Il a fallu neuf longs mois pour que la volonté de Macky Sall se matérialise sur un dossier illustratif de ses préoccupations d’ordre sécuritaire, avec en toile de fond la proximité de l’élection présidentielle à laquelle il ne sera pas candidat. En effet, c’est depuis le 6 mars 2023 que le président de la République a signé le décret (2023-459) fixant le profil, le rôle et les missions du haut fonctionnaire de défense au niveau des départements ministériels qui sont tous concernés, à l’exception du ministère des Forces armées.
Ils sont nommés pour trois ans renouvelables une fois. Depuis le 30 novembre, Macky Sall a signé le décret nommant un général, plusieurs officiers supérieurs à la retraite, des secrétaires généraux de ministère et des commissaires divisionnaires de police à la retraite, au total 33 ‘’serviteurs de l’État’’ comme hauts fonctionnaires de défense.
Si cette fonction a refait surface dans l’organigramme gouvernemental, c’est parce que, comme pour la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite dissoute, il y a cinq mois) en 2013, les conseillers du chef de l’État ont remis au goût du jour un appendice de la loi sur la défense nationale datant de… 1970. ‘’La loi 70-23 du 6 juin 1970, portant organisation générale de la défense nationale, prévoit la désignation d’un haut fonctionnaire de défense (HFD) au sein des ministères pour la mise en œuvre des dispositions relatives à la défense et à la sécurité en ce qui concerne les mesures de sauvegarde applicables au niveau du département ministériel auquel il est rattaché’’.
Le palais considère que ‘’le contexte sécuritaire national, régional et global exige un effort interne de prévention, de préparation et de planification’’.
Ceci ‘’d’autant plus que ces tâches importantes ne pourraient être réalisées sans l’adoption de mesures pratiques à chaque échelon, coordonnées et systématisées au niveau central’’. Prévention, préparation et planification. Apporter ce triptyque au sein des ministères participe d’une démarche globale voulant anticiper les éventuelles crises et consolider l’action gouvernementale.
Et les profils des nommés confirment cette préoccupation.
Le général de brigade aérienne, Ousmane Kane, est ainsi nommé aux Affaires étrangères, alors que le magistrat Alioune Ndiaye, secrétaire général du ministère de la Justice, est désigné pour ledit département. Le décret pris par Macky Sall va tirer de leur retraite plusieurs officiers supérieurs réputés, provenant des trois armées (terre, air, mer) et deux anciens fins limiers de la police, les commissaires divisionnaires Abou Diop (ministère de l’Eau et de l’Assainissement) et Amadou Camara (ministère de l’Intérieur).
À signaler qu’un officier en activité, le médecin-colonel Mawdo Malick Diop, actuel patron du Service national d’hygiène, a été nommé au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Globalement, la part belle est revenue à un ‘’bataillon’’ de colonels à la retraite : El Hadj Momath Seynabou Thiam (Finances et Budget), Bécaye Coulibaly (Agriculture), Saliou Faye (Économie, Plan et Coopération), Cerif El Oualide Mbodje (Éducation nationale), Babacar Ndiaye (Femme et Famille), Ousseynou Kombo (Mines et Géologie), Ousmane Traoré (Pétrole et Énergies), Babacar Sadikh Diou (Transports aériens), Magatte Bâ (Environnement), Yoro Thiam (Pêche), Ada Koundoul (Communication, Télécoms), Henri Diouf (Jeunesse), Emile Ntab (Microfinance), Oumar Baïla Kane (Sports), Mama Ndiaye (Culture), Oumar Diouf (Urbanisme), Mayé Konaté (Développement communautaire)…
Des profils triés sur le volet
Selon le décret présidentiel 2023-2300, ‘’le haut fonctionnaire de défense’’ a le rang et les prérogatives d’un conseiller technique au niveau des départements ministériels. Il bénéficie d’une indemnité mensuelle de 500 000 F CFA.
Selon le texte qui organise cette innovation, le haut fonctionnaire de défense (HFD) engagé devra être un fonctionnaire civil de la hiérarchie A ou militaire (colonel avec trois ans de grade minimum, en activité ou à la retraite) ; avoir, au minimum, 15 années révolues d’expérience professionnelle.
Il doit aussi avoir occupé pendant au moins trois années un poste stratégique dans le domaine de la défense et de la sécurité ou avoir occupé de hautes fonctions de direction, de supervision ou de conseil dans l’administration publique ; avoir les prédispositions nécessaires pour tenir cet emploi.
À côté des anciens officiers de l’armée, de la gendarmerie et des sapeurs-pompiers, plusieurs hauts fonctionnaires ‘’civils’’ ont été promus.
Ainsi, Aubin Sagna, secrétaire général du ministère des Infrastructures et des Transports terrestres, a été nommé haut fonctionnaire de défense dans le même ministère. Idem pour ses collègues administrateurs civils, Mme Mame Sané Ndiaye, Secrétaire générale du ministère des Collectivités territoriales, et Mouhamed Lamine Diop (Fonction publique).
La liste est complétée par Diène Ndiaye, le directeur de cabinet du ministre du Tourisme nommé au même ministère, Ousmane Mbaye, secrétaire général du ministère de l’Élevage, Abdoulaye Guèye, secrétaire général du ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions…
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