Au Sénégal, les journalistes ne sont pas en sécurité. C’est ce qui est ressorti du rapport publié hier par Reporters sans frontières (Rsf) sur la liberté de la presse dans le monde. Si le Sénégal a fait un bond de 10 places dans le classement mondial sur la liberté de la presse, il est loin d’être un bon élève sur la question de la sécurité des journalistes.

D’après le rapport de Rsf, il a dégringolé de 13 places cette année. Une chute qui s’explique en partie par les événements qui ont émaillé la vie politique du pays ces dernières années.

Le Sénégal n’a pas à se glorifier de son rang.

Son classement mondial pour la liberté de la presse dans le monde n’est qu’un trompe-l’œil. Selon le rapport de Reporters sans frontières (Rsf) 2024, rendu public hier à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il a connu une hausse de positionnement sur le classement de 10 points.

Classé à la 104e position en 2023, il occupe la 94e position en 2024. Mais, cette hausse est compromise par son faible score en matière de sécurité des médias et des journalistes, qui a chuté de 13 points.

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«En termes d’analyse, nous avons tenu à expliquer dans le classement, une sorte de hausse en trompe-l’œil qui confirme que la question sécuritaire des médias et des journalistes est toujours importante. On a vu dans le monitoring que nous avons fait et les analyses que nous avons également reçues de nos répondants, que le score sécuritaire donné au Sénégal est un score très faible, si bien que le pays a chuté de 13 places.

Il peut être assez paradoxal d’avoir une hausse au niveau de la position et de voir une baisse au niveau du score.

Mais, c’est cela qu’il faut retenir. C’est le plus important en termes de plaidoyer et de Constitution également. C’est une dynamique importante pour la promotion de la liberté de la presse. Nous l’appelons une hausse en trompe-l’œil, comme c’est le cas de la Guinée», a expliqué Sadibou Marong, responsable du réseau Afrique subsaharienne de Rsf.

D’après lui, «les questions véritables, comme celle de la sécurité des journalistes, sont toujours importantes dans le pays». En attestent les événements politiques que le pays a connus et pendant lesquels les journalistes, laissés à eux-mêmes, n’ont pas bénéficié d’un environnement favorable pour exercer leur métier.

Descente aux enfers
«En 2023, il y a eu près d’une douzaine de cas sur lesquels nous avons travaillé et nous avons montré qu’il y a également des attaques contre des journalistes et des reporters, y compris des femmes. On a vu des suspensions de médias pour un mois. On a vu également des journalistes et des groupes de presse, comme Walf, qui étaient particulièrement ciblés.

On a vu les coupures d’internet qui ont empêché des journalistes de pouvoir faire du direct quand ils le voulaient.

Tout cela a impacté leur travail», a listé Sadibou Marong, selon qui le Sénégal doit redevenir ce fleuron de la liberté de la presse qu’il a été. «C’est un pays qui, ces dix dernières années, a fondamentalement chuté. Et c’est grave pour un pays qui, en Afrique de l’Ouest, a vacillé entre la 36 et la 46e position.

Mais depuis quelques années, on a vu aussi que c’est une sorte de descente aux enfers. Cela ne fait pas la promotion de la liberté de la presse», a-t-il déploré.

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S’adressant aux nouvelles autorités sénégalaises, l’ancien chef du Desk économie du quotidien Le Soleil les invite à «considérer le nouveau classement du Sénégal comme une sorte de Wake-up call pour les médias, la corporation des journalistes d’une manière générale, et au-delà la liberté de la presse».

Au regard des spectacles ahurissants de reporters tabassés par des Forces de sécurité, des soutiens d’hommes politiques qui les ont pris à partie, des menaces qui ont émergé l’année dernière, Reporters sans frontières pense qu’il faut dépasser cela.

Et pour ce faire, cette organisation, qui œuvre pour la protection et le bien-être des journalistes, a fait des recommandations.

«Les autorités doivent mettre en place un dispositif de sécurité pour les journalistes. C’est important qu’à chaque fois qu’il y a des journalistes qui sont attaqués ou menacés, qu’il y ait la possibilité de mettre en branle ce dispositif. Ensuite, il y a la question de l’économie des médias.

Dans notre monitoring, on se rend compte souvent que les pays qui avancent le plus sont des pays où les médias sont dans un environnement économique assez favorable. (…)», a-t-il dit, sans oublier la loi sur l’accès à l’information.

Pour lui, cette loi doit être d’intérêt public pour qu’elle puisse permettre à tous les citoyens, y compris les journalistes, d’accéder à des informations d’intérêt public.

lequotidien

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