Longtemps considérés comme des maladies « masculines », on sait aujourd’hui que les problèmes cardiaques touchent aussi les femmes, et que certaines maladies cardiovasculaires seraient presque essentiellement féminines.

Alors, si on délaisse le champ stéréotypé des émotions et qu’on s’intéresse spécifiquement à la santé, peut-on dire que le cœur des femmes est plus fragile que celui des hommes ?

C’est un stéréotype véhiculé depuis longtemps : le cœur des femmes serait plus « fragile » que celui des hommes. Alors que le cœur est souvent décrit comme le siège des « émotions », ce cliché sous-entend aussi que les femmes seraient plus émotives que les hommes.

Mais au-delà de la symbolique, le cœur est surtout l’organe le plus important de l’organisme, moteur de la circulation sanguine. Mais alors, quelles sont les différences entre les sexes en matière de santé cardiovasculaire ?

Une anatomie qui diffère en fonction du sexe…
D’un point de vue anatomique, il existe des différences entre le cœur des hommes et celui des femmes car en moyenne, les femmes possèdent un cœur plus petit et des artères plus fines que les hommes.

En revanche, hommes et femmes sont à égalité en ce qui concerne la prévalence des maladies cardiovasculaires.

Les maladies cardiovasculaires et leurs complications sont la première cause de décès dans le monde, et étaient la deuxième cause de mortalité en France en 2022, après les cancers, chez les hommes comme chez les femmes.

Depuis une vingtaine d’années, on observe toutefois, particulièrement chez les femmes de moins de 65 ans, une inquiétante progression des taux d’hospitalisation pour le syndrome coronarien aigu, trouble grave dû à une soudaine réduction ou obstruction du flux sanguin vers le cœur, pouvant provoquer une crise cardiaque.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance : une hausse de l’exposition à des facteurs de risque bien connus comme le tabagisme, qui est en augmentation de manière notable chez les femmes de 35 à 64 ans ; l’association tabac et contraception oestroprogestative ; une activité physique en baisse et une sédentarité élevée ; la consommation d’alcool, ou encore l’augmentation de la prévalence de l’obésité et du diabète de type 2.

Le taux d’hospitalisation en augmentation chez les femmes pourrait aussi être dû à une plus grande prise de conscience du risque qu’elles encourent face à des maladies cardiovasculaires longtemps considérées comme masculines.

… mais surtout des symptômes différents
Toutefois, c’est surtout quand on s’intéresse aux symptômes des accidents cardiovasculaires que les différences entre les hommes et les femmes sont les plus visibles.

Reprenons le cas du syndrome coronarien aigu.

Des études mettent en avant, par exemple, le risque supplémentaire pour les femmes de ressentir des douleurs entre les omoplates, d’avoir des nausées ou des vomissements, et un essoufflement. Contrairement aux hommes, elles auraient moins de risque de ressentir des douleurs thoraciques ou de présenter une transpiration.

Dans une revue de la littérature, les auteurs ont d’ailleurs soulevé la question de l’inégalité de catégorisation des symptômes des femmes, présentés dans le cadre du syndrome coronarien aigu comme des symptômes « atypiques » ; tandis que les symptômes masculins sont considérés « typiques ».

Cette symptomatologie considérée comme « atypique » jointe à la plus grande capacité en moyenne des femmes à ignorer la douleur explique en partie le caractère souvent tardif de la consultation et, de ce fait, le retard dans la prise en charge qui peut pénaliser le pronostic.

On peut aussi souligner que les femmes sont plus sensibles que les hommes aux effets secondaires de la  et de la .

Après avoir eu un cancer, notamment du sein, et après avoir pris des traitements , elles ont un risque accru d’accident cardiovasculaire. Ces données soulignent l’importance de mettre en place un parcours de soins incluant un suivi cardiologique des femmes après le traitement d’un cancer.

Un risque cardiovasculaire sous-estimé depuis de nombreuses années

Jusqu’à la fin des années 1980, peu d’essais cliniques d’envergure recrutaient des femmes. Il en a résulté un manque de données pour documenter la relation entre les facteurs de risque connus et le sexe, mais aussi un manque de communication des professionnels de santé sur les risques cardiovasculaires encourus par les femmes.

Le risque cardiovasculaire des femmes est donc sous-estimé depuis de nombreuses années.

Ce manque de données a également eu pour conséquence, comme mentionné plus haut, une moindre réactivité des femmes face aux alertes de leur corps.

Depuis, si des directives ont été lancées pour inclure plus de femmes dans les , la parité n’a pas encore été atteinte.

Une étude publiée en 2020 dans le Journal of American Heart Associationportant sur l’analyse de dix ans d’essais cliniques ne montrait pas beaucoup d’amélioration :  les essais cliniques menés entre 2008 et 2017 ont révélé la participation de 36 % de femmes.

Pourtant, alors que les maladies cardiovasculaires continuent de représenter un fléau de santé publique mondial, il semble plus que jamais essentiel de mieux comprendre les spécificités de ces  chez les femmes, pour améliorer le  et la , ou encore afin d’adapter les traitements à leur physiologie.

futura

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