Invité de l’émission RFM matin, ce mardi 27 septembre, le nouveau ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, porte-parole du Gouvernement, est revenu sur la réunion présidentielle sur la lutte contre la cherté de la vie, tenue la veille au Palais, et a dégagé des perspectives.
Capacité d’écoute du Président Macky Sall
Abdou Karim Fofana a mis l’accent sur la capacité d’écoute du Président de la République qui, durant six tours d’horloge, a écouté les acteurs à savoir les associations de consommateurs, les importateurs, les producteurs, les industriels, les détaillants, les organisations patronales et professionnelles de certaines filières, les autorités portuaires.
«Comme l’a dit le Président de la République, a-t-il rappelé, les efforts du gouvernement pour alléger le coût de la vie notamment depuis le début du conflit russo-ukrainien sont chiffrés à 627 milliards. Le budget du Sénégal est de 5500 milliards. Donc 12% du budget national ont été utilisés aux fins d’aider les ménages (…) On peut prendre l’exemple du représentant des meuniers à la réunion, Joseph Diab, qui a déclaré que sur chaque baguette de pain consommée par un Sénégalais, depuis l’entrée en vigueur de ces mesures, l’Etat met 150 francs CFA. Sans cette subvention la baguette aurait coûté 300 francs CFA ».
Tout en évoquant les subventions sur le riz et d’autres produits, les renonciations d’impôts et de taxes à hauteur de 157 milliards FCFA, le ministre a aussi rappelé la nécessité d’identifier les problèmes car au-delà des denrées de première nécessité, les enjeux du loyer, ceux exposés par les usagers de banque, ceux de la régulation des écoles privées, ceux des télécommunications, entres autres, sont de la première importance.
Mesures issues de la réunion présidentielle
M. Fofana est revenu sur les 11 mesures d’urgence et les 4 mesures structurelles prises à la suite de la rencontre du 26 septembre auxquelles viendront s’ajouter les décisions issues des concertations qui débutent avec les acteurs pour une durée de trois semaines.
Questionné par le journaliste Babacar Fall sur l’autosuffisance en riz, le ministre du Commerce répond : « les caractéristiques du riz prisé par les Sénégalais sont un peu différentes de celles du riz que nous produisons bien que celui-ci soit de meilleure qualité. C’est pourquoi notre riz local est plus consommé dans les pays de la sous-région que chez nous. Quand on parle d’autosuffisance, le plus important est de tendre vers cela comme nous nous y attelons en passant de 400.000 tonnes de riz produites en 2012 à 1,2 millions de tonnes aujourd’hui ».
Mission de contrôle et de lutte contre la spéculation
Abdou Karim Fofana a aussi relevé que les importateurs de certaines denrées comme le sucre, le riz, l’huile, les producteurs de ciment indiquent, eux-mêmes, que les efforts de l’Etat ont permis de baisser, de maintenir les prix d’avant la crise ou de maîtriser les hausses par rapport à ce que vivent les consommateurs d’autres pays.
Quant à la dotation du ministère du Commerce en moyens humains et logistiques, 1000 jeunes vont être recrutés et un important lot de véhicules affectés pour aider les agents assermentés à être efficaces dans leur mission de contrôle et de lutte contre la spéculation.
Abdou Karim Fofana précise que les mesures ne peuvent pas seulement être lues sous le prisme des chiffres car « le Président a aussi parlé de la mise en place d’un numéro vert, d’une plateforme, d’une collaboration avec les associations de consommateurs qui permettront aux citoyens de suivre et d’alerter ».
La question du loyer
Sur la lancinante question du loyer, le ministre a reconnu des failles dans la loi de 2014, malgré les 11.000 plaintes reçues et traitées par les services du commerce, et indiqué des pistes de prise de nouvelles dispositions.
« Cette loi, a-t-il avancé, doit être accompagnée d’un organe doté d’antennes de proximité et de moyens pour mener des études de terrain. Cet organe permettrait d’écouter les complaintes des citoyens, de leur rappeler les dispositions de la loi, de mener des conciliations. Il faut aussi revoir le mode de calcul de la surface corrigée et l’activité des agences immobilières en revenant sur la pratique consistant, pour entrer en location, à déposer un mois de frais d’agence, un ou deux mois de caution et un mois de location payée à l’avance ».
Vocation de l’Etat à soutenir les plus faibles
Abdou Karim Fofana rappelle que les subventions de l’Etat ont pour vocation première de venir en aide aux plus faibles. Ainsi, prenant l’exemple de l’huile, il indique que l’Etat ne subventionne pas l’huile de soja qui est consommée par des gens aux revenus plus conséquents que la moyenne mais plutôt l’huile de palme. Sur la transformation de l’arachide produite au Sénégal en huile, il apporte une précision de taille : « il faut 3,5 kg d’arachides à 300 FCFA le kg pour un litre d’huile sans compter les coûts de transformation. L’huile d’arachide revient ainsi plus chère que l’huile de palme. Si on vendait le kg d’arachide moitié moins chère, cette huile pourrait revenir moins chère mais ça signifierait d’appauvrir les paysans producteurs d’arachide. Pour l’avenir, le Président a demandé aux importateurs d’huile de palme de se lancer, avec le soutien de l’Etat, dans la culture de palme au Sénégal afin de substituer à leurs importations la production et la transformation sur place».
Maîtrise des prix de l’électricité et des combustibles
Sur l’électricité, le gaz, le diesel, l’ancien ministre chargé du Suivi du PSE a déclaré que l’Etat est dans une stratégie de maintien des prix et non de baisse et donné l’exemple de pays producteurs de pétrole qui connaissent des hausses alors que ce n’est pas le cas au Sénégal sauf pour l’essence qui est consommée par les hauts revenus.
Être le ministre des consommateurs et des entreprises
En conclusion, Abdou Karim Fofana a déclaré au micro de Babacar Fall être « le ministre des consommateurs mais aussi celui des entreprises ; le ministre qui doit trouver le bon équilibre entre la lutte contre la vie chère, l’amélioration du pouvoir d’achat et la compétitivité des entreprises locales ». « Notre objectif, dit-il, est de baisser les prix conformément aux instructions du Président de la République et sous l’autorité de son Premier Ministre, mais en tenant compte de la survie de nos entreprises ».
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