L’intégration des considérations environnementales dans les finances publiques du Sénégal découle d’une analyse de ses vulnérabilités climatiques et devrait lui permettre de s’inscrire dans une perspective d’atténuation et d’adaptation des secteurs les plus névralgiques de son économie, a souligné, mardi, à Dakar, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba.
« La vulnérabilité du Sénégal au changement climatique ne fait aucun doute et il urge, dès lors, de développer des mécanismes de mobilisation de ressources nécessaires pour soutenir les stratégies, plans et actions d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique », a-t-il déclaré lors d’un forum sur la mobilisation des financements du climat au Sénégal.
La rencontre organisée en partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI) a enregistré la présence de représentants de la Banque mondiale, de la Banque européenne d’investissement, d’organismes financiers régionaux et du secteur privé national et des représentants de ministères concernés par la problématique des changements climatiques.
« La tenue de ce forum s’inscrit dans un dynamique de créer un espace de rencontres et d’échanges entre le Gouvernement, les partenaires et les acteurs du secteur privé afin de débattre (…) sur les mécanismes de financement innovants des composantes atténuation et adaptation des économies sensibles aux chocs, catastrophes et crises climatiques », a relevé M. Ba.
Le ministre des Finances et du Budget a notamment présenté aux bailleurs et partenaires techniques et financiers du Sénégal le projet de loi de finance initiale de 2024 qui intègre la dimension environnementale et climatique dans le projet appelé « budget vert ».
Evoquant la vulnérabilité du Sénégal aux changements climatiques, Mamadou Moustapha Ba a donné l’exemple de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, des infrastructures et le tourisme qui, selon lui, constituent « les secteurs clés de l’économie sénégalaise et par conséquent fortement touchés par les impacts du changement climatique ».
Partant de ce constat, « l’intégration du climat dans le processus de budgétisation constitue une priorité pour l’Etat du Sénégal », a rappelé le ministre.
Tout projet de plus de 500 millions de FCFA sera soumis à « une analyse environnementale »
Selon lui, le document annexe de la loi des finances de 2024, offre une « double approche », relativement à la politique fiscale et à l’allocation budgétaire sensibles aux changements climatiques.
Devant les bailleurs de fonds dont le directeur général adjoint du Fmi, Bo Li, Mamadou Moustapha Ba a précisé que la politique fiscale du Sénégal va se traduire, dans le cadre budget vert par « des crédits, des déductions et réductions d’impôt pour les entreprises contribuant à la préservation de l’environnement ». Il a aussi parlé de la mise en place de « taxes spécifiques » sur les biens ou matières néfastes à l’environnement.
Le ministre des Finances et du Budget a indiqué que le Sénégal a adopté une mesure selon laquelle » tout projet d’investissement supérieur à 500 millions de FCFA est soumis à une analyse environnementale avant son intégration dans le Programme d’Investissements prioritaires (PIP) ».
Se doter d’un système d’alerte précoce sur l’information climatique
Aussi, dans la phase de mise en œuvre du projet, « un suivi physico-financier infra annuel et annuel est fait afin de ressortir les résultats obtenus par rapport au plan d’atténuation et d’adaptation au changement climatique », a-t-il martelé.
La cheffe de la Division changement climatique de la Direction de l’environnement et des établissements classés, Madeleine Diouf Sarr, a insisté sur la question du financement du climat et la nécessité de s’engager vers « une transition énergétique ».
En cela, elle a plaidé pour l’installation d’un système d’alerte précoce sur « l’information climatique », en « capacitant » davantage les communautés qui s’activent dans les secteurs les plus vulnérables (santé, agriculture, pêche, élevage).
La technicienne au ministère de l’Environnement, du Développement durable et la transition écologique a aussi parlé de l’importance de la recherche qui devrait permettre de réfléchir sur « les typologies de résilience les mieux adaptées aux réalités locales ».
Le directeur général adjoint du fonds monétaire international, Bo Li, s’est félicité de cette volonté de réformes des politiques publiques entamée par les autorités sénégalaises.
Il a réitéré l’engagement du FMI à soutenir les besoins de financements du Sénégal à travers le Fonds fiduciaire du Bouclier mondial, pour le renforcement du volet »adaptation/résilience » au changement climatique.
APS