Sosie, double ou encore doppelgänger… Il existe sur Terre une personne qui vous ressemble trait pour trait. Selon une étude récente, les couples de sosie partagent bien plus qu’un physique. Leur ressemblance est aussi génétique !

Avez-vous déjà fait cette rencontre troublante ? Un inconnu dans la rue qui vous ressemble trait pour trait, votre sosie. Notre apparence physique est à la fois dictée par la génétique et notre environnement. Il y a tant de possibilités que, parfois, deux personnes qui n’ont aucun lien de parenté se ressemblent comme deux gouttes d’eau. C’est justement ce qui a intéressé des scientifiques espagnols affiliés à plusieurs instituts de recherche de Barcelone. À quel point deux sosies se ressemblent non pas physiquement mais génétiquement ? Les résultats de cette étude intrigante sont parus dans Cell Reports.

Sosie physique, sosie génétique
Trouver une paire de sosie n’est pas une mince affaire, mais les chercheurs espagnols ont pu compter sur le travail d’un photographe canadien, François Brunelle, qui a consacré sa carrière à l’étude des ressemblances entre les êtres humains. Depuis 1999, il collecte les photos de personnes qui ne se connaissent pas — et qui n’ont pas de liens de parenté — mais qui ont le même visage. Parmi cette galerie de sosies, 32 couples ont accepté de participer à cette étude scientifique. Leur photo, prise en noir et blanc par François Brunelle, a été analysée par trois logiciels de reconnaissance faciale différents. À côté de cela, ils ont répondu à un questionnaire sur leur habitude de vie et fournit des échantillons de salive pour les analyses génétiques.

Les trois logiciels ont comparé 27 caractéristiques physiques du visage des membres de chaque couple : emplacement des sourcils, écartement des yeux ou hauteur de la lèvre supérieure par exemple. La moitié des couples a été reconnue comme très ressemblante par les trois logiciels ; ce sont sur ces 16 couples de sosie que les analyses génétiques ont été réalisées.

Les sosies partagent aussi certaines habitudes de vie bien qu’ils ne se connaissent pas, ce qui suggère que, d’une certaine façon, la génétique influence aussi notre comportement.

Ces dernières ont livré des résultats fascinants : 9 couples de sosie ont été qualifiés d’« ultra-sosies » par les scientifiques car ils partageaient une ressemblance génotypique troublante, en plus de leur ressemblance phénotypique (apparence physique). En effet, chez ces ultra-sosies, environ 19.000 nucléotides, localisés dans 3.700 gènes différents sont partagés entre les deux personnes d’un coup.

Pour aller plus loin dans la comparaison des sosies, les scientifiques ont aussi comparé des facteurs qui ne concernent pas les gènes, l’épigénétique et le microbiote. Les motifs de méthylation de l’ADN — l’une des modifications épigénétiques possibles — ne sont présentes que pour une paire de sosie. En revanche, les ultra-sosies partagent plusieurs similitudes épigénétiques. La même tendance est observée pour le microbiote. Chose étonnante, les sosies partagent aussi certaines habitudes de vie bien qu’ils ne se connaissent pas, ce qui suggère que, d’une certaine façon, la génétique influence aussi notre comportement.

Cette étude souffre de plusieurs limitations, le nombre de sosies analysé est modeste et donc l’interprétation des résultats est à prendre avec des pincettes. Les couples de sosie ont également été formés à partir de photos en deux dimensions en noir et blanc, ce qui masque des caractéristiques physiques, comme des variations de la couleur de peau. Enfin, les participants sont majoritairement d’ascendance européenne et, de ce fait, les résultats ne peuvent pas être interprétés au-delà de ce cadre.

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