisions qu’on prendrait pour promouvoir un modèle ou un autre, ou bien la coexistence entre les modèles permettraient de savoir l’implication sur l’emploi, les revenus et la préservation de l’environnement ».
Signalons que le paysage agricole du Sénégal subit des transformations significatives face aux défis d’une population en croissance rapide et d’une demande croissante en matière de sécurité alimentaire.
Malgré des taux de croissance notables dans l’agriculture, le secteur reste vulnérable aux aléas climatiques et à la hausse des prix des intrants, exacerbés par les crises mondiales.
Mis en œuvre conjointement par le gouvernement du Sénégal, le Centre de coopération internationale de recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’ISRA-BAME, la DyTAES et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec le soutien financier de la GIZ pour le compte du BMZ, AgroEco2050-Sénégal apparaît comme une initiative essentielle visant à informer les visions à long terme pour l’agriculture sénégalaise.
AgroEco2050 Sénégal est un exercice collectif de construction de l’avenir auquel participent des scientifiques, des agriculteurs, des décideurs politiques et des institutions.
Combinant des approches qualitatives, quantitatives et participatives, AgroEco2050-Sénégal visait à clarifier et à quantifier deux visions différentes de ce que pourraient être l’agriculture, l’alimentation, la nature, l’emploi et le bien-être au Sénégal d’ici à 2050.
Une vision était basée sur l’intensification de l’agriculture industrielle conventionnelle (IA), tandis que l’autre était basée sur la mise à l’échelle de l’agroécologie (AE). L’objectif était de comparer et de comprendre les implications de ces deux voies différentes et de vérifier leur cohérence.
Selon un document transmis à la presse, les résultats d’AgroEco2050-Sénégal suggèrent que le scénario AE envisage une voie de « développement des agriculteurs », mettant l’accent sur des pratiques durables, une production diversifiée et une distribution équitable des revenus.
En revanche, le scénario AI dépeint un avenir caractérisé par la mécanisation, les monocultures et la réduction de l’emploi agricole. Les deux scénarios sont confrontés à l’impératif d’intensifier la production tout en répondant aux préoccupations en matière d’emploi, de revenus et d’environnement.
La construction de ces scénarios a permis de mettre en évidence quatre défis principaux pour l’agriculture sénégalaise, défis auxquels les scénarios AI et AE répondent très différemment à savoir intensifier la production pour satisfaire les besoins alimentaires sénégalais ; imaginer et mettre en œuvre une intensification agroécologique plus durable que l’agriculture industrielle et au rendement annuel plus élevé que l’agriculture biologique, notamment dans les zones arides et semi-arides ; fournir de l’emploi et des revenus à une population en âge de travailler qui devrait plus que doubler en 30 ans (augmentation de 7 à 17 millions des 20-64 ans entre 2020 et 2050), et faire face à des migrations de populations qui, à l’intérieur même du Sénégal, devraient être importantes d’ici à 2050.
VivAfrik