Alors que les familles des 14 morts recensés après les violentes manifestations de mars 2021 attendent toujours que justice leur soit rendue, celles des trois jeunes tués lors de la journée du 17 juin dernier devront encore patienter.
Mais, pour l’Ong britannique pour la défense et la promotion de la liberté d’expression et de la liberté d’information dans le monde entier, Article19, la lumière doit être faite dans ces affaires pour que justice puisse être rendue et les coupables condamnés.
À travers un communiqué publié hier et parcourue par Les Échos, l’Ong britannique invite les autorités sénégalaises à ouvrir une enquête suite aux «meurtres de manifestants».
Aussi, elle rappelle les Principes de base des Nations-Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu qui exigent que l’autorité ne puisse recourir à la force et aux armes à feu que si les autres moyens restent inefficaces.
Article19 condamne fermement «la répression meurtrière des forces de sécurité lors des manifestations au Sénégal du 17 juin 2022, causant la mort de quatre manifestants, plusieurs blessés et l’arrestation d’opposants politiques».
Ainsi, l’Ongbritannique exhorte «les autorités sénégalaises à garantir les libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression et d’opinion, à libérer les opposants politiques arrêtés, à enquêter et à traduire en justice les responsables du meurtre des manifestants».
D’après Article 19,«les autorités doivent comprendre que la liberté de manifester est un droit constitutionnel qui n’est soumis à aucune autorisation mais à une simple notification au ministère de l’Intérieur. Article19 condamne l’usage injustifié de la force létale lors d’une manifestation», a déclaré Jeanne Irène Nguidjoi, chargée de programme senior à Article19 Afrique de l’Ouest.
Ainsi, Article19 rappelle que les autorités sénégalaises doivent protéger le droit de manifester pacifiquement, tel que consacré par l’article 8 de la constitution, et veiller à ce que les forces de sécurité ne recourent pas inutilement à la force lors des manifestations.
«Elles ont l’obligation d’assurer la sécurité des manifestants, comme l’exigent les normes internationales. En fait, les Principes de base des Nations-Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois stipulent explicitement que «les responsables de l’application des lois, dans l’exercice de leurs fonctions, doivent, dans la mesure du possible, appliquer des moyens non violents avant de recourir à l’utilisation de la force et des armes à feu. Ils ne peuvent recourir à la force et aux armes à feu que si les autres moyens restent inefficaces ou sans aucune promesse d’atteindre le résultat escompté», assure Article19.
Selon l’Ong, les Directives pour le maintien de l’ordre des rassemblements par les responsables de l’application des lois en Afrique prévoient en outre que les responsables de l’application des lois doivent être soumis à des mécanismes de responsabilisation, et le non-respect par les responsables de l’application des lois des lois et réglementations régissant les rassemblements doit être traité comme une infraction.
«En particulier, le recours à une force arbitraire et excessive et à la torture ou à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants devrait être traité comme une infraction pénale en vertu du droit national. En outre, les procédures disciplinaires et pénales applicables aux responsables de l’application des lois doivent respecter le principe d’équité procédurale», note l »Ong.
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